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Le marin de Gibraltar de Marguerite Duras

10.08
2020

1947. Jacqueline et lui visitent cet été-là Milan, Gênes, Pisé. Alors qu’il veut à tout prix partir à Florence ce jour-là, il se retrouve à côté d’un ouvrier au volant d’une camionnette, qui lui fait ouvrir les yeux sur son métier de bureaucrate et sur sa compagne, lesquels l’ennuient profondément. À Florence il décide de tout quitter et l’annonce à Jacqueline à Rocca, une bourgade en bord de mer, au moment où il aperçoit la riche propriétaire d’un yacht dont tout le monde parle. Il boit plus que de coutume, va au bal avec elle. Il part sur son yacht et, alors qu’elle recherche depuis des années son amant, un bad boy assassin, ils s’aperçoivent qu’ils s’aiment…

On retrouve les thématiques chères à Marguerite Duras : l’amour, l’amour malgré la différence de classe sociale, le voyage, et notamment en Italie, l’ivresse, le désoeuvrement. Si la première partie évoquant la rupture paraît bien longue et s’éterniser dans la torpeur léthargique de l’été, celle de la rencontre avec Anna puis la quête sans plus de vrai but dans la dernière partie semblent finalement filer aussi vite que le cognac et le whisky, qu’ils boivent durant tout le roman. Un roman durassien, tout à fait puissant dans ses non-dits, ses relations amoureuses sans carcan de bienséance, ses invitations au voyage sans but.

Le marin de Gibraltar
De Marguerite Duras
1ère édition Gallimard, 1950

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Un océan d’amour de Lupano & Panaccione

01.02
2017
cop. Delcourt Mirages

cop. Delcourt Mirages

 

Il fait nuit noir quand il chausse sa paire de lunettes et descend prendre le solide petit-déjeuner que sa femme lui a déjà cuisiné. Il descend ensuite au port prendre le large, comme à l’ordinaire. Sauf que ce jour-là, il ne rentrera pas. Sa femme alors, grande matrone bretonne, décide de partir à sa recherche…

Un océan d’amour, c’est d’abord 224 planches muettes qui mettent en scène les aventures burlesques de la journée pas comme les autres d’un couple de bretons : lui est un marin petit et chétif, elle est une pure bretonne, une vraie matronne, avec tout le folklore qui va avec. Les épisodes alternent entre lui, confronté au gigantisme des navires et aux éléments naturels, et elle à d’autres sphères sociales et politiques, et dont le folklore traditionnel va lui ouvrir toutes les portes, jusqu’à couvrir la une des journaux. Et puis et puis… comment ne pas être séduit par les dessins de Grégory Panaccione, qui épousent avec un mélange de douceur, de tendresse, d’humour et de lucidité ce scénario tout en rondeurs d’un des meilleurs scénaristes actuels, Wilfrid Lupano (Les vieux fourneaux, Le Singe de Hartlepool, Communardes?

Un vrai coup de coeur, tellement chouette que cela donne envie de l’offrir !

Les déferlantes de Claudie Gallay (2009)

08.05
2009

La Hague… Les vagues, les déferlantes, se brisent tout près de la Griffue, cette maison qu’habitent au rez-de-chaussée Raphaël, sculpteur, sa soeur Morgane, et à l’étage la narratrice, qui s’est réfugiée sur cette pointe du Contentin pour y observer les oiseaux migrateurs, employée par le Centre ornithologique. Arrive Lambert. La vieille Nana croit reconnaître en lui un certain Michel, et Lili, au comptoir de son bar, semble bien l’avoir connu, elle. Il vient vendre la maison de ses parents, mais il s’attarde, semble chercher quelque chose, une réponse. L’homme commence par intriguer la narratrice, qui interroge les gens du village…

C’est dans ce petit village qu’a échoué la narratrice, anéantie par la mort de l’homme qu’elle aimait. Un village laissant parfois ses vivants à la mer qui cogne contre sa falaise, survolé par ces grands oiseaux qui viennent heurter le phare, l’atmosphère d’un village que nous fait découvrir la narratrice, avec ses secrets bien gardés, ses haines et ses rancunes, dont la mémoire est tout entière conservée par ses vieux, tournés vers le passé. Une vie simple, mais dure, que fait résonner le phrasé âpre et concis de Claudie Gallay. Un très beau roman.

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