Dans la veine de Kafka, trempant sa plume dans l’’humour noir et le minimalisme, cet écrivain israélien égrène la vie quotidienne des gens du commun, sans effleurer ou si peu le conflit avec la Palestine. Il a choisi la forme du récit bref de quelques pages et l’emploi du « je » pour entrer plus vite dans le vif du sujet de ces 48 nouvelles. On grimace beaucoup à la lecture de quelques textes macabres tels que « Mon frère est déprimé », « Le chapeau du magicien », « Langue étrangère » où le père se noie dans son bain pendant que ses fils discutent dans la pièce voisine pour savoir si leur cadeau lui a plu. Etgar Keret porte ainsi un regard désillusionné, plein d’ironie mordante, sur la vie d’un monde à la dérive : violence conjugale, meurtre, préjugés, endoctrinement scolaire. Mais ce regard, il le fait aussi pétiller par quelques clins d’œil, comme ces exceptions à la règle que sont l’« histoire du chauffeur d’autobus qui voulait être dieu » ou « de bonnes intentions ». Dans ce recueil écrit au scalpel, cet auteur, parmi les plus populaires de sa génération en Israël, fait éclater au grand jour l’étrange et inquiétante absurdité de notre quotidien.
Lecture d’avril 2003. Rencontre-dédicace le samedi 15 mars 2008.
KERET, Etgar. – Crise d’asthme. – Actes sud, 2002. – 208 p. : couv. ill. en coul. ; 19 cm. – ISBN : 2 7427 4093 7 : 18 €.