Mots-clefs ‘Indiens d’Amérique’

Tocqueville, vers un nouveau monde de Kévin Bazot

22.06
2016
cop. Casterman

cop. Casterman

 

Au cours de l’été 1831, deux Français, Alexis de Tocqueville et son ami Gustave de Beaumont partent à la découverte du grand Ouest sauvage afin de rencontrer des Indiens d’Amérique. Mais force leur est de constater que l’alcoolisme a eu raison des uns déchus au rang de vulgaires clochards, et que l’urbanisation galopante a chassé les autres toujours plus loin jusqu’au cœur de la région des Grands Lacs américains, par-delà une forêt vierge, à Saginaw…

Difficile à l’époque d’expliquer le véritable motif de leur voyage, soit de rencontrer des Indiens d’Amérique : les deux explorateurs déguisent leur démarche d’ethnologues en celle de deux spéculateurs partis acheter des terres. Car le galop d’une civilisation en marche piétine tout sur son passage, et notamment la Nature avec laquelle s’accordait pleinement une autre civilisation sans la détruire. Ce parcours initiatique, librement adapté de Quinze jours dans le désert d’Alexis de Tocqueville et magnifiquement mis en images par Kévin Bazot, sonne le glas d’un monde sauvage qui succombe aux appétits des pionniers américains. A découvrir.

Tocqueville, vers un nouveau monde

Casterman (2016)

 97 p. : ill. en coul.

EAN13 9782203089488 : 18 €

 

Les contrées sauvages : tome 1 de Taniguchi

31.12
2014

cop. Casterman

Entre 1975 et 1986, à la fois profondément inspiré par la richesse des décors et des informations contenues dans les cases de la bande dessinée franco-belge, et par la liberté de ton du manga adulte, Jirô Taniguchi crée une nouvelle dynamique de l’image, et partant du récit, à la fois très rapide et très fouillée.

Il rend hommage dans ces huit récits aux grands espaces, aux Indiens d’Amérique décimés, qui surent créer un équilibre respectueux avec leur environnement, et donne souvent sa revanche à la Nature, parfois de façon très cruelle, sur une humanité meurtrière. Une belle réussite. 

TANIGUCHI, Jirô. – Les contrées sauvages : tome 1. – Casterman, 2014. – 216 p. + 14 p. : ill. n.b. + coul. ; 21 cm. – EAN13 9782203084438 : 13,95 €.

Lettre du bout du monde de José Manuel Fajardo

08.07
2012

 

cop. Métailié

 

Laissé en 1514 par Christophe Colomb sur l’île d’Hispaniola avec trente-huit autres naufragés de la Santa Maria, Domingo Pérez relate, dans une lettre destinée à son frère, ses relations avec les Indiens et surtout avec une Indienne, Nagala, qu’il rencontre lors d’une expédition lancée avec quelques confrères, assoiffés d’or.

Cette lettre, qui se transforme en journal fictif des découvertes et aventures du protagoniste, reflète bien la cupidité des conquistadores de l’époque, convaincus par ailleurs de l’infériorité morale des païens qu’ils découvraient sur ces terres lointaines.

« Pendant les nombreuses semaines qui se sont écoulées depuis lors, j’ai observé chez ces Indiens maintes choses qui provoquent l’étonnement. Par-dessus tout, leur peu de désir de richesses. Au rebours de notre patrie où l’homme doit travailler jusqu’à épuisement pour survivre, le travail dans ces contrées, même s’il est dur, ne sert qu’à produire la nourriture nécessaire pour la cité ; quand il y en a trop, de grandes fêtes sont préparées, auxquelles on invite aussi les habitants des villages voisins, pour épuiser le surcroît de provisions. » (p. 123-124)


Un petit roman d’aventures, plein de suspens, dénonçant les exactions des Espagnols envers les Indiens, dès leur première rencontre.

 

 

FAJARDO, José Manuel. – Lettre du bout du monde / trad. de l’espagnol par Claude Bleton. – Métailié, 2012. – 153 p. ; 19 cm. – (Suite hispanique). – EAN13 9782864248750 : 9 €.

Manituana de Wu Ming

29.11
2009

cop. Métailié

«La chose au pied des guerriers offensait les yeux. La chose au pied des guerriers avait une apparence humaine. Le corps de Samuel Waterbridge était maintenant une proie écorchée, laissée à pourrir au sol.

Molly connaissait la mort, obscène et cruelle, mais elle ne l’avait jamais vue dans le lieu où se conservait la vie. Pas traînée au milieu du village, pas exhibée pour que de jeunes mâles puissent se promettre vengeance. » (p. 62)

 

En 1775, dans un monde baptisé Iroquirlande proche de la frontière canadienne, les colons se disputent les terres des tribus iroquoises dans la vallée mohawk.

 

Hélas, on se doute bien du sort tragique de ces Indiens d’Amériques. Mais dans cette formidable épopée historique, le collectif italien Wu Ming se place du côté des futurs vaincus, hommes comme femmes, Joseph l’interprète ou le jeune Peter comme la sage Molly ou sa nièce Esther, la visionnaire. Et, plutôt que de décrire avec force détails les batailles, il renouvelle le genre du roman d’aventures en hachant ce récit dramatique, dépourvu de manichéisme, par des chapitres brefs et incisifs et des ellipses narratives, où tout est terriblement perçu par ces grands perdants de l’Histoire des Amériques. Un roman foisonnant et passionnant, oui, qui nous prouve qu’il est possible d’écrire d’un même élan à cinq.
Vous pouvez lire d’autres avis particulièrement enthousiastes sur ce roman dans la blogosphère : Journal d’une lectrice, Actu du noir, Sur mes étagères.

Manituana / Wu Ming ; trad. de l’italien par Serge Quadruppani. – Paris : Métailié, 2009. – 507 p. : couv. ill. en coul. ; 22 cm. – (Bibliothèque italienne). – ISBN 978-2-86424-688-6 : 24 €.