Titre original : OEttanbang (Corée, 1999)
Cette autobiographie poignante révèle le quotidien cruel des Coréens du sud, encore sous le joug de la dictature, brimés par les patrons, amaigris par les privations, et aussitôt sévèrement punis à la moindre révolte, qu’elle soit syndicale ou civile. De belles lignes décrivent également la relation que la narratrice noue avec l’écriture, et surtout, la souffrance de revenir enfin sur cette période traumatisante débouchant sur un drame. Une écriture simple mais affirmée, singulière, procédant souvent par reprise anaphorique de l’âge (s’agit-il d’une coutume ?) :
« Je trouve enfin mon style. Des phrases simples. Très simples. Le présent pour décrire le passé et le passé pour décrire l’immédiat. Comme si on prenait des photos. De façon nette. De façon à ce que la chambre solitaire ne se referme pas. Un style qui dit la solitude de mon frère aîné qui avançait ce jour-là vers le portail du Centre en fixant le sol. » (p. 35)