Mots-clefs ‘lecture’

Bonne année 2016 !

07.01
2016

UtopieL’an dernier, à défaut de lui trouver une rime, je décidais de baptiser cette année 2015 l’année qui ne rime à rien.

Hélas, effectivement, les événements, tant sur le plan national que sur le plan personnel, devaient donner raison à cet intitulé.

Aussi, cette année, en guise de bonnes résolutions, je souhaiterais mettre en place deux initiatives, une manière de résister à un désespoir grandissant….

L’une sera de vous proposer, dans la rubrique « Carnet de Scénarii » des analyses voire un lien vers des courts et des longs métrages dénonçant des aspects de la société pour mieux changer le monde,

L’autre de commencer une rubrique LUtopie qui construira, sur la base de mes lectures, des propositions pour une société meilleure.

Pour faire en sorte que cette année 2016 soit celle d’une renaissance de l’espoir :

Bonne année 2016 à toutes et à tous !

L’utopie pour se projeter dans l’avenir :
« Et pourtant, il y a pire encore que l’utopie réalisée, c’est l’absence d’utopie, car à ce moment-là il n’y a pas non plus de contre-utopie, donc de débat. »
François Schuiten et Benoît Peeters dans le numéro 387 (mai 2000) du Magazine littéraire consacré à la renaissance de l’utopie.

 

Un jour une citation

27.09
2013

unenfantquilitseraun adultequipense

Une histoire de la lecture d’Alberto Manguel

02.11
2012

cop. Actes sud

Prix Médicis essai 1998

« Je voulais vivre parmi les livres. »

Alberto Manguel

(p. 34)

Voilà une ambition que je partage avec lui depuis mon plus jeune âge, et que j’ai quasiment accomplie dans tous les rouages de la chaîne du livre. Nul doute que cette lecture allait me parler. A la page suivante, d’ailleurs :

« Une fois que j’avais lu un livre, je ne pouvais supporter de m’en séparer. »

(p. 35)

Je déteste aimer un livre que j’ai emprunté : impossible de garder l’exemplaire avec lequel j’ai vécu cette expérience, d’un éditeur, d’un format, d’un papier particuliers, qui m’a procuré ce plaisir (à moins de louvoyer en prétextant l’avoir un peu abimer et en rachetant un exemplaire neuf au prêteur : je ne l’ai fait qu’une fois, et hélas, la prêteuse avait compris le stratagème, ayant le même toc !).

De même, comme Alberto Manguel, j’annote la dernière page de garde du livre au crayon en signalant les pages qui ont produit sur moi le plus d’effet.

Bref, cet essai me parlait ! Que nous dit d’autre Alberto Manguel ?

  • Lire va de paire avec la solitude, solitude imposée, prétexte, porteuse de sens ou refuge, le livre devenant pour le lecteur un monde en soi. Avec le mutisme aussi : « je ne parlais jamais à personne de mes lectures. », nous confie Alberto Manguel, qui découvre enfant avec surprise que quelqu’un à côté de soi ne peut absolument pas savoir ce qu’il lit à un mètre de lui.
  • Lire, c’est aussi choisir, privilégier des lieux de lecture, le lit, tard le soir, constituant le lieu le plus sûr, le mieux protégé.
  • Lire, c’est également accroître son expérience. Jeune lecteur, la rencontre avec d’autres enfants est souvent moins intéressante que les aventures et dialogues de personnages romanesques.
  • Lire, c’est un moyen pour l’âme d’apprendre à se découvrir.
  • Lire peut aussi être subversif, la censure et la dichotomie artificielle entre la lecture et la vie étant entretenues par ceux qui détiennent le pouvoir.

Alberto Manguel brosse aussi un historique du support de la lecture (les tablettes d’argile datant du 4e millénaire avant notre ère), de l’apprentissage de la lecture, de nos rapports à la lecture (à voix haute dès les débuts de l’écrit, y compris dans les bibliothèques, passée à la lecture silencieuse).

Il nous relate cette anecdote de Racine imprimant dans son esprit un vieux roman grec dont les moines de l’abbaye de Port-Royal lui ont brûlé les exemplaires successifs.

Il évoque son expérience de lecteur auprès de Borges, livre l’opinion de Kafka pour qui un texte ne peut être lu que parce qu’il est inachevé, d’où l’absence d’une dernière page au Château pour permettre au lecteur de poursuivre sa lecture du texte à des niveaux multiples. A l’inverse, un roman à l’eau de rose nous livrera une lecture exclusive et étanche. De fait, le nombre de lectures possibles et de réactions envisageables dépasse toujours le nombre de textes qui les ont engendrées. Et de citer la célèbre phrase de Kafka : « un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous.« 

Mais laissons-là les détails, les anecdotes. Voici ce dont parle Alberto Manguel tout au long de cet essai, de la dernière page, des faits de lecture (lire les ombres, lire en silence, le livre de la mémoire, l’apprentissage de la lecture, la première page manquante, lire les images, écouter lire, la forme du livre, lecture privée, métaphores de la lecture), des pouvoirs du lecteur (commencements, ordonnateurs de l’univers, lire l’avenir, le lecteur symbolique, lire en lieu clos, le voleur de livres, l’auteur en lecteur, lectures interdites, le fou de livres) et des pages de fin.

Beaucoup aimé

 

 

Bref une passionnante lecture sur la lecture !

 

 

Littérature : textes théoriques et critiques

05.10
2012

 

cop. Nathan université

 

100 textes d’écrivains et de critiques classés et commentés par Nadine TOURSEL et Jacques VASSEVIERE, agrégés de lettres modernes.

C’est la rentrée pour les étudiants : l’occasion de vous présenter un ouvrage qui m’a été très utile lors de la préparation d’examen en lettres, il y a plus d’une quinzaine d’années.

Clair et concis, Littérature : textes théoriques et critiques classe en effet en huit parties les textes indispensables à la résolution des grandes problématiques qui se posent sur l’oeuvre littéraire :

- Qu’est-ce qu’un oeuvre littéraire ? : spécificité du texte littéraire, les critères de qualité, l’oeuvre et le réel.
- L’expérience de l’écrivain : la création littéraire, l’écriture et ce qui s’y joue, l’homme et l’oeuvre.
- L’oeuvre et ses lecteurs : qu’est-ce que lire ?, l’oeuvre et son public, le destin de l’oeuvre. Qu’est-ce qu’un classique ?
- Structures du récit : modes du récit, temps et espace, le personnage, la description.
- Le roman : le roman en procès, roman et réel : le réalisme en question, roman et récit, roman et personnage.
- La poésie : le langage poétique, la création poétique, lire un poème, fonction de la poésie.
- Le théâtre : la communication théâtrale, la mise en scène, les fonctions du théâtre.
- Fonctions de la littérature : littérature et morale, littérature et politique : la question de l’engagement, littérature et culture.

Une introduction ouvre chacune des parties de ces différentes problématiques, suivie d’une présentation claire et synthétique de trois à cinq textes de théoriciens, d’universitaires ou d’écrivains. De quoi donner une vision d’ensemble des oeuvres indispensables à la compréhension du questionnement posé, et surtout de donner envie de les lire !

Un ouvrage de référence pour les étudiants en lettres.

Le pilon de Paul Desalmand

09.09
2012

cop. Quidam éditeur

« Il me semblait que si le livre restait là, sans même que je l’ouvrisse, il commencerait à parler, d’une voix que je n’ai pas oubliée, que peut-être la nuit, il se mettrait debout, prendrait forme, figure humaine… »

Paul Desalmand ouvre son premier chapitre intitulé « Je me présente » sur cette citation de Nicole Vedrès, et sur l’incipit suivant :

« Un roman doit commencer par une gifle et se terminer par un coup de poing, me dit un frère de papier. Pour un autre, il faut impérativement un cadavre dans le premier chapitre. Tous se méprennent sur mon projet. Je souhaite uniquement raconter ma vie de livre d’une façon linéaire. J’ai donc tout banalement commencé par l’entrepôt à la sortie des presses pour continuer par les librairies et les bibliothèques où j’ai vécu, qui furent le lieu de longues discussions entre compagnons de rayonnage. Je m’y étais même fait un ami. Plus que tout, mes lecteurs, puisque je ne vivais que par eux. »  (p.13)

Vie et mort d’un livre : voici, vous l’aurez compris, l’étrange récit autobiographique d’un livre, qui ne dit jamais son titre. Après avoir décliné son identité physique - « né le 17 juin 1983, à 16 h 37, sorti des presses de La Manutention à Mayenne. Format : 16,5 com x 12,5 cm. Poids : 230 grammes. Nombre de pages : 224 (…) -, le héros de l’histoire connait l’angoisse d’être dévoré par les souris ou renvoyé au pilon à défaut d’acheteur, avant de nous faire partager ses multiples rencontres et anecdotes avec des libraires et lecteurs, mais aussi avec d’autres livres, prétextes à de multiples citations d’auteurs…

Quelle bonne idée de raconter le parcours d’un livre en le choisissant comme narrateur ! Cette « autobiographie » devient ainsi le prétexte à un tour d’horizon des différentes pratiques de libraires (les passionnés, les purs commerçants, les bouquinistes, les marchands de ventes aux enchères…), des bibliothèques et surtout des lecteurs, quasiment tous bien réels : l’occasion de saluer les « vrais » bons passeurs de livres, et de faire découvrir les multiples rouages du circuit du livre comme les positions les plus originales de lectures. Avec beaucoup d’humour, l’auteur fait vivre ainsi à son narrateur de multiples rebondissements rocambolesques, lui accordant une vie au final singulièrement bien remplie pour un seul exemplaire.

Un bijou de jovialité, idéal à offrir à tous les passionnés de livres.

 

DESALMAND, Paul. – Le Pilon / préf. de Patrick Cauvin. – Meudon : Quidam éditeur, 2011. – 161 p. ; 18 cm. – EAN13 978291501877 : 8 €.

Si par une nuit d’hiver un voyageur d’Italo Calvino

05.08
2012

cop. Seuil

« Tu vas commencer le nouveau roman d’Italo Calvino, Si par une nuit d’hiver un voyageur. Détends-toi. Concentre-toi. Ecarte de toi toute autre pensée. Laisse le monde qui t’entoure s’estomper dans le vague. » (incipit, p. 7)

C’est ainsi qu’on entame le récit de cet étrange roman de ce membre de l’Oulipo. Difficile d’en proposer un résumé sans en réduire l’effet de surprise. Voilà : tout commence quand tu décides d’acheter Si par une nuit d’hiver un voyageur parmi tous les livres qui te font de l’oeil dans la librairie où tu rentres, et qui, pour une raison ou une autre, te donnent envie de les lire ou pas. C’est pourtant lui et lui seul que tu as décidé de choisir et tu commences alors son histoire :

« Si par une nuit d’hiver un voyageur

Le roman commence dans une gare de chemin de fer, une locomotive souffle, un sifflement de piston couvre l’ouverture du chapitre, un nuage de fumée cache en partie le premier alinéa. Dans l’odeur de gare passe une bouffée d’odeur de buffet. Quelqu’un regarde à travers les vitres embuées, ouvre la porte vitrée du bar, tout est brumeux à l’intérieur, comme vu à travers des yeux de myope ou que des escarbilles ont irrités. Ce sont les pages du livre qui sont embuées, comme les vitres d’un vieux train ; c’est sur les phrases que se pose le nuage de fumée. » (p. 15)

et puis… tu t’aperçois qu’il y a eu un défaut de fabrication car tu te retrouves à relire les mêmes pages. C’est alors qu’en le rapportant en librairie pour l’échanger, tu y rencontres une jeune lectrice célibataire…

Coïncidence qui ne manque pas de sel : il est devenu difficile de nos jours de se procurer ce classique qui n’est plus édité en France : on ne le trouve plus désormais qu’en bibliothèque ou chez les bouquinistes. Ce qui est à peine croyable.

Ce roman est l’un des rares, après le « vous » employé par Michel Butor dans La Modification, à utiliser la deuxième personne du singulier pour interpeller directement le lecteur. Or, ici, il fait bien plus qu’interpeller le lecteur puisque c’est précisément le lecteur qui est le protagoniste de l’histoire et qui va être mis en scène.

L’autre particularité du roman, c’est surtout de ne présenter à la lecture aucune histoire complète : mieux, il propose, dans la trame principale dérapant vers le kafkaïen, dix incipit, dix débuts de récit, et n’en achève aucun, les laissant en plein suspens et le lecteur sur sa faim.

A vrai dire ce roman ne correspondait du coup pas du tout à ce que je m’attendais à lire : je savais effectivement que le lecteur en était le personnage principal, mais j’ignorais qu’il s’agissait d’un lecteur vivant de multiples péripéties et non LE « vrai » lecteur, ni que ce roman allait se décliner en autant d’histoires inachevées. L’intérêt du roman réside donc surtout dans l’inventivité de ses différents incipits, et dans la démonstration de l’interaction entre l’auteur et le lecteur mise en abime. Ce qui est on ne peut plus jouissif.

Un ovni littéraire, à lire absolument.

 

Titre original italien : Se una notte d’inverno un viaggiatore

Paru à Turin en 1979 aux éditions Einaudi, et en France en 1981 aux Éditions du Seuil.

 


Le dernier brame de Jean-Claude Servais

07.12
2011

cop Dupuis

Lors d’un salon du livre, au début des années 80, Claudine, la larme à l’oeil, serrant son livre préféré Monsieur Blanche entre ses bras, le fait dédicacer par son auteur, le célèbre Bernard Chalenton. Ce dernier, lui faisant un numéro de charme, lui suggère de se mettre à écrire, proposition qu’elle décline aussitôt, préférant placer tous ses espoirs dans sa future fille. Bernard Chalenton glisse donc l’allusion dans sa dédicace, ainsi que sa carte de visite… Vingt ans plus tard, Colette, qui a grandi dans une famille d’adoption, lie connaissance avec sa mère, vivant en hôpital psychiatrique, au moyen de ce fameux roman qui l’a hantée toute sa vie. Mais le seul moyen de la toucher vraiment, c’est de se mettre à écrire pour elle un roman…

En général, un festival de la BD invite à rencontrer des auteurs qu’on apprécie pour se faire dédicacer nos achats, mais aussi à en découvrir d’autres. Ne connaissant Servais que de nom sans jamais l’avoir lu, j’ai donc saisi l’occasion de sa présence au salon pour faire l’acquisition de sa toute dernière bande dessinée…

Nonobstant les dessins somme toute plutôt bien faits (même si la mère me semble avoir un corps bien trop parfait pour son âge), le scénario est consternant de banalités, comme ce parallèle entre la sexualité du cerf et celle de l’écrivain, et bourré de clichés. Mieux vaut ne pas s’étendre sur le sujet en poursuivant une critique blessante et en venir au fait : c’était assez mauvais.

SERVAIS, Jean-Claude. – Le dernier brame. – Dupuis, 2011. – (Aire libre).