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Une terrible vengeance de Nicolas Gogol

17.03
2013
cop. Gallimard

cop. Gallimard

Depuis que l’essaoul a chassé de sa cour un sorcier le jour des noces de son fils, les légendes qui courent autour de ce dernier angoissent l’une des invitées, dame Catherine, berçant son nourrisson, que son époux, Danilo Bouroulbach, tente en vain de rassurer. Bientôt des rêves étranges la tourmentent. Installé à proximité du château de cet homme mystérieux, le jeune couple semble effectivement être devenu la cible de la haine du sorcier…

 

« Au milieu de la pièce un nuage blanc se dessine et quelque chose qui ressemble à de la joie brille alors sur le visage du sorcier. Mais pourquoi le voit-on soudain devenir immobile, et rester là bouche bée, sans oser bouger le petit doigt, et pourquoi ses cheveux se dressent-ils sur sa tête ? Dans le nuage, devant lui, il a vu luire un étrange visage.» (p. 75)

Nous voici en plein coeur de l’Ukraine, au début du XVIIème siècle, une époque pleine de batailles et de duels, où les Cosaques s’entretuent dès que leur orgueil est blessé, et où les femmes quittent l’autorité du père pour se soumettre à celle de leur mari. Dans ce conte, le Mal est absolu, incarné par le sorcier, foncièrement malfaisant. L’atmosphère oppressante d’un psychodrame, l’innocence des victimes, la virilité outrancière des personnages, tout contribue à perturber le lecteur, qui en trouve l’explication dans la fable contée toute à la fin. Poussant au paroxysme ses motifs fantastiques (revenants, rêves, …), cette nouvelle est absolument terrifiante. Une histoire qui a certainement atteint son but puisqu’elle m’a mise profondément mal à l’aise.

 

Le portrait *** de Nicolas Gogol

14.09
2005

Traduit du russe par Elsa Triolet

Jeune peintre se consacrant tout entier à son art, vivant en ascèse, Tchartkov voit sa vie bouleversée lorsqu’il trouve dans le portrait angoissant qu’il vient d’acheter de quoi vivre dans le luxe pendant des années. Il ne rêve soudain plus que de gloire et de notoriété auprès de l’aristocratie… Dans une vente aux enchères, l’extraordinaire vivacité des yeux d’un portrait excite la foule jusqu’à ce que la curiosité de cette dernière ne soit piquée par le récit qu’un jeune inconnu leur conte sur son histoire…

Un même sujet, le portrait, est traité de manière différente par deux nouvelles de Gogol aux limites du fantastique. Le sujet de la première se révélera bien plus intéressant que celui de la seconde, qui semble en constituer plus ou moins l’explication mystique, mais qui a peut-être inspiré quelque cinquante années plus tard Oscar Wilde pour son Portrait de Dorian Gray. Toujours est-il que le premier sujet traite de la condition d’artiste, et par-delà des conditions d’émergence de son génie : devient-on un peintre de génie en menant une vie de moine ? Est-on condamné au contraire à la médiocrité au regard de ses pairs si l’on cède aux sirènes de la gloire et des mondanités ? C’est ce questionnement que jugea intéressant Elsa Triolet, à tel point qu’elle proposa sa propre traduction de ces nouvelles, aussi fidèle que possible à la prose du célèbre écrivain russe.

A LIRE !!!

Lire aussi l’article de L’Humanité.



GOGOL, Nicolas.- Le portrait / trad. du russe par Elsa Triolet, postface de Marie-Thérèse Eychart. – Rambouillet : Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet, 2007. – 125 p.. – ISBN : 978-2-84109-690-9 : 9,50 €.

Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet
42, rue du Stade

78120 Rambouillet

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