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Un océan d’amour de Lupano & Panaccione

01.02
2017
cop. Delcourt Mirages

cop. Delcourt Mirages

 

Il fait nuit noir quand il chausse sa paire de lunettes et descend prendre le solide petit-déjeuner que sa femme lui a déjà cuisiné. Il descend ensuite au port prendre le large, comme à l’ordinaire. Sauf que ce jour-là, il ne rentrera pas. Sa femme alors, grande matrone bretonne, décide de partir à sa recherche…

Un océan d’amour, c’est d’abord 224 planches muettes qui mettent en scène les aventures burlesques de la journée pas comme les autres d’un couple de bretons : lui est un marin petit et chétif, elle est une pure bretonne, une vraie matronne, avec tout le folklore qui va avec. Les épisodes alternent entre lui, confronté au gigantisme des navires et aux éléments naturels, et elle à d’autres sphères sociales et politiques, et dont le folklore traditionnel va lui ouvrir toutes les portes, jusqu’à couvrir la une des journaux. Et puis et puis… comment ne pas être séduit par les dessins de Grégory Panaccione, qui épousent avec un mélange de douceur, de tendresse, d’humour et de lucidité ce scénario tout en rondeurs d’un des meilleurs scénaristes actuels, Wilfrid Lupano (Les vieux fourneaux, Le Singe de Hartlepool, Communardes?

Un vrai coup de coeur, tellement chouette que cela donne envie de l’offrir !

Les vieux fourneaux de Lupano et Cauuet

12.10
2016
cop. Dargaud

cop. Dargaud

Série en cours 

Chronique des trois premiers tomes

Pierrot déloge Mimile de sa maison de retraite pour débarquer un peu tard aux obsèques de Lucette, l’épouse d’Antoine, leur vieil ami d’enfance. Le lendemain, de retour d’une visite chez le notaire, Antoine prend son fusil et part en voiture sans un mot. Très vite, ils apprennent que leur ami est parti en Toscane pour y abattre Garan Servier, qui coule ses dernières années là-bas, après avoir été le propriétaire de l’importante usine pharmaceutique de la région, et avec qui il a pu en découdre, dans la lutte syndicale. Enceinte jusqu’aux yeux, Sophie, la petite-fille d’Antoine et Lucette, revenue reprendre le théâtre de marionnettes de sa grand-mère, les y conduit dans la petite camionnette rouge du théâtre…

La vieillesse ne leur a pas volé leur énergie, à ces trois compères, forts en caractères ! Pierrot surtout ne recule devant rien, avec son groupuscule anarchiste de vieux aveugles « Ni yeux ni maîtres » qui perturbe à Paris les meetings et réunions de droite. Et les réparties de la petite-fille, Sophie, sont tout aussi explosives que celles de ces trois énergumènes. Le scénariste nous promène un peu, avec ses histoires de legs, de trésors et de gros sous, qui finalement ne pèsent pas lourd par rapport à la manière de vivre et de voir la société de ces quatre personnages hauts en couleurs, de sensibilité anarchiste. En soi, rien de particulièrement original dans les rebondissements et les révélations, mais quel fou rire avec certains épisodes comme ce mouton qui se croit dans Chicken run, ce vieil abstinent au meeting de Copé, ou encore ces 36 sortes de baguettes qui métamorphosent Sophie.

De quoi passer un bon moment !

Communardes ! Les éléphants rouges

23.03
2016
cop. Vents d'ouest

cop. Vents d’ouest

 

Scénario : Wilfrid Lupano

Dessin et couleurs : Lucy Mazel

Septembre 2015

10 octobre 1870 : Paris est assiégée par l’armée prussienne. La création d’un bataillon d’amazones, payées 1 franc 50 comme les hommes, ne fait pas l’unanimité parmi les femmes, les unes prétextant la garde de leurs enfants, les autres l’égalité des sexes et la défense de la capitale. Victorine est chargée par sa mère d’aller au ravitaillement, qui s’est engagée sur le front et dans les clubs féministes. Mais à onze ans, elle préfère s’occuper des éléphants Castor et Pollux, au jardin des plantes, et prend la tête d’un groupe d’enfants en leur exposant son plan pour écraser les ennemis à l’aide des pachydermes…

Second volet dessiné avec beaucoup de talent par Lucy Mazel de la trilogie Communardes !, série imaginée par Wilfrid Lupano (cf ma chronique du premier volet), cette histoire, fictive cette fois, permet d’imaginer le quotidien des femmes et des enfants anonymes sous la Commune, rêvant à de lendemains meilleurs. Dommage toutefois que, contrairement au premier volet biographique, elle soit davantage sortie de l’imaginaire de l’auteur que de l’Histoire de la Commune, encore trop méconnue. Divertissant et instructif au demeurant.

Communardes ! L’aristocrate fantôme

24.02
2016

 

cop. Vents d'ouest

cop. Vents d’ouest

 

Scénario : Wilfrid Lupano

Dessin et couleurs : Anthony Jean

Septembre 2015

1871, Londres. Karl Marx s’est laissé approcher par une jeune aristocrate russe, Elisabeth Dmitrieff, qui épouse ses idées, et l’a envoyée à Paris pour le tenir informé de ce qui s’y passe et de qui sont les Communards. Effectivement, sur place, son charme, son intelligence et sa ruse en font rapidement une redoutable révolutionnaire, et qui plus est la présidente de l’Union des femmes, premier mouvement officiel féministe d’Europe.

Premier volet dessiné par Anthony Jean de la trilogie Communardes !, série imaginée par Wilfrid Lupano, cette première histoire nous fait découvrir une femme d’exception, Elisabeh Dmitrieff, venue du froid de la Russie, une aristocrate qui plus est. Le dessin est précis, impeccable, l’histoire prenante…. Vite, le second !

 

Le singe de Hartlepool

13.03
2013

Le mercredi, c’est bande dessinée !

 

cop. Delcourt

cop. Delcourt

Scénario de Wilfrid Lupano

Dessin et couleur de Jérémie Moreau

Pendant les guerres de l’époque napoléonienne, un navire français fait naufrage lors d’une tempête au large de Hartlepool. A l’aube, les habitants retrouvent un survivant, portant l’uniforme français, qu’ils essaient de faire parler avant de le traduire en justice sur la plage, pour mieux le pendre. Or ces habitants n’ont aucune idée de ce à quoi peut ressembler un Français, encore moins un singe ramené des traites négrières, devenu la mascotte du bateau. Car en effet c’est bel et bien un singe qu’ils ont pendu haut et court…

S’inspirant d’une légende qui a forgé la réputation des habitants de cette ville côtière, Wilfrid Lupano démontre ici avec beaucoup d’humour, à travers cette rivalité historique entre Britanniques et Français, à quel point l’ignorance et la peur de l’autre génèrent xénophobie et racisme. Pour ce faire, il imagine avec Jérémie Moreau une palette de personnages hauts en couleurs, proches d’une ambiance à la Dickens, aux dialogues drôles et étonnants, rivalisant de bêtise et de cruauté, qui se haïssent d’un pays à l’autre, comme d’une ville à l’autre, et ce dès le plus jeune âge. Pour adoucir ce tableau, seuls trois « étrangers » à la ville, un père, son fils, et un mousse rescapé, ainsi qu’une orpheline, font preuve d’intelligence et d’humanité. Car il faut bien admettre que cette histoire fait froid dans le dos ! Heureusement, un dénouement surprenant clôt intelligemment cette fable drôle et cruelle très réussie.