Depuis que l’essaoul a chassé de sa cour un sorcier le jour des noces de son fils, les légendes qui courent autour de ce dernier angoissent l’une des invitées, dame Catherine, berçant son nourrisson, que son époux, Danilo Bouroulbach, tente en vain de rassurer. Bientôt des rêves étranges la tourmentent. Installé à proximité du château de cet homme mystérieux, le jeune couple semble effectivement être devenu la cible de la haine du sorcier…
« Au milieu de la pièce un nuage blanc se dessine et quelque chose qui ressemble à de la joie brille alors sur le visage du sorcier. Mais pourquoi le voit-on soudain devenir immobile, et rester là bouche bée, sans oser bouger le petit doigt, et pourquoi ses cheveux se dressent-ils sur sa tête ? Dans le nuage, devant lui, il a vu luire un étrange visage.» (p. 75)
Nous voici en plein coeur de l’Ukraine, au début du XVIIème siècle, une époque pleine de batailles et de duels, où les Cosaques s’entretuent dès que leur orgueil est blessé, et où les femmes quittent l’autorité du père pour se soumettre à celle de leur mari. Dans ce conte, le Mal est absolu, incarné par le sorcier, foncièrement malfaisant. L’atmosphère oppressante d’un psychodrame, l’innocence des victimes, la virilité outrancière des personnages, tout contribue à perturber le lecteur, qui en trouve l’explication dans la fable contée toute à la fin. Poussant au paroxysme ses motifs fantastiques (revenants, rêves, …), cette nouvelle est absolument terrifiante. Une histoire qui a certainement atteint son but puisqu’elle m’a mise profondément mal à l’aise.