Titre original : Utsukushisa to kanashimi to
Année de publication : 1965
Prix Nobel de Littérature en 1968.
Commencée en 1961 avec une publication en feuilleton, publiée en février 1965, ce sera la dernière œuvre de Kawabata publiée de son vivant. Il sera traduit et publié en France en 1981.
Oki, écrivain vieillissant, décide d’aller à Kyoto écouter sonner les cloches des monastères annonçant le passage d’une année à l’autre. Sur place, il appelle Otoko, artiste peintre âgée à présent d’une quarantaine d’année. Il ne l’a pas revue depuis plus de vingt ans. A l’époque, Fumiko, son épouse, venait d’avoir son premier enfant, Taichirô, et cet homme alors âgé de trente ans avait abandonné cette jeune maîtresse de seize ans à son triste sort, après qu’elle ait perdu son bébé et tenté de se suicider, l’aimant toujours éperdument. Il a immortalisé cet amour passionné dans son roman le plus connu, Une jeune fille de seize ans. Mais cette nuit-là, Oki ne soufflera mot de ce passé à Otoko, qui ne restera jamais seule avec lui, semblant inséparable de Keiko, sa jeune élève d’une beauté époustouflante. Un jour, cette dernière se déplace jusque chez lui lui apporter ses toiles et rencontre son fils. A son retour, elle avoue à Otoko qu’elle souhaite la venger…
Quel ravissement que ce dernier roman de Kawabata, dont la subtilité laisse une impression de perfection, une fois sa lecture achevée ! Il exprime en notes toutes plus délicates les unes que les autres les thèmes de l’amour, de la beauté et de la jalousie : amour hétérosexuel, amour lesbien, amour maternel constituent les trois faces de cette relation quasi-triangulaire. Par le passé, les liens naissants d’une jeune famille y étaient plus puissants qu’une passion irrationnelle, dont ont souffert en silence la jeune épouse ainsi que la mère d’Otoko. Dans le présent, ils seront mis à mal par la jalousie diabolique de cette autre jeune fille passionnée, qui veut venger sa bien-aimée. Au fil de cette intrigue sont distillées sans cesse de très belles descriptions, tant de paysages que de blasons du corps féminin ou de scènes érotiques, ainsi que de profondes réflexions sur ces deux arts que sont la peinture et l’écriture. Toute critique est vaine devant ce petit bijou de raffinement.

J'ai adoré
Un coup de cœur semblable au magnifique Fusil de chasse de Inoué Yasushi. Décidément, ces Japonais….
190 pages – 5 €.
Tags: amour, artiste, écrivain, érotisme, homosexualité, jalousie, relation mère-enfant, Yasunari Kawabata
J’aime beaucoup le sujet et m’empresse de noter ce livre qui, à te lire, ta chamboulée !
Effectivement. Le prochain de lui sera certainement « Pays de neige » qui me semble très connu.
ah, kawabata, c’est le charme poétique de la littérature japonaise dans ce qu’elle a de plus sensible, de plus subtile… c’est un de mes écrivais préférés, merci de nous faire partager cette lecture
Merci ! Pourriez-vous alors m’indiquer quel autre titre pourrait me séduire ?
Je te conseille également Les belles endormies, variations sur Eros et Thanatos…
Je l’ai lu il y a bien longtemps. A l’époque j’avais été quelque peu déçue.
Du même auteur, je pense que « Pays de neige » et « Nuée d’oiseaux blancs » devraient te séduire