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Les gardiens du Louvre de Jirô Taniguchi

02.11
2016
cop. Futuropolis

cop. Futuropolis

 

On découvre avec surprise cette bande dessinée de Jirô Taniguchi au format européen, qui se lit néanmoins à la japonaise, de droite à gauche. C’est le onzième opus de la collaboration entre les éditions Futuropolis et le musée du Louvre.

Jirô Taniguchi revisite ici le syndrome de Stendhal à travers un personnage à forte empreinte autobiographique, qui profite de cinq jours à Paris pour visiter le Louvre. Et ce n’est autre que la Vénus de Samothrace qui le guide dans les méandres du musée pour voir la Joconde le premier jour. Le second, il satisfait alors son désir de voir les peintures de Corot, qu’il admire profondément, et se retrouve dans la forêt à dessins du peintre. Le troisième jour, il part à Auvers-sur-Oise sur les traces de Vincent Van Gogh, qu’il retrouve. Le quatrième, ce sont sur les paysages de Daubigny qu’il s’arrête. Et enfin, le dernier jour est consacré à un hommage à Pierre Schommer qui en 1939 décida de mettre à l’abri les oeuvres d’art avant que des mains nazies ne s’en emparent. Le dernier jour, toujours entre rêve et réalité, il finit par y retrouver sa défunte bien-aimée…

Si ses réflexions sur les trois peintres français et sur leur influence au Japon sont enrichissantes, l’histoire elle-même paraît bien décousue, sans véritable trame, la Vénus étant le mince fil conducteur entre les paysages de peintres, les histoires à peine ébauchées de gardiens du Louvre, le déménagement de 1939 et l’amour perdu du personnage principal. Un scénario trop mince et décevant pour moi, qui me fait dire que Taniguchi n’a pas vraiment réussi à relever le défi, contrairement à ses prédécesseurs, comme Marc-Antoine Mathieu ou Eric Libergé par exemple.

La traversée du Louvre de David Prudhomme

06.03
2013
cop. Futuropolis

cop. Futuropolis

Le mercredi, c’est bande dessinée… 

Vous est-il arrivé d’aller au musée et, de temps à autre, de ne plus seulement regarder les œuvres mais d’observer aussi le comportement des visiteurs ? 

C’est le projet de David Prudhomme dans cette bande dessinée de la collection née du partenariat Futuropolis – Louvre éditions, qui a déjà inspiré entre autres Marc-Antoine Mathieu, et il nous le fait savoir dès le début, dans un échange téléphonique entre le narrateur et son éditeur. Mise en abime de son auteur, cet auteur de bande dessinée compare ainsi le musée à « une BD géante » dans laquelle il déambule, avec sur les murs des « cases« , de « tous les formats, de tous les styles« . Il en envierait presque sa fréquentation énorme : « des lecteurs partout« , « venus du monde entier« .  Il choisit donc « d’observer les gens qui regardent les œuvres. » Ainsi, « Les salles du musée deviennent de grandes histoires en volume« , … « des histoires muettes » sur lesquelles il pose des bulles grâce à ses appels téléphoniques et à ses réflexions.

Sont ici crayonnés des visiteurs saisis de frénésie photographique, contemplatifs, dormeurs, des groupes en visite guidée, les foules amassées devant la Joconde, une file d’attente pour voir un chef d’œuvre, des resquilleurs, qui se contentent de le photographier sans même regarder. Peu à peu les frontières s’estompent entre la réalité et l’imaginaire, entre les tableaux, les sculptures et les visiteurs : un kouros décapite sa petite amie, tandis que peu à peu les œuvres deviennent spectateurs et les spectateurs deviennent des œuvres, dans un rapprochement mimétique et humoristique.

Un reflet sociologique de la fréquentation des musées, sans parole ni jugement, qui fait songer à Sempé. De quoi vous faire sourire, sans aucun doute…

 

Le centre Georges Pompidou : création et rayonnement de Mouna Mekouar

06.01
2012

cop. SCEREN

 

Inauguré le 31 janvier 1977 par Valéry Giscard D’Estaing, trois ans après la mort de Georges Pompidou, la création du centre culturel Beaubourg marquait une nouvelle étape en France vers la démocratisation culturelle, après celle du Ministère des Affaires culturelles en 1959, des maisons de la culture en 1960, et du CNAC en 1967. Ce ne fut pas grâce à Giscard d’Estaing, plutôt contre, prêt à arrêter le projet de son prédécesseur, mais grâce effectivement à Georges Pompidou : ce dernier désirait créer un centre culturel qui fût non seulement un musée d’art moderne, à l’instar du MOMA conçu par Alfred Barr en 1929, mais aussi un centre de création industrielle, où l’on trouverait à la fois les arts plastiques, la musique, avec un centre de musique contemporaine (l’IRCAM), de la danse avec une salle de spectacle où l’on put voir danser Merce Cunningham, le cinéma, avec un Festival international de films ethnographiques et sociologiques – « Cinéma du réel », des manifestations littéraires et poétiques (« La Revue parlée ») et une grande bibliothèque en communion avec les arts, ouverte au public (la BPI). Georges Pompidou souhaitait un lieu d’art contemporain pluridisciplinaire et accessible à tous.

Le succès fut immédiat et ne s’est jamais démenti. C’est en effet la première collection d’art moderne et contemporain en Europe, et une des premières dans le monde. On trouve aussi à ses pieds l’atelier Brancusi : la bâtisse au pied de Beaubourg est une reconstitution de l’atelier Brancusi, sculpteur roumain exilé à Paris en 1904. Mais Beaubourg ne doit pas seulement son succès à la qualité de ses collections permanentes, commençant à partir de 1905 (Matisse, Braque, Picasso).

Il le doit d’abord à son projet architectural conçu par Renzo Piano et Richard Rogers, qui fit longtemps polémique  - le musée ayant été surnommé « Notre-Dame-des-Tuyaux », « raffinerie », « usine à gaz » – avant d’être imité par d’autres musées, à l’instar du centre Guggenheim de Bilbao (Frank Gehry).

Il le doit aussi à son premier directeur, Pontus Hulten, qui eut l’idée de mettre en place des expositions temporaires, comme

Paris-Berlin, Paris-Moscou, Paris-New-York, complétées par de micro-événements interdisciplinaires. Il veilla ainsi à fidéliser ses usagers en proposant constamment de nouvelles mises en lumière de telle ou telle période, de nouvelles mises en relations géographiques, avec un versant scientifique pour les spécialistes, et un versant spectaculaire pour sensibiliser un nouveau public. Un effet Beaubourg parmi tant d’autres fut la création des FRAC en 1982.

Apprécié

Un ouvrage pédagogique intéressant. Toutefois, il me semble qu’il ne faut pas accorder une si grande influence du centre Georges Pompidou sur le projet architectural du Guggenheim de Bilbao : en 1959 ouvrait un autre musée Guggenheim conçu par le grand architecte Frank Lloyd Whright…

Centre national de documentation pédagogique, 2009. – 63 p. : ill. en coul.. – EAN13 9782240027054 : 9,90 €.

Les sous-sols du Révolu ** de Marc-Antoine Mathieu (2006)

03.01
2007

Les Sous-sols du Révolu : Extraits du journal d’un expert / Marc-Antoine Mathieu

Marc-Antoine Mathieu : ce seul nom m’a décidée hier à emporter cette nouvelle BD avec moi. Ce nom ne vous dit rien ? C’est pourtant celui dont toute l’oeuvre figure dans mon palmarès 2006, grâce aux aventures aussi absurdes que fantastiques et intelligentes de son anti-héros Julius Corentin Acquefacques (lire l’anagramme de Kafka). Cette fois,l’anagramme ne porte pas seulement sur le nom du protagoniste mais sur le musée lui-même et les oeuvres qu’aperçoit Eudes le Volumeur. Ce dernier, expert de son état, est chargé de recenser les acquis anciens du Musée dans ses innombrables et sinueux sous-sols. Il y découvre les préoccupations les plus saugrenues, les métiers les plus oubliés et les secrets les mieux gardés, comme celui du sourire de la Joconde, qui nous apprend beaucoup sur le regard dans l’art : qui regarde ? Qu’y voit-on ? La mise en abime du tableau Voleur de musée y est d’ailleurs bluffante. Une vie ne suffit pas à tout inventorier et Eudes le Volumeur, comme ses prédécesseurs, poursuivra alors le rite de passage.

Cette petite BD, qui n’a pas malgré tout l’épaisseur des scénari précédents, s’inspire tout à la fois des labyrinthes borgésiens, des parcours kafkaïens et surtout de l’univers des Cités obscures de Schuiten et Peeters. Elle amène tout en finesse et subtilité le lecteur à s’interroger sur les coulisses historiques d’un musée, voire sur l’art.

MATHIEU, Marc-Antoine. - Les Sous-sols du Révolu : Extraits du journal d’un expert. -  Futuropolis - Musée du Louvre éditions, octobre 2006. - 60 p. : ill. n.b.. – ISBN : 2-75480-050-6 : 16 €.