Cécile, mère célibataire, regarde un message vidéo laissé par son fils Benoît, parti faire le Djihad en Syrie auprès de ses « frères » de l’État Islamique. Elle tente de comprendre pourquoi lui, qui n’était même pas croyant, a pu se radicaliser à ce point, et espère, lors de leur prochain appel, pouvoir le récupérer.
La pertinence du récit commence par la polysémie de son titre, l’appel, celui qu’attend cette mère de son fils, celui avec qui tout commence, celui enfin avec qui tout se termine avec la radicalisation de sa foi en une autre cause. Le seul petit bémol que l’on pourrait faire à cette bande dessinée, c’est que le recours aux réseaux sociaux et aux témoignages contraignent les auteurs à favoriser le texte par rapport à l’image. Laurent Galandon ne tombe en effet dans aucun des pièges : de bout en bout, son histoire ne verse dans aucun cliché ni aucun préjugé, ni par le choix de son protagoniste (blanc et athée), ni par les raisons de sa radicalisation (forts sentiments d’amitié et d’injustice), ni par son issue. Il soulève justement les bonnes questions, à savoir les inégalités sociales et la violence des rapports entre les jeunes et la police. Néanmoins le choix du noir et blanc, parfois sépia, renforce la sobriété et la pudeur du propos : pas d’esclandre ici, pas de violence montrée, tout est (presque) suggéré.
Une excellente BD sur ce triste sujet d’actualité qui tourne déjà dans tous les C.D.I. de lycées de France, et qui constitue un excellent point de départ pour entamer un débat avec les adolescents.