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Etranges rivages d’Arnaldur Indridason

03.02
2013

cop. Carnets de Sel / Métailié

 

Titre original : Furoustrandir
Traduit de l’islandais par Eric Boury


Sortie en librairie le 7 février 2013


« L’histoire de Matthildur s’éteindra en même temps que les vieux comme moi, avait dit Boas », un chasseur de renard, à Erlendur, venu s’installer dans la vieille maison de son enfance, dans les fjords de l’Est de l’Islande, abandonnée depuis lors. Hanté par le souvenir de son frère disparu à l’âge de huit ans, dont il s’est toujours reproché la mort probable, le commissaire Erlendur se lance dans l’enquête de la disparition de cette jeune femme en pleine tempête, il y a cinquante ans, restée elle aussi sans réponse…

 

On commence à drôlement bien s’habituer à lire, chaque début d’année, son petit polar venu du froid. Cette fois-ci, Arnaldur Indridason nous emmène dans les magnifiques paysages désertiques des fjords de l’Est de l’Islande, leurs brouillard et tempêtes de neige. En se penchant sur le cas d’une autre affaire de disparition, il permet au commissaire Erlendur de trouver des éléments de réponse à ses propres interrogations. Cette nouvelle histoire policière d’Arnaldur Indridason s’avère particulièrement poignante, vous l’aurez deviné, avec un Erlendur tourmenté par la disparition de son petit frère, dont il jalousait la possession d’une voiturette, laquelle réapparait chez l’un des vieillards qu’il interroge sur une seconde affaire, qui se révèle dissimuler une tragique histoire d’amour… à glacer le sang. Un polar extrêmement émouvant.

Eskifjördur

 

Vous pouvez lire un extrait ici et le portrait d’Arnaldur Indridason dans Libé.

Ses autres polars chroniqués dans Carnets de SeL :

La Rivière noire
Hypothermie
Hiver arctique
L’Homme du lac
La Femme en vert
La Voix
La Cité des Jarres
Bettý

INDRIDASON, Arnaldur. – Etranges rivages / trad. de l’islandais par Eric Boury. – Métailié, 2013. – 298 p. ; 22 cm. – (Métailié noir). – EAN13 978-2-86424-901-6 : 19,50 €.

 

 

Hypothermie d’Arnaldur Indridason

04.02
2010

 

Copyright Editions Métailié

Karen vient de retrouver pendue dans son chalet d’été, sur les bords du lac du Thingvellir, sa meilleure amie, Maria. Alors que la thèse du suicide ne semble faire aucun doute, Karen, qui n’est pas de cet avis, confie une cassette au commissaire Erlendur, celle enregistrée au cours d’un entretien de la défunte avec un médium, pour pouvoir prendre contact avec sa mère décédée il y a deux ans. Après son écoute, ce dernier, intrigué, mène sa petite enquête à l’insu de tous, de même qu’il reprend deux affaires de disparition restées inexpliquées depuis plusieurs décennies, comme celle de son propre frère. Parallèlement d’ailleurs, sa vie passée le rattrape en la personne de son ex-épouse, Halldora, que sa fille oblige à revoir.

 

« Le vieil homme l’attendait dans le hall. Autrefois, il passait au commissariat accompagné de sa femme, mais cette dernière étant décédée, c’était désormais seul qu’il rencontrait Erlendur. Le couple venait régulièrement le voir à son bureau depuis bientôt trente ans, d’abord chaque semaine, puis une fois par mois, ensuite la fréquence de leurs visites s’était espacée à quelques fois par an, à une fois par an et, pour finir, à une fois tous les deux ou trois ans, le jour de l’anniversaire de leur fils. Depuis tout ce temps, Erlendur avait appris à bien les connaître, eux et cette douleur qui les poussait à venir le voir. » (p. 43)

 

Dans ce sixième roman traduit en français de notre désormais célèbre auteur de polars venus du froid, les affaires se croisent et font écho de manière bien plus évidente à la vie privée de notre cher commissaire Erlendur. Les couples se déchirent, se séparent ou s’entretuent, de jeunes gens disparaissent mystérieusement, sans laisser aucune trace durant des décennies, des visions de défunts hantent ceux qui leur survivent… il n’en fallait pas moins pour que notre commissaire, divorcé, et n’ayant jamais pu faire le deuil de son frère, ne prenne à coeur ces trois affaires que d’autres auraient eu tôt fait de classer. Certes, on devine assez vite, à son obstination, que lumière va être faite sur ces disparitionset sur les causes de ce suicide, qui peut être suspecté. De même, ces histoires de fantômes, d’expériences interdites, de médiums, de lumière au bout du tunnel, peuvent laisser dubitatifs, encore que ces croyances soient répandues en Islande. Mais, comme toujours, Arnaldur Indridason réussit à nous captiver et revient à son thème de prédilection : pouvoir faire le deuil d’un être cher.

 

INDRIDASON, Arnaldur. – Hypothermie /trad. de l’islandais par Eric Boury. – Métailié, 2010. – 294 p. : couv. ill. en coul.. – (Noir. Bibliothèque nordique. – ISBN 978-2-86424-723-4 : 19 €.
Service de presse

 

Hiver arctique d’Arnaldur Indridason (2009)

08.02
2009

copyright éditions Métailié

Titre original : Vetrarborgin (Islande, 2005)

 

Baignant dans son sang, les cheveux collés au givre, un petit garçon de dix ans, d’origine thaïlandaise, est retrouvé assassiné au bas de son immeuble. Aussitôt le commissaire Erlendur et ses deux collègues vont enquêter dans son école, théâtre de rivalités nourries par la xénophobie aussi bien de la part d’élèves que de quelques professeurs.

« L’image du corps d’Elias allongé sur le terrain de l’immeuble lui vint à l’esprit, entraînant immédiatement celle, ancienne, d’un autre petit garçon qui, des années plus tôt, avait péri dans une tempête déchaînée. C’était son frère, âgé de huit ans. Ce ne fut qu’alors, au moment où il se trouva plongé dans la tranquillité nocturne de sa salle à manger, seul avec lui-même qu’il comprit combien la découverte du petit garçon au pied de l’immeuble l’avait ébranlé. » (p. 95)

On ne présente plus cet auteur islandais qui rafle des prix pour chacun de ses polars venus du froid, et que chaque année maintenant on attend avec impatience, tout excité, certain d’être emporté par une nouvelle intrigue captivante. Après

La Cité des jarres * (2005)

La Femme en vert ** (2006)

La Voix ** (2007)

L’Homme du lac *** (2008)

voici, parallèlement à la vie privée du commissaire et de ses deux collègues avec qui on se familiarise un peu plus à chaque fois, une histoire tragique, celle de la mort de l’innocence-même, d’un enfant gentil, studieux et adorable, qui va nous faire plonger cette fois au sein des préjugés raciaux et surtout xénophobes qui minent le petit territoire de l’Islande. Les deux pistes suivies sont l’une et l’autre horribles, puisque la cruauté d’un tel meurtre tend à supposer des motivations racistes ou pédophiles pour l’expliquer.

Un polar à vite aller chercher par ce grand froid, pour le lire sous la couette.

 

INDRIDASON, Arnaldur. – Hiver arctique / trad. de l’islandais par Eric Boury. – Métailié, 2009. – 334 p.. – (Bibliothèque nordique). – ISBN 978-2-86424-673-2 : 19 €.

Le dresseur d’insectes * d’Arni Thorarinsson (2008)

10.12
2008
Titre original : Dauoi truo sins

Traduit de l’islandais par Eric Boury

Correspondant du Journal du Soir, en quête d’informations à sensation, Einar se retrouve à passer la nuit dans une maison soit-disant hantée, prochain lieu de tournage d’une compagnie de cinéma hollywoodienne, après avoir reçu le coup de fil anonyme d’une prétendue médium. Le lendemain matin, il repart bredouille. Pendant ce temps, en ce début du mois de juin, cette bourgade du nord de l’Islande se prépare à la grande fête du Week-end des Commerçants, à laquelle vont participer la fille d’Einar et son petit ami. Mais il y a des lendemains de fête qui déchantent et Einar va déterrer une histoire bien sordide d’entre les murs de la vieille bâtisse abandonnée…
Second roman traduit de l’auteur islandais Arni Thorarinsson, Le Dresseur d’insectes dénonce les différents fléaux dont est secouée la ville la nuit : alcoolisme, drogue, agression raciste, viol, meurtre,… La liste est longue. A l’image de son titre tiré d’une bande-son très rock, ce roman sonne le glas d’une Islande paysanne qui cède la place à la violence urbaine. Pour les amateurs de polars sociaux.

THORARINSSON, Arni. – Le dresseur d’insectes / trad. de l’islandais par Eric Boury. – Métailié, 2008. – 345 p.. – (Bibliothèque nordique. Noir). – ISBN 978-2-86424-666-4 : 19 €.

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L’homme du lac *** d’Arnaldur Indridason (2008)

07.02
2008

Titre original : Kleifarvatn (Islande, 2004)

Un polar excellentissime, surgi des profondeurs de la Stasi

A la suite d’un tremblement de terre, une faille s’est ouverte au fond du lac de Keifarvatn qui s’y vide peu à peu, découvrant sur son fond asséché un squelette lesté par un émetteur radio russe. Chargés de l’enquête, Erlendur et ses confères suivent deux pistes, l’une sur les disparitions non élucidées ayant eu lieu au cours des années 60, l’autre vers les ambassades des pays alors en guerre froide…

Arnaldur Indridason : retenez bien ce nom, pour qui ne connaîtrait pas encore cet auteur islandais qui a renouvelé le paysage du polar. Car ce quatrième roman surpasse encore les trois premiers qui, déjà, avaient remporté de nombreux prix. Nous retrouvons avec bonheur notre cher Erneldur, toujours obsédé par la disparition de son frère, avec à ses côtés l’apparition de son fils, Sindri Snaer, sa fille Eva Lind demeurant introuvable.

Comme dans La Femme en vert, le roman commence par un squelette retrouvé, des disparitions non élucidées et une affaire vieille de quarante ans, en plein climat de guerre froide. Cela semble d’ailleurs devenir une constante chez lui, qui lui réussit : l’important n’est en effet pas tant le meurtre, ni la victime, ni le meurtrier, mais le filet d’événements socio-historiques qui a conduit au crime. Cette fois-ci, c’est finalement une histoire d’amour que va déterrer Erneldur, commencée et interrompue pour toujours à Leipzig, en Allemagne de l’est, Tomas rentrant brisé en Islande. Car nous voici plongés en pleine guerre froide, où, comme dans le magnifique film La Vie des autres, le protagoniste va lui aussi, on le devine, changer d’attitude : étudiant de vingt ans destiné à un brillant avenir au sein du parti socialiste, arrivant à Leipzig avec la foi inébranlable de sa jeunesse voulant offrir un meilleur avenir pour son pays, il commence par trouver normales la suppression de la liberté d’expression et la pratique des écoutes et de la surveillance réciproque. Puis, les doutes s’insinuent, et d’idéaliste optimiste embrassant la cause d’un régime, il redevient un individu exerçant son esprit critique, capable de sentiments, d’amour, et donc un être terriblement humain… qui sera alors confronté aux rouages impitoyables de la Stasi.

« Quand il quitta l’université, il lui sembla étrange en regardant autour de lui de constater que rien n’avait changé. Les gens se comportaient comme si rien n’était arrivé. Ils marchaient d’un pas pressé sur les trottoirs ou restaient debout à discuter. Son monde à lui venait de s’écrouler et pourtant rien n’avait changé. » (p. 228)

Sans conteste, l’un des meilleurs polars de l’année.

INDRIDASON, Arnaldur. – L’homme du lac / trad. de l’islandais par Eric Boury. – Métailié, 2008. – 348 p.. – (Noir. Bibliothèque nordique). – ISBN 978-2-86424-638-1 : 19 €.

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La Femme en vert ** d’Arnaldur Indridason (2006)

04.01
2006

Quelle n’est pas la surprise d’une mère lorsqu’un étudiant en médecine, venu récupérer son petit frère, lui apprend que son bébé est tout bonnement en train de mâchouiller un os humain ! Lequel en définitive s’avère appartenir à un squelette enterré soixante ans auparavant, mis à jour par un chantier de cette banlieue de Reykjavik en pleine expansion. Il n’en fallait pas davantage pour piquer la curiosité du commissaire Erlendur même si, le même jour, il reçoit un appel au secours vite interrompue de sa fille junkie enceinte, qu’il retrouve plongée dans le coma, et à laquelle il livrera peu à peu de douloureux souvenirs. Parallèlement à l’enquête, un récit se déploie, intense et douloureux, celui d’une femme qui, d’abord seule avec sa fille handicapée, puis avec ses deux autres fils, devient la victime d’un mari violent qui la bat, l’insulte et la menace de tuer ses enfants…

Dès les premières pages, on ne peut plus quitter cette nouvelle enquête du commissaire Erlendur et de ses deux adjoints Elinborg et Sigurdur Oli, tant le récit tragique de cette famille, dont l’auteur nous brosse le portrait psychologique de chaque membre, nous empoigne et nous maintient en haleine jusqu’au dénouement. Me voilà réconciliée avec les romans policiers !

INDRIDASON, Arnaldur. - La Femme en vert / trad. de l’islandais par Eric Boury. – Métailié, 2006. – 296 p.. – ISBN : 2-86424-566-3 : 18 €.
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La Cité des Jarres * d’Arnaldur Indridason (2005)

12.11
2005

Un vieil homme est retrouvé assassiné chez lui. Son meurtrier a laissé derrière lui un étrange message griffonné qui commence par rendre perplexe l’inspecteur Erlendur avant de l’inciter à suivre la piste d’une ancienne photo retrouvée coincée dans le bureau du défunt, celle de la tombe d’une enfant de quatre ans. Au fil de son enquête, Erlendur exhume et rassemble le puzzle de tragédies vieilles de quarante ans : la victime n’est plus celle que l’on croit, mais toutes celles qui ont pu croiser le chemin de ce vieillard amateur d’immondes films pornographiques…

Roman noir à l’atmosphère désenchantée obsédante, La Cité des Jarres transporte son lecteur sous le ciel gris d’un décor islandais, aux relents d’odeurs d’égoûts et de crimes impunis. Admirablement orchestré, ce roman d’investigation islandais fait osciller le lecteur entre les soucis personnels d’Erlendur en conflit avec sa fille droguée, la fugue énigmatique d’une jeune mariée, la souffrance de victimes de viols que la société sinon elles-mêmes culpabilise, ou encore celle de perdre un enfant. Un polar efficace, évoquant avec finesse des sujets sensibles que bien peu se risquent à traiter sans tomber dans le pathos.

INDRIDASON, Arnaldur. – La Cité des Jarres / trad. de l’islandais par Eric Boury. – Paris : Éd. Métailié, 2005. – 286 p. ; 22 cm. – (Bibliothèque nordique). – ISBN 2-86424-524-8 : 18 €.

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