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Les femmes de mon père de José Eduardo Agualusa

03.04
2009

cop. Carnets de SeL

« - Avec combien de vérités fabrique-t-on un mensonge ?
La lumière très pure, filtrée d’abord par un grillage très fin fixé à la fenêtre, puis par la moustiquaire entourant le lit, se glissait en un torrent dubitatif qui communiquait son propre doute à la réalité. » (p. 15)

A la mort de son père, Faustino Manso, célèbre compositeur angolais, Laurentina, la plus jeune de ses dix-huit enfants conçus avec sept femmes différentes, décide avec son jeune neveu Bartolomeu Falcato d’entamer un documentaire sur sa vie, un road movie, qui démarre à partir de Luanda, capitale de l’Angola, et traverse ensuite toutes les villes où celui-ci a vécu, en Namibie, en Afrique du sud,…
Sous la forme d’un journal, d’un carnet de voyage, de fragments d’interviews, de rêves, José Eduardo Agualusa évoque le continent africain, ses règles sociales et les maladies qui le gangrènent, mais il écrit surtout un roman sur les liens qui se tissent entre parents et enfants, qu’ils soient de même sang ou non, sur la maternité, sur le désir et enfin sur la condition de la femme.
AGUALUSA, José Eduardo. – Les femmes de mon père / trad. du portugais par Geneviève Leibrich. – Métailié, 2009. – 325 p.. – (Bibliothèque portugaise). – ISBN 978-2-86424-678-7 : 20 €.

La guerre des anges * de José Eduardo Agualusa (2007)

08.05
2007

Titre original : O ano em que Zumbi tomou o Rio (2002)

Traduit du portuguais (Angola) par Geneviève Leibrich (2007)

La révolte gronde dans les favelas, sur les morros à Rio. Se voyant soudain refuser l’argent sale habituellement donné pour la soudoyer, la police s’est vengé en programmant une expédition punitive, mitraillant une procession religieuse et tuant ces anges noirs qu’étaient les enfants vêtus de blanc. Euclides, journaliste angolais, nain, noir et homosexuel, cherche des réponses à cette société inégalitaire, héritière d’un passé d’esclavage et de discrimination raciale. Il côtoie tour à tour Francisco, un ancien colonel angolais, reconverti en trafiquant d’armes, tourmenté par le souvenir de Florzinha, la fille du gouverneur, et pourchassé par Monte, son tortionnaire, Jararaca, le chef charismatique de l’émeute, dont s’est épris l’artiste Anastacia, et Jacaré, et un rappeur drogué, qui risque de mettre en péril la belle révolution qui se prépare…

Pas d’histoire romancée ici, mais comme des flashes, le portrait de personnages forts qui pourraient être autant de rouages d’une guerre civile à Rio. L’auteur imagine ainsi comment les brésiliens noirs pourraient se tirer du joug de leur esclavage économique et social, émaillant son récit incisif de vers de poètes angolais ou portuguais, et de chants brésiliens. Et c’est un véritable cri de révolte que José Eduardo Agualusa pousse à travers son troisième roman, contre l’intolérance (nain, noir, homosexuel, Euclides en est une triple illustration), contre un racisme historiquement ancré dans les mentalités par le colonialisme, les blancs détenant toujours pouvoir et richesses, les noirs n’ayant d’autres possibilités que de les servir, de les divertir (prostitution, sport professionnel, danse…) ou de devenir trafiquants de drogue.
Un roman politique, brutal, qui nous donne une image forte de l’identité créole du Brésil, tiraillée par sa faim d’égalité sociale.

AGUALUSA, José Eduardo. - La guerre des anges. – Métailié, 2007. – 279 p.. – ISBN : 978-2-86424-601-5 : 20 €.
Service de presse

Le marchand de passés de José Eduardo Agualusa

06.02
2006

cop. Métailié

 

Félix Ventura, vieil albinos angolais, exerce le curieux métier de vendre à ses clients, nouveaux riches et hommes influents, un arbre généalogique des plus glorieux. Un jour, un photographe à l’accent étranger lui demande aussi de lui inventer un passé, mais cette fois le plus discret possible. Mais l’homme, ce service rendu, part sur les traces de ses aïeux fictifs, se métamorphose en ce qu’il est censé être, en perd son accent, jusqu’au jour où son véritable passé le rattrape…

Une perle que ce roman angolais traitant de la (dé-)construction de son passé, de la mémoire familiale, de ses ancêtres : y transparaît toujours une satire féroce des soubresauts politiques, à laquelle nous avaient habitué la plupart des littératures subsahariennes ; mais ici, l’irrationnel se mêle habilement au monde réel : l’animisme est symbolisé par la figure du gecko qui n’est autre que le « je » narrateur, et avec lequel dialoguent, sous sa forme humaine, les deux hommes pendant leurs rêves.

AGUALUSA, José Eduardo. – Le Marchand de passés / trad. du portugais (Angola) par Cécile Lombard. – Métailié, 2006. – 131 p.. – ISBN : 2-86424-5617-1 : 15 €.