Chaque soir, au moment de coucher ses enfants, la mère place les meubles devant la fenêtre de la chambre, à Toronto. Nina et sa soeur partent quinze jours avec leur mère en Yougoslavie rendre visite à leurs grands-parents. Leur père, Peter Bunjevac, serbe exilé, a accepté à une condition : que le petit frère âgé de sept ans reste à ses côtés. Ils ne se reverront plus : le militantisme de son mari au Canada pour l’indépendance de la Serbie et contre le régime de Tito lui ont fait craindre le pire pour ses enfants et l’ont amenée à vouloir les protéger, au prix de se séparer de son fils et de son époux. La grand-mère communiste l’incite à rester ferme aux supplications de son nationaliste de gendre. Peter mourra deux ans plus tard dans l’explosion d’une bombe artisanale.
Incroyable graphisme que celui proposé par cette dessinatrice : avec une patience infinie et beaucoup de soin, elle donne ombre et clarté, volume et surface à ses décors et personnages en noir et blanc, dont elle dessine précisément les contours avant de les remplir de trames. Dès le premier regard, le dessin hyperréaliste donne le ton et l’ambiance de cette autobiographie marquée par le sceau de l’Histoire à travers cet insoutenable « choix de Sophie » d’une mère contrainte de se séparer d’un fils pour garder ses deux autres filles sauves. Une bande dessinée qui joue tour à tour sur le registre de l’autobiographie et du documentaire historique. Un destin tragique mis magistralement en images.
Le site de l’auteure
Dessin : Bunjevac Nina
Traduit de l’ang. (Canada) par Ludivine Bouton-Kelly
148 p. : n.b. ; 22×29 cm
EAN13 9782369120087 : 24 €