Trois hommes, parmi lesquels Ulysse Mérou un journaliste, finissent un voyage spatial vers une lointaine planète d’un autre système solaire. Avant d’atterrir, ils ont eu le temps d’apercevoir des villes et des routes comme sur la Terre. Mais, arrivés dans la jungle, ils s’attendaient à tout sauf à découvrir une superbe créature, certes, mais néanmoins une femme comme celles qu’ils viennent de quitter… Comme elles ? Non, ils découvrent très vite qu’elle et le reste de sa tribu d’humains sont peu évolués, craignent rires, langage et artefact, et cherchent désespérément une lueur d’intelligence dans leurs yeux. Mais sur cette planète, l’intelligence existe. Ils l’apprendront bientôt à leurs dépens, chassés et traqués comme des bêtes, tués ou emprisonnés pour servir de cobayes à des expériences, par des… singes !
L’esprit du roman se retrouve dans le premier film du même nom (version de 1968 réalisée par Franklin J. Schaffner). Ce que le film n’a pu faire, c’est bien sûr ouvrir et fermer cette histoire par deux singes lisant cette histoire. L’histoire du roman est plus intelligente car pour mieux mettre en évidence le renversement de situation, les singes ont atteint le même degré de civilisation que nous, dont on saura plus tard que ce n’est que par imitation… a contrario les hommes sont chassés et servent de cobayes à des expériences que l’on jugerait horribles. Autre différence : le héros peut toujours parler, seulement il ne parle pas la même langue que ce peuple d’une autre planète. Mais cette différence s’explique dans le film puisque là il s’agit en fait de la Terre. L’homme se fait une place dans cette société malgré tout. Mais il découvre là aussi que les hommes ont créé une civilisation avant celle des singes dont ceux-ci se sont emparé par imitation. Ulysse, avec sa femme et son fils, ne sait donc plus où aller. De retour sur Terre, il découvre avec horreur qu’il s’est passé la même chose. Le défaut du livre qu’a corrigé le film, c’est cette similitude tout à fait extraordinaire entre les deux planètes, accompagnée d’une cause à conséquence assez difficile à avaler, puisque les hommes auraient été trop lâches devant le soulèvement des singes et se seraient réfugiés dans la nature.
Une excellente dystopie néanmoins qui a ouvert de nombreuses voies à la science-fiction philosophique.
BOULLE, Pierre. – La planète des singes. – Paris : Pocket, 1990. – 189 p.. – (n° 1867). – ISBN 2-266-11828-5.