Mots-clefs ‘Tardi’

L’histoire d’un monde truqué de Tardi & Legrand

11.11
2015

cop. Casterman

Dans une France des années 30 qui ne connaitrait encore ni le pétrole ni l’électricité, ses savants disparaissant mystérieusement, une jeune fille, Avril, part à la recherche de ses parents, scientifiques, lesquels s’apprêtaient à faire une découverte majeure quand un assaut de policiers les en a empêchés.

Après avoir retracé l’histoire de sa rencontre avec Tardi et de leur travail en équipe, Benjamin Legrand nous rappelle ce qu’est une uchronie à la mode Steampunk, avant de nous exposer toutes les recherches inédites de personnages, de décors, et le début du story-board imaginés par Tardi pour leur premier long-métrage d’animation.

Tardi, Legrand

L’histoire d’un monde truqué

Casterman, 2015 (Univers d’auteurs)

134 p. : ill. en coul.

EAN13 9782203099906 : 25 €

Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB

02.01
2013

cop. Casterman/Tardi

René Tardi, à vingt ans, s’engage dans l’armée quand la seconde guerre mondiale devient imminente. Pilote de char, il est très vite capturé par les Allemands. Loin du fantasme de La grande évasion et de la convention de Genève, à quelques centaines de kilomètres du cauchemar d’une extermination systématique, le quotidien de ces prisonniers de guerre durant ces cinq années se résume à deux obsessions : manger et souffrir le moins possible…

Dans ce premier tome se déroulant pendant la seconde guerre mondiale, s’inspirant des souvenirs que son père a retranscrit à sa demande dans trois cahiers d’écolier, Jacques Tardi relate la débâche fulgurante des soldats français devant l’envahisseur allemand mieux préparé, puis le sort méconnu des simples prisonniers de guerre dans les Stalags. On reconnait sans peine son coup de crayon en dégradé de noir et de gris, rehaussé dans les deux premières pages, par un rouge sanglant apposé par sa fille, Rachel, tandis qu’il plante des décors réalistes, minutieusement reproduits d’après les recherches documentaires de son fils. Il a eu l’idée originale de se représenter enfant en culotte courte, un rien insolent, aux côtés de son père, mettant son grain de sel dans ce qu’il raconte, reproduisant ainsi fidèlement le type d’échanges qu’il pouvait avoir avec lui de son vivant. Un album très personnel, et  d’autant plus instructif qu’il m’interroge sur ces années de captivité que mon grand-père a toujours passées sous silence.

cop. Casterman/Tardi

TARDI, Jacques. - Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB : tome 1. – Casterman, 2012. – 188 p. : 24x32x3 cm. - (Univers d’auteurs). - EAN13 9782203048980 : 25 €.

Le Der des ders de Tardi et Didier Daeninckx

07.03
2012

cop. Magnard Casterman

Ancien Poilu de la Grande Guerre, toujours hanté par le même cauchemar, Eugène Varlot s’est reconverti en détective privé auprès des veuves et des familles éplorées, pour retrouver la trace de leurs disparus. Irène, avant de lui demander de l’engager comme secrétaire à ses côtés, ne s’était pas gênée pour l’accuser d’être un profiteur de toute cette boue remuée d’après-guerre. Engagé officiellement pour une histoire d’adultère par le colonel Fantin, habitant Aulnay sous Bois, Varlot découvre que cette affaire de chantage dissimule en réalité un scandale militaire et financier…

Sur une toile de fond d’après-guerre, Tardi nous emmène découvrir les destins détruits de gueules cassées ou en reconstruction de célibataires, dans un décor d’un Paris 1920 inspiré des photographies d’Eugène Atget de la fin du 19e siècle. Cette affaire de mariage d’intérêt et de gros sous amène aussi notre détective à découvrir des pans cachés de l’Histoire par l’Armée française, comme la mutinerie des Russes de La Courtine, ayant coûté la vie à d’innombrables soldats, ou à des secrets honteux de gradés récompensés pour leur bravoure. Varlot va aussi faire la taupe, à ses risques et périls, chez les anarchistes, qui, ici comme à l’époque, sont perçus comme des groupuscules engagés extrêmement violents, rapides de la gâchette et poseurs de bombe.

On reconnaît bien là la patte de Didier Daeninckx dans ce scénario sans concession, déterrant le linge sale des gradés et n’ayant pas peur des dénouements de la vie réelle, se révélant être trop rarement des « happy end ».

 

 

 

Varlot soldat * de Daeninckx & Tardi (1999)

09.03
2011

Copyright Tardi

27 avril 1917. Ce matin-là, Varlot a vingt ans, mais ce sont « des vies qu’on soufflait à la place des bougies« , car il est au front, en pleine boucherie. A un moment donné, alors qu’il s’est réfugié avec trois de ses camarades dans un trou d’obus, il est obligé de tirer dans la tête de l’un d’eux, Griffon, le boute-en-train de l’escouade, pour masquer son suicide, et garde sur lui la lettre que ce dernier a laissée pour sa jeune épouse Amélie. Peine perdue : aussitôt un obus de 105 tue ses autres camarades sauf lui, qui, blessé, est transporté dans une église reconvertie en hôpital. Là, ils sont plusieurs à entamer une chanson contre les gradés et la guerre, ce qui vaut à Varlot d’être dénoncé par un médecin comme meneur d’insurrection, et envoyé droit au peloton d’exécution. Alors que trois jeunes soldats, avant lui, ayant refusé de monter à l’assaut, sont fusillés, un obus tombe, et seul Varlot en sort, une fois de plus, indemne. Perdu, il finit par se retrouver à Mons, décide alors d’aller remettre la lettre à la femme de Griffon et atterrit dans un bordel pour allemands, en trouvant l’adresse de la maison qui figure sur l’enveloppe. Il confie alors la lettre sans le savoir à Amélie elle-même et repart au front…

Deux grandes vignettes noires et blanches par page mettent en exergue le sombre spectacle que donne à voir la première guerre mondiale : éclatement des corps sous les grenades, amputations, champs de ruines, morts, suicides, peloton d’exécution,… au front, claquement de bottes des patrouilles allemandes dans le silence et bordels à l’arrière.

Textes comme dessins dénoncent la guerre comme une véritable boucherie, où les hommes ne sont plus que de la chair à canon ou à obus, fusillés au moindre cri d’injustice ou au moindre acte de désobéissance. Des deux côtés il n’y a d’autre issue qu’une mort presque certaine.

Macabre, horrible à juste titre.

Varlot soldat / Daeninckx ; [adapt. et dessins de] Tardi. – Paris (16 rue de la Pierre-Levée, 75011) : l’Association, 1999. – Non paginé [36] p. : ill., couv. ill. ; 29 cm. – (& ; 20).