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Jean-Bark de Philippe Claudel

01.03
2015
cop. SL

cop. SL

Par ce petit ouvrage publié chez Stock, Philippe Claudel rend à sa façon un dernier hommage à son éditeur depuis 2001 et seul véritable ami, Jean-Marc Roberts, auteur et directeur des éditions Stock pendant 15 ans. Il s’était rebaptisé affectueusement Jean-Bark pour Philippe Claudel, d’après l’un des personnages fumeurs de sa Petite fille de Monsieur Linh. Décédé d’un cancer du poumon, ayant précisément abusé de cette cigarette qu’il tenait avec tant d’élégance, Jean-Marc Roberts était un éternel amoureux des auteurs, des livres et des femmes, parmi lesquelles les stockettes de sa maison.

A la suite du Jérôme Lindon d’Echenoz, Philippe Claudel écrit ici un beau témoignage d’amitié destiné à faire revivre les facettes connues d’un ami… et à faire son deuil aussi.

cop. Carnets de SeL

cop. Carnets de SeL

Splendeurs et misères de l’aspirant écrivain

12.10
2014
cop. Flammarion

cop. Flammarion

Du désir d’écrire à la parution du premier roman, ce livre révèle et décrypte tous les us et coutumes de la chose littéraire.

Cocasse et plein d’humour, ce bêtisier du parcours de l’aspirant écrivain va en séduire plus d’un… Même si je trouve  Jean-Baptiste Gendarme bien indulgent vis-à-vis des éditeurs…

Gendarme, Jean-Baptiste. Splendeurs et misères de l’aspirant écrivain. PARIS CEDEX : Flammarion, 2014. 173 p.. . ISBN 978-2-0813-4240-8

Editeur indépendant, un pari gagnant ?

11.05
2013


AttilaAu dernier salon du livre, lors de la matinée professionnelle, un entretien était proposé sur le métier d’éditeur indépendant. Thierry Boizet (qui tenait avec sa compagne une librairie de livres anciens où ils s’ennuyaient avant de devenir éditeurs depuis 2002 avec Finitude), Benoit Virot (Attila) et Frantz Olivié (Anacharsis) témoignaient de la réalité de ce métier-passion :

finitudeLe rapport à l’objet-livre est-il encore vrai ?

Oui, cela va de soi. Il faut de la créativité pour faire exister un livre. Cela suppose de savoir ce qu’est une bibliothèque personnelle aujourd’hui.

Cela ressemble à quoi, la journée d’un éditeur ?

Cela consiste en de la recherche de textes, d’illustrateurs, de représentants, de la fouille en bibliothèque, des corrections, des contacts avec les libraires, l’imprimeur, l’organisation de signatures. On manque de temps. Pour fonctionner idéalement, une maison d’édition doit sortir 2 à 3 textes par an pour pouvoir bien les suivre de la conception à la dédicace.

Pour faire partie du paysage éditorial, il faut bien 10 ans, et quelques petits succès.

UnknownQuel est l’un des dangers pour ne pas durer ?

Vouloir devenir éditeur pour gagner de l’argent. Les questions d’argent sont d’une importance capitale. On est une petite quinzaine de petits éditeurs et on commence à avoir un poids. Quand Finitude a le prix Flore, cela signifie que Gallimard en a un de moins. Le problème, c’est quand un écrivain devient connu, alors qu’il avait été refusé dans les grandes maisons d’édition : on essaie de faire en sorte qu’il soit médiatisé, que ses autres livres soient vendus.

Est-ce que c’est ça qui fait durer une maison d’édition ? 

Oui, qu’un auteur soit une sorte de locomotive.

L’avenir du numérique, ça vous concerne ?

Qu’on le veuille ou non, ça nous concerne. Le numérique a un lien avec les éditeurs indépendants qui ont du mal à exister avec les loyers en ville. Les enjeux sont à la fois sociaux, financiers et culturels. Mais ce n’est pas au centre de nos préoccupations. On aura bien le temps de prendre la locomotive en marche.

Quel est votre tirage ?

Pour une petite maison d’édition, les premiers romans en France, en moyenne, c’est 1200 exemplaires vendus. Mon tout premier livre (Attila) a été imprimé à 1000 exemplaires, puis réimprimé.

Anacharsis : On est sur des moyennes de 1200-1500. On a un diffuseur, les Belles Lettres. N’importe quelle maison d’édition peut tourner les deux premières années en auto-diffusion. Le diffuseur est celui qui est en contact avec les libraires.

La meilleure vente, ça tourne autour de 5000 exemplaires.

Y a-t-il des aides pour les maisons d’édition ?

Il existe des aides régionales. Il y a les Centres régionaux du livre qui proposent des orientations en direction des écrivains, des éditeurs et des libraires. Il y a une volonté politique marquée dans certaines régions (Lyon, Aquitaine). Il y a des salons littéraires qui se créent en province.

MétailiéQu’est-ce qui manquerait dans le paysage éditorial ?

L’enthousiasme, l’envie. Mais nous ne sommes pas inquiets.

Comment détermine-t-on le prix du livre ?

On est des amoureux du beau papier et donc le bât blesse car le prix de revient est double par rapport aux autres éditions, alors qu’il faut s’aligner sur les autres prix. Normalement c’est le prix de fabrication multiplié par trois ou quatre, et finalement, ce n’est pas possible car le prix moyen d’un livre est de 15 €. Donc notre marge par rapport à une grande maison est divisée par deux : on en vend moins et on a une marge moins grande.

Pourtant de jeunes maisons d’édition se créent constamment.

C’est beaucoup plus facile qu’avant. Il suffit de 2000 €, d’un PC et d’une chambre. C’est facile de créer mais difficile de perdurer car le marché est saturé.

gallimardUne pleine page dans Télérama, ça aide.

Le contexte est crispé. On est en pleine agressivité médiatique et commerciale car être visible, c’est rendre les autres invisibles. L’écart se creuse entre les grosses ventes et les petites. 80% du C.A. se fait sur 20% des titres. Il n’existe pas d’association formelle d’éditeurs indépendants, mais on se connait, on se croise.

Le rôle du libraire est important aussi.

C’est lui qui met en avant ou pas les livres. Il y a un rapport de connivence. La relève des libraires constitue une vraie question. Il faudrait mettre en place des politiques de la ville. Après il y a le rapport entre un libraire et un éditeur. La librairie peut être la vitrine de ce que l’on fait, physiquement.

la table rondeComment les trouve-t-on, ces écrivains ? Vous recevez des manuscrits ou vous allez à leur rencontre ?

Ca dépend. On reçoit entre 1000 et 1200 manuscrits et on en a publié quatre en 10 ans… Nous, on fait plutôt dans les auteurs morts depuis longtemps. Mais oui, en règle général, on les trouve pas par la Poste. L’impératif pour les maisons d’édition, c’est de faire une marge bénéficiaire, donc il faut qu’on se dise que ça va marcher. Pour nous, souvent, on sait que cela ne marchera pas.

On arrive à se faire un salaire ?

Oui, on dégage un salaire, mais c’est un SMIC pendant 10 ans quand tout va bien.

Que pensez-vous d’Amazon ?

Le distributeur met à disposition les livres sur Amazon, qui est le premier en termes de clients. Sans Amazon, on aurait du mal à survivre. Ce n’est pas une librairie physique. Amazon prend 50% de marge, c’est-à-dire 15% de plus qu’un libraire (qui tourne entre 35-38%). Si je veux boycotter Amazon, c’est mon premier client que je perdrais.

Et de l’Autre Livre ?

C’est une association qui s’est dévolue à la promotion des petits éditeurs, d’où un salon en novembre chaque année.

Où trouve-t-on vos maisons d’édition dans le salon ?

Dans les régions respectives.

Que diriez-vous aux jeunes qui souhaitent se lancer dans le métier ?

Qu’être éditeur, c’est avoir envie de découvrir des auteurs et de faire partager cette découverte. Que c’est un métier de passion, de conviction.

 

La sagesse de l’éditeur d’Hubert Nyssen

23.03
2012

Après La sagesse du bibliothécaire de Michel Melot, je suis rentrée cette année du Salon du livre avec celle de l’éditeur. Sagesse ? Hubert Nyssen, qui a fondé Actes Sud, préfère parler, lui, de la folie de l’éditeur. A commencer par la sienne. Il retrace ainsi son appréhension du monde de l’édition par le biais de sa grand-mère, son amour des livres et des rencontres avec des auteurs. Ses coups de poker aussi. Son flair. Ainsi, c’est, sans presque l’avoir prémédité, avec un géographe, à sa troisième tentative de fonder une maison d’édition qu’il y parvient. Un éditeur, c’est normalement avant tout un découvreur de talents. Et, c’est en dénichant deux auteurs que personne ne voulait alors publier qu’il assure la prospérité de son entreprise : l’auteure russe Nina Berberova et l’écrivain américain Paul Auster, et en rééditant l’oeuvre complète dans une nouvelle traduction de Dostoïevski. Hubert Nyssen nous parle aussi des livres, de l’objet-livre, de sa conception, de sa faculté à se faire oublier pour faire vivre le texte. Il égratigne quelque peu les grandes maisons d’édition qui n’ont plus qu’une logique comptable, et délaissent leur rôle de découvreuse de talents. Il encense le rôle des femmes, qui de lectrices peuvent devenir éditrices. On pense notamment à Viviane Hamy, Anne Marie Métailié. En revanche, sa considération sur les expressions telles que « Françaises, Français » m’a parue déplacée. Enfin, ce petit ouvrage m’a laissée sur ma faim (sans jeu de mots) : toutes ces considérations sur la folie de l’éditeur ne permettaient pas d’entrer à fond dans le sujet, de connaître également le quotidien de la profession.

 

NYSSEN, Hubert. - La sagesse de l’éditeur. - Paris : L’œil neuf éditions, 2006. – 111 p. ; 20 cm. – (Sagesse d’un métier). - EAN13 978-2-915543-13-1 : 12,50 €.

 

Mensonge et vérité des corps en mouvement de Sylvain Férez

27.02
2012

cop. L'Harmattan

Mensonge et vérité des corps en mouvement

L’oeuvre de Claude Pujade-Renaud

 

Dans cet ouvrage, Sylvain Férez ne fait pas vraiment une analyse littéraire, artistique ou universitaire de l’oeuvre de Claude Pujade-Renaud, mais retrace plutôt sa carrière grâce au témoignage de la principale intéressée.

C’est la raison pour laquelle, une fois n’est pas coutume, voici ci-dessous les éléments biographiques que nous avons retenus à cette lecture d’une auteure qui vient tout juste de fêter ses 80 ans et qui est connue et reconnue dans trois milieux différents, en tant que :

  1. spécialiste de la danse dans la formation des professeurs d’EPS, avec un ouvrage de référence paru en 1974,
  2. docteure en sciences de l’éducation sur la communication non-verbale dans l’enseignement avec une thèse soutenue en 1981 (Le Corps de l’enseignant dans la classe, Le Corps de l’élève dans la classe)
  3. auteure (davantage aujourd’hui) de 6 ouvrages pour enfants (tous co-signés), 5 recueils de nouvelles, 1 recueil de 5 soliloques, 8 romans dont 1 co-écrit avec Daniel Zimmerman, 1 ouvrage autobiographique réalisé avec ce dernier.

 

  • Excellente élève, ayant effectué une première année d’hypokhâgne, Claude Pujade-Renaud choisit probablement par esprit de contradiction de tromper l’attente formulée par ses parents et ses professeurs qui la destinent à une agrégation de lettres, de philosophie ou d’histoire, en choisissant de devenir professeur d’éducation physique, profession moins favorisée socialement, alors qu’elle n’est pas particulièrement douée. A partir de 1950, Claude Pujade-Renaud est donc formée durant 4 ans à l’IREPS, tout en préparant, par goût, une licence de philosophie. Elle devient championne de France universitaire en handball. Elle rencontre alors Jeanine Solane avec qui elle danse sur scène, non pas de la danse classique comme durant deux ans avec Denise Bazet, son ancienne prof de gym, mais sur d’autres musiques. Son premier amour avec un étudiant à Sciences Po se solde par un avortement.

 

  • En 1954, à l’âge de 22 ans, Claude Pujade-Renaud est donc nommée sur un poste d’enseignante d’EPS au lycée de Rouen. Elle y découvre, amusée, « les rivalités et rejets réciproques entre agrégés et certifiés » et s’éprend d’une femme professeur d’EPS, elle aussi « très branchée littérature et écriture », puis d’une autre, également professeur d’EPS, et pratiquant les arts plastiques. A la rentrée 1957, elle obtient une mutation dans un lycée de Versailles et tente d’insérer un peu de danse dans son enseignement. Déjà, elle commence néanmoins à se lasser un peu de l’éducation physique, de la succession des classes et de la répétition. Entre 1958 et 1965, outre la danse, elle pratique aussi l’équitation.

 

  • En 1960, elle obtient un poste de professeure à l’IREPS, pour enseigner la psychopédagogie (grâce à sa licence de philosophie) et la danse aux filles. C’est pour elle un virage positif car elle accède à un statut de cadre, de formateur. Elle s’intéresse aux techniques de « modern dance » et découvre les cours du mime Etienne Decroux en 1965.

 

  • A son retour des Etats-Unis (cf première rencontre), souffrant d’une arthrose à la hanche, Claude Pujade-Renaud se lance pour la première fois dans la chorégraphie de groupe. En 1967, 7-8 étudiants sont volontaires pour monter une chorégraphie, Passages. Elle écrit des articles sur son expérience américaine dans la revue EPS, et met en place un groupe d’expression corporelle. Elle regrette que la danse fasse partie de l’EPS et ne soit pas perçue comme une discipline artistique éducative. En 1971, à l’âge de 39 ans, elle passe un concours pour formateur de formateurs en EPS pour diriger une recherche. Elle prend alors des cours avec Carolyn Carlson. En 1972, elle quitte sa compagne et emménage rue de l’Harmonie.

cop. ESF

  • En 1967-1968, elle suit une maîtrise de sciences de l’éducation à la Sorbonne. Elle se lance dans un doctorat sur Danse et narcissisme en éducation. Daniel Zimmermann, qu’elle a rencontré en 1968, lui propose d’écrire un ouvrage sur l’EPS. De 1972 à 1974, elle co-anime avec Daniel Zimmermann une UV sur les communications non-verbales à Vincennes.

 

  • Claude Pujade-Renaud voit apparaître obscurément dans des séances d’analyse un désir d’enfant. En 1973, elle prend conscience qu’elle veut écrire en compagnie de Daniel Zimmermann. Elle est enceinte de lui en mai. Ce dernier se sent piégé car il veut rester avec sa femme et n’a pas exprimé le désir de cet enfant. Claude Pujade-Renaud doit avorter. Cela engendre beaucoup de souffrance. Le 10 septembre 1974 ils renouent. Son ouvrage Expression corporelle, langage du silence sera dédié à Daniel Zimmermann. En juillet 1975, Daniel Zimmermann quitte sa femme et s’installe chez Claude Pujade-Renaud.

 

  • Le 13 mars 1975 Claude Pujade-Renaud passe son doctorat. Son ouvrage, Danse et narcissisme en éducation, est vendu à 2700 exemplaires.
  • Elle assure alors 12 h de cours à l’UEREPS et 6h à Vincennes.
  • En 1981, elle soutient sa thèse.

 

  • cop. Actes Sud

    En 1978, La Ventriloque est son premier roman autobiographique : elle y parle de l’avortement de cet enfant. En 1975, elle fait le deuil d’avoir un enfant, comme elle a dû renoncer à la danse. Les deux premières fois où elle envoie un texte court et qu’il est accepté, elle refuse finalement sa publication, avant de proposer un premier texte aux éditions Des Femmes, en 1977. Elle est alors âgée de 45 ans.Elle est troublée par l’indifférence totale de sa famille, tout comme Daniel Zimmerman essuie les reproches de ses parents, de ses amis.

 

  • Claude Pujade-Renaud arrête alors ses analyses en découvrant les vertus cathartiques de sa parole couchée sur le papier.
  • En 1978, elle publie Passages, reprenant le titre de sa chorégraphie de 1968.
  • Elle comprend qu’elle a écrit contre « une censure familiale inscrite fortement en elle. »
  • En novembre 1982, Claude Pujade-Renaud et Daniel Zimmermann tiennent rue de l’Harmonie, en tête à tête, l’AG constituante d’une association loi 1901 qui se fixe pour objectifs principal « l’aide morale et matérielle à la création littéraire », notamment celle de Claude Pujade-Renaud.
  • Elle ne réussit pas à faire éditer La Mort mêlée, un roman sur l’échangisme. Elle écrit donc des nouvelles, dont elle en envoie une à Simone de Beauvoir qui dit apprécier mais que ce texte ne convient pas pour Les Temps modernes.
  • Daniel et elle instaurent un prix libre excluant Galligrasseuil.
  • En 1984-1985, Claude Pujade-Renaud est responsable d’une émission littéraire sur Radio-Top-Essonne.
  • 1985 « centre de recherches sur la sociologie de l’écriture » : origines, profession et parcours des candidats au Prix.
  • Claude Pujade-Renaud écrit beaucoup de nouvelles, dont souvent les personnages centraux sont des femmes.
  • En 1983, elle commence à écrire La Danse océane. Elle se pose alors la question du degré de liberté qu’elle se donne à l’égard des aspects biographiques et historiques.
  • En 1984, La Danse océane débute sa ronde éditoriale, et en mars 1985, Nouvelles d’elles est accepté par Actes sud, et devient Les Enfants des autres.
  • En 1985, Claude Pujade-Renaud multiplie les expériences de refus.
  • La revue Nouvelles nouvelles de Daniel Zimmermann et Claude Pujade-Renaud publie durant ses 7 ans d’existence (décembre 1985-1992) 377 nouvelles.
  • En 1988, La Danse océane paraît aux éditions du Souffle.
  • En 1994, Prix Goncourt des lycéens pour Belle-mère.
  • En 1995, ils écrivent ensemble Ecritures mêlées (Julliard), épuisé, qui raconte entre autres éléments autobiographiques les difficultés de l’édition, les difficultés que tout deux ont connues.

 

Au final, voilà une trajectoire qui a éveillé bon nombre d’échos en moi. De quoi alimenter les questions que je m’apprête à lui poser demain.

    Bernard Magnier (2004)

    15.11
    2006

    directeur du département « Afriques » chez ACTES SUD

    Etudiant, Maryse Condé lui a fait découvrir les littératures venues d’Afrique et de la Caraïbe. Les mots étaient neufs, écrits avec leurs «tripes». Il s’y est tellement intéressé qu’il est devenu journaliste et critique littéraire.
    Il y a 11 ans, Actes Sud lui propose la création d’un département «Afriques» au sein de la maison. Actuellement, il accepte 1 des 100 manuscrits qui lui parviennent. Il anime des stages de formation de bibliothécaires et de documentalistes tant en France que dans divers pays africains.

    Comment choisissez-vous un roman ?

    Le choix est forcément subjectif. Le tout est de choisir honnêtement.
    En art, l’objectivité n’existe pas. L’histoire littéraire est jalonnée d’erreurs.
    Lorsqu’un manuscrit arrive à la maison d’édition, il y a un premier tri à la réception, afin de réorienter l’auteur qui se serait trompé d’adresse et qui aurait envoyé un manuscrit plutôt destiné à une autre collection, une autre maison, ou d’éliminer les manuscrits qui, dès la première page, font preuve d’une très médiocre qualité.
    Il y a un second temps constitué de manuscrits qui peuvent envisager d’être publiés, que je lis puis qui sont lus par différents lecteurs de la maison.
    Par an, Actes Sud reçoit quelque chose comme 6000 ou 7000 manuscrits et en publie 500. Dans mon domaine, c’est plus difficile à chiffrer, mais c’est de l’ordre de 1 à 2 %. C’est très faible parce que je publie 5 ou 6 livres par an pour l’ensemble du continent sud-africain, y compris les livres qui sont traduits, et donc déjà publiés dans une autre langue. La sélection est donc redoutable.

    Les écrivains publiés chez Actes Sud peuvent-ils aussi être publiés en Afrique ?

    Beaucoup d’écrivains africains vivent en dehors de leur pays natal. Cela peut être un exil familial, économique ou politique. Certains vivent en France et sont donc plus proches des structures éditoriales. De plus il y a l’attraction de la France, vue comme prestigieuse.
    Pour les autres, demeurés en Afrique, il existe peu de maisons d’édition leur permettant de tout dire ou d’être diffusés à l’étranger. En France, la diffusion est plus large, non censurée mais en revanche, les livres sont plus chers. Pour les auteurs s’exprimant dans d’autres langues que le français (anglais, portugais ou une langue africaine), ils ont, en général, déjà été publiés ailleurs, et traduits.

    Combien de temps faut-il entre le temps où le livre est lu et le moment où il est vendu ?

    C’est très variable.
    Disons entre trois mois pour les plus rapides et parfois plus d’un an pour d’autres.

    Rencontrez-vous tous les écrivains que vous publiez ?

    Il y en a qui, malheureusement, sont morts, d’autres vivent loin… Mais lorsque c’est possible, c’est toujours avec plaisir.

    Avez-vous une politique d’auteur ?

    Oui, nous aimons suivre un auteur. Ne pas publier un seul livre. Plusieurs auteurs de la collection ont déjà deux, trois et pour l’un d’entre eux, cinq livres. On accompagne un auteur. Une complicité se crée entre un auteur et un éditeur. L’un n’existe pas sans l’autre.
    J’aime à définir mon rôle comme celui d’un «passeur d’enthousiasme».

    Comment Actes Sud a-t-elle eu l’idée de créer votre département  ?

    Il y a d’abord eu Actes Sud, Actes Sud junior et Actes Sud papier. Puis il y eut de nombreux départs, chaque nouvelle collection devenant une question de langue. Il y a eu ainsi « Afriques » qui regroupe une notion géographique, puis «Sinbad» qui regroupe les auteurs du monde arabe.

    Pourquoi Actes Sud a-t-elle décidé de s’installer à Arles ?

    Nyssen, belge, écrivain, a décidé de la fonder à Arles il y a 27 ans. L’idée de s’expatrier fait parler de la maison d’édition. Il a choisi par ailleurs de se démarquer avec un format original et un papier beige de qualité.

    Propos recueillis en décembre 2004

    et relus par Bernard Magnier en novembre 2006

    Liquidation ** d’Imre Kertesz (2003)

    18.09
    2005

    Titre original : Felszamolas (2003)
    Traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba

    Où a disparu ma critique ? Mystère… En attendant lisez celle du Matricule des Anges.

    Actes Sud, 2004. 126 p.

    Imre Kertész
    1929
    Naissance à Budapest
    1944
    Déportation à Auschwitz-Birkenau
    1953
    Premiers travaux d’écriture
    1975
    Parution en Hongrie de Être sans destin
    2002
    Prix Nobel de littérature