
cop. Komikku
Série commencée en juin 2016 et en cours de lecture (8e tome)
Honteux de ne pas réussir aussi bien que son père, Myamoto s’abrutit au travail pour ne pas avoir à rendre visite à ses parents. Un soir, Myamoto, déjà passablement ivre après avoir fêté la fin d’année avec ses collègues, découvre par hasard une bibliothèque pour enfants, « La rose trémière », encore ouverte. Le bibliothécaire, Mikoshiba, qui n’a pas la langue dans sa poche, l’accueille vertement avant de lui demander de l’aider à ranger les livres. Myamoto tombe alors sur le conte La montre musicale de Nankichi Niimi, qui lui rappelle celle de son père qui la lui a donné et dont il ne se sent pas légitime. Etonné de la coïncidence avec sa propre vie, il interroge Mikoshiba, qui lui répond : «Ce n’est pas toi qui choisis les livres mais les livres qui te choisissent.» Dès lors, Myamoto devient un habitué de la bibliothèque…
Au cours de 9 chapitres, plusieurs autres personnages font leur apparition : Mizuho et Itaya, les collègues féminins de Mikoshiba, et des usagers, comme Shôta, fan de jeux vidéo, qui maltraite dans sa classe Noguchi, avant de découvrir le plaisir de la lecture avec L’île au trésor, et de le partager avec Noguchi…. tout comme Myamoto partage le même avis sur Le Prince heureux d’Oscar Wilde, que le bibliothécaire qui a donné le goût de lire au jeune Mikoshiba, et lui a fait trouver sa vocation… Autres personnages : Léo et sa mère possessive et complètement paranoïaque, à qui Mikoshiba fait lire Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède.
Les autres répliques du jeune maître des livres :
« Tu te crois suffisamment adulte pour avoir le droit de considérer comme stupide la lecture de livres pour enfants ? »
« Ce serait faire preuve d’une grande stupidité que de considérer comme débiles des oeuvres que l’on n’a jamais lues ! »
Celles du vieux maître des livres, Monsieur Tokuma, que l’on n’entend plus désormais :
« Ici c’est pas une salle d’étude mais une bibliothèque ! Vous ne lisez donc aucun livre et vous vous permettez de squatter les tables ? C’est pas une école, ici ! Ces sièges et ces tables sont ici pour accueillir ceux qui veulent lire !»
« Voir la joie sur le visage des usagers quand on leur donne le livre qu’ils attendaient, n’a pas de prix !»
«Arriver à donner le plus possible de bons livres aux usagers fréquentant la bibliothèque est vraiment un travail gratifiant.»
Celles des collègues:
«Le fait que des enfants utilisent régulièrement ou non la bibliothèque dépend entièrement de la qualité du bibliothécaire ! »
Et celles des détracteurs :
«Il suffit qu’une bibliothèque soit rangée pour qu’une bibliothèque soit utile ! Même le rangement des livres peut être fait par une personne non compétente. J’ai du mal à comprendre le besoin d’une quelconque expertise. »
A qui il est répondu :
« Le rôle d’un bibliothécaire est de donner envie aux gens de lire… ainsi que de trouver les livres qui pourraient plaire aux gens ! C’est parce qu’il y a des bibliothécaires capables de ça que l’on se rend dans les bibliothèques ! »
« La bibliothèque que tu décris n’en est pas une… C’est une simple boîte contenant des livres, c’est tout ! »
Faut-il vous dire que j’ai adoré ce premier tome de la série, à tel point qu’ayant emprunté les quatre premiers tomes, j’ai décidé de les acheter pour les relire et les garder chez moi ? Et les suivants…
Il est vrai que Le Maitre des livres ne peut que séduire les lecteurs comme moi, que leur plaisir de lecture a dégénéré en passion et généré, pour le coup, très tôt, une vocation professionnelle.
Le Maitre des livres invite à considérer la lecture comme vecteur de transformation d’autrui. Il permet de re-découvrir les classiques de la littérature internationale. Les débats entre les protagonistes permettent de nous donner une belle vision des métiers du livre, qui fait chaud au coeur. On a parfois envie d’afficher ces passages en les agrandissant dans les rayons des bibliothèques ! Contrairement à la plupart des mangas, le dessin et surtout les expressions des personnages restent assez sobres. Si leur transformation s’avère soudaine et radicale, c’est avant tout pour montrer la puissance de la lecture. Par moments, évidemment, le mangaka ne peut s’empêcher d’exploiter la veine « cute » soit avec les enfants, soit avec les demoiselles éprises du héros gentil, dévoué, sensible, intelligent et riche, qui ne s’aperçoit de rien et n’en est que plus attirant. Mais voilà, cela ne retire rien aux belles leçons sur l’amour des livres de cette série très atypique.
Un aperçu de la suite avec le tome 2 : Quand une collègue et une bibliothécaire se disputent Myamoto et qu’on apprend qu’il est le fils d’un riche entrepreneur, et qu’il cherche dans les livres quel adulte il aurait aimé devenir…
Avec l’apparition de la très jolie Kaneko qui caresse le rêve de trouver pour sa fille Risa un père comme le « papa-longues-jambes » de Jean Webster,
et d’Isaki, un jeune libraire, qui vit mal la concurrence avec le bibliothécaire. Mais la réelle ambition d’Isaki serait de devenir auteur de livres d’images :
« C’est parce qu’il y a des bibliothèques comme la vôtre, que le chiffre d’affaire des libraires baisse de jour en jour !! Comme les gens peuvent emprunter gratuitement leurs livres, ils viennent de moins en moins en acheter en librairie ! Les ventes baissant, le nombre de titres publiés est aussi en baisse. Et on ne voit quasiment plus que des best-sellers en boutique ! Bientôt les auteurs n’écriront plus que des livres ayant un potentiel commercial ! »
Or « les bibliothèques sont des clients très importants pour nous autres, libraires. Car eux achètent même les livres qui en temps normal ne se vendent pas bien. » lui objecte le responsable de librairie.
« D’accord, ils nous en achètent un ou deux exemplaires. Mais il y en a des dizaines derrière qui l’empruntent sans acheter ! »
A quoi on lui répond :
« chez nous, la moyenne est d’un livre emprunté toutes les deux semaines par personne. Ce qui fait que pendant les 52 semaines d’une année entière, un même titre est emprunté environ par 26 personnes. »
Ce qui paraît peu au libraire, alors qu’on est vraiment loin du compte dans les CDI, surtout en lycée !!!
Enfin,
« un gamin, ça ne relit jamais un livre qui ne lui plait pas. Par contre, ils relisent un paquet de fois les livres qui leur plaisent. Encore et encore. »
Mais le point essentiel,
« c’est lorsqu’un enfant découvre un livre lui plaisant énormément qu’il découvre en même temps le plaisir de la lecture. Une fois qu’il connaît ce plaisir, sa quantité de lecture augmente naturellement. Car il a ainsi pris l’habitude de lire. Après ça, il commence à ressentir un manque lorsqu’il emprunte. Il ressent le besoin de garder le livre auprès de lui. Quelqu’un qui est devenu un lecteur assidu, va alors tout naturellement commencer à acheter ses livres. Eh oui, le virus de la lecture ne se chope pas sans la lecture. »
« En bref, une bibliothèque est un lieu qui te procure l’envie d’aller acheter tes livres. »
« On apprend à connaître les livres à la bibliothèque… et on les achète à la librairie. »
Ce mois-ci, je viens de terminer le 7e volume : l’effet de surprise des phrases – clés est passé, la romance non entamée et pourtant réciproque entre M. Myamoto et Mizuho prend tranquillement son temps, les personnages divulguent leur passé et leurs interrogations, notamment professionnelles. J’apprécie toujours cette série, et la poursuit….