Mots-clefs ‘Libération : 1939-1945’

Seules à Berlin de Nicolas Juncker

24.03
2020
cop. casterman

cop. casterman

 

20 avril 1945. Ingrid relate dans son journal son séjour dans une cave avec les autres habitants de l’immeuble, dans l’attente de l’arrivée de l’armée russe.

30 avril 1945. Eugeniya, âgée de 19 ans, interprète à l’armée, retrouve avec ses confrères le corps calciné de Goebbels puis celui d’Hitler. L’un de ses supérieurs lui demande de l’aider à le voler pour s’en octroyer la découverte, un autre de veiller sur la femme allemande que s’est approprié un officier, ce qu’Ingrid a trouvé comme seule solution pour cesser d’être violée par la plupart des soldats russes. Toutes deux partagent alors la même chambre, le même lit. Eugeniya laisse Ingrid lire son journal, et espère que celle-ci lui donnera un jour le sien à lire…

De cette promiscuité subie entre deux ennemies va naître un début de compréhension des outrages subis de l’allemande par les russes, voire un début d’amitié. Cette histoire saisissante nous plonge immédiatement dans la chute de Berlin au travers du regard de femmes de camps ennemis, et nous montre leurs conditions de survie et d’existence en temps de guerre. Le dessin, original, parait tantôt presque naïf, efface les bouches, les sourires, tantôt très fin. La couleur illumine les deux seules éclaircies de joie ou d’espoir. Un album très réussi.

 

JUNCKER, Nicolas

Seules à Berlin

Casterman, 2020

197 p. : ill. en coul. ; 29*22 cm.

EAN13 9782203168527 : 25 €

Histoire de l’épuration * de Bénédicte Vergez-Chaignon (2010)

27.12
2010

A une exigence d’épuration, celle du camp de la collaboration, dont l’un des partis se nommera même la Ligue française d’épuration, “qui recouvre à la fois une volonté de renouvellement et un appel au châtiment ou à l’élimination d’ennemis par eux désignés”, répond une autre volonté d’épuration dès 1940, celle du châtiment des traîtres au pays par les Résistants, puis, à la Libération, par la population toute entière. Cette dernière se traduit surtout, pendant la guerre, par des lettres de menace et des attentats, auxquels succéderont des règlements de compte, tels que la mise en oeuvre des tontes et du marquage des femmes, l’internement dans des camps, des sévices, une épuration économique et professionnelle au sein des entreprises et de l’administration, une épuration intellectuelle et artistique aussi, politique, et surtout des vengeances immédiates engendrées par des procès jugés expéditifs, favorisant, en l’absence de preuves tangibles et de dépositions, l’acquittement.

Parmi les intellectuels, attardons-nous sur quelques noms d’écrivains épinglés dans les 172 dossiers ouverts sur les 600 constitués à partir d’octobre 1945 : Paul Morand, qui sera relaxé, et Henri de Montherlant, et d’éditeurs inquiétés : Bernard Grasset, Robert Denoël, pour avoir entre autres publié Céline, et Jacques Bernard, directeur du Mercure de France.

Une somme de travail considérable, même si on aurait aimé davantage d’analyse des faits, a donné lieu à cet historique tout à fait objectif et passionnant, émaillé de faits et d’anecdotes, permis par la large ouverture des archives en 2008.

VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte. – Histoire de l’épuration. – Larousse, 2010. – 608 p. : couv. ill. en coul. ; 22 cm. – (Bibliothèque historique Larousse). – ISBN 978-2-03-583691-5 : 26 €.
Service de presse