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Pause de Fabcaro

18.06
2020

IMG_20200609_222801#1« Tu es sur quoi en ce moment ? » Que répondre quand on est en mode pause, pour ne pas dire en panne d’inspiration.

Une fois de plus, Fabcaro se met lui-même en scène en tant qu’auteur-dessinateur entre deux commandes ou deux projets de bandes dessinées. Difficile de se renouveler en termes de créativité, nous répète-t-il avec humour. On veut bien le croire, mais il reste toujours aussi agréable à lire.

Pause de Fabcaro
La Cafetière, 2017

 

 

 

 

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Profession romancier d’Haruki Murakami

27.02
2020

profession romancier

La vérité sur l’affaire Harry Québert de Joël Dicker

26.09
2015

Unknown1975. Un témoin aperçoit un homme poursuivant une jeune femme dans les bois : la jeune fille ne fut jamais retrouvée, l’affaire ne fut jamais élucidée.

2008. Un écrivain, Marcus Goldman, victime de son succès, ne fait plus un pas à Manhattan sans qu’on le reconnaisse : un deuxième roman, basé sur un fait divers, l’a rendu immensément célèbre.

2008-8 mois. Marcus Goldman, dont le premier roman a connu une grande notoriété, connaît « la maladie des écrivains » : l’angoisse de la page blanche pour son second roman que son éditeur le presse d’écrire. Il va alors rendre visite à son ancien professeur et mentor, Harry Québert, auteur de l’incomparable Origines du mal, publié en 1976, qui raconte une histoire d’amour impossible.

Dans ce thriller jubilatoire, tous les ingrédients sont réunis pour séduire et fasciner le lecteur : une mise en abime d’histoires d’écrivains, le travail d’écriture, le faux et usage de faux, l’ambition, couplée à une histoire de Lolita à la Nabokov et à la poisse d’un pauvre gars plein de génie. Ajoutez à cela des rebondissements à foison, sans parcimonie, et vous aurez un roman divertissant qui se lit facilement d’une traite malgré ses 663 pages.

Philippe Claudel

31.01
2015
cop. mediatheque

cop. bibliothèque les Jacobins

Ce vendredi 16 janvier 2015, une fois n’est pas coutume, c’est à la bibliothèque des Jacobins, à Fleury-les-Aubrais qu’il m’a été donné d’écouter Philippe Claudel répondre aux questions de ses lecteurs. Comme à la librairie des Temps modernes, l’assemblée était dans la fleur de l’âge, tant et si bien qu’on me donna même du « jeune fille » ! Ce qui ne lasse pas de m’inquiéter sur la pérennité de ces rendez-vous dans quelques décennies. Mais ceci est un autre sujet…

Tenace, l’équipe des bibliothécaires des Jacobins relançait Philippe Claudel depuis 2009 avant de pouvoir l’accueillir entre ses murs avec son club lecture.

Philippe Claudel, trop occupé ? Sans aucun doute. Ses nombreux succès et prix littéraires (prix Renaudot pour les Ames grises, prix Goncourt des lycéens pour Le Rapport de Brodeck, César du meilleur premier film pour Il y a longtemps que je t’aime), ses nombreuses activités professionnelles (écrivain, réalisateur, maître de conférence à l’université de Nancy sur l’écriture scénaristique, membre de l’académie Goncourt), ses nombreux déplacements à l’étranger où ses romans sont traduits, le rendent finalement peu disponible. Une chance, donc, de pouvoir le réécouter, après une première fois lors de son intervention auprès des lycéens à Rennes en décembre 2003, pour les Ames grises.

Voici dans ses grandes lignes l’échange qui eut lieu ce soir-là :

Vous êtes un auteur imprégné d’Histoire. Votre thématique s’inscrit autour de la mémoire, de la tolérance, de l’étranger. Est-ce que ce sont autant de batailles que vous menez ?

L’histoire des grands traumatismes est au coeur de mon oeuvre, en effet.

D’abord par sa dimension nationale : dans la littérature française, la guerre est souvent présente. La France est un pays qui examine beaucoup son passé. La littérature française est une littérature du ressassement, du traumatisme.

Ensuite par sa dimension personnelle, liée à ma région, à la Lorraine, et à ma famille. J’ai grandi à mi-chemin entre Verdun et le camp de Struthof. Enfant, mes voyages scolaires oscillaient entre les deux, ma commune était encerclée par des cimetières militaires, et ma famille parlait sans cesse des guerres.

Mais j’écris de la fiction, rien d’autre, et vous remarquerez que dans Les Ames grises, il n’y a ni datation, ni géographie identifiée, et dans Le Rapport de Brodeck, la langue est inventée, et les mots « juif », « nazi » et « holocauste » ne sont jamais prononcés pour évoquer une situation humaine.

En littérature, ce qui m’intéresse, c’est d’inspecter les moments de rupture, où l’homme doit se placer sur l’échiquier.    

cop. Carnets de SeL

cop. Carnets de SeL

Votre écriture est très visuelle dans vos romans. La passion du cinéma vous est-elle venue en même temps que l’écriture ?

Mon amour du cinéma a toujours été là, en même temps que mon amour de la littérature.

Enfant, je fréquentais deux cinémas. J’ai grandi dans une famille modeste mais qui avait un grand intérêt pour la culture. Il était plus facile d’écrire que de filmer, enfant. A la faculté j’ai pu réaliser mes premiers court-métrages, mais ce n’est qu’à 45 ans que j’ai réalisé mon premier long-métrage, et publié à 37 ans mon premier roman. Avant j’écrivais, bien sûr, mais tout ce qui a précédé n’était pas intéressant.

Vous auriez envie d’adapter vos romans ?

Je ne veux surtout pas adapter mes romans car si un livre est un livre, c’est que ça ne pouvait pas être autre chose. C’est la réciproque pour un film. Quand j’écris un roman, mon outil principal c’est la langue, l’histoire est née dans le langage, alors que le film est né avec un désir d’acteurs, un désir de lumières, de sons. Au cinéma on peut filmer sans un mot. J’ai donné l’autorisation il y a deux ans d’adapter Le Rapport de Brodeck en BD. Remarquez d’ailleurs : mes quatre films n’abordent absolument pas la problématique de la guerre, mais sont plutôt des histoires contemporaines sur l’intimité. Suivant le support, je traite de thématiques différentes. 

Qu’est-ce qui vous permet de vous exprimer le mieux, roman ou film ?

Mon espoir, que ce soit un livre ou un film, c’est que cela continue à vivre en chaque lecteur, en chaque spectateur.

Comment écrivez-vous ?

Je n’ai pas de règle : quand j’ai envie d’écrire. C’est ma seule règle. Et encore…

Je n’écris pas le soir. Je suis plutôt du matin. Et je préfère l’hiver à l’été, où j’ai envie de sortir. J’adore tout ce qui est papeterie – carnets, crayons,… – mais je suis incapable d’écrire sans ordinateur portable. 

Comment fait-on pour passer à un autre roman après avoir fini Le Rapport de Brodeck ?

L’Enquête, qui a suivi, n’est pas un roman à proprement parler. Je m’y suis essayé à tous les genres par le biais de mon protagoniste : le fantastique, la SF, … Parfums non plus. Je me pose beaucoup de questions sur le roman. 

Derrière la façade sombre de vos romans êtes-vous un optimiste ?

Ce n’est pas à moi de vous le dire. A partir du moment où mon roman est publié, je le donne au public. Et c’est ce dernier qui interprète. Quant à moi, chaque matin, je peux être d’un plus ou moins grand optimisme.

Qui dans votre carrière vous a soutenu, vous a aidé ?

Si j’ai un conseil à donner en tout cas à ceux qui écrivent, c’est de ne surtout pas montrer ce que vous faites, car cela peut vous être dommageable : on peut vous flatter ou vous démoraliser.

Je n’ai pas eu de mentor. Mais il y a des écrivains qui ont compté pour moi : Jean-Claude Pierrotte, qui m’a encouragé. Céline est l’un de mes écrivains préférés. A 20 ans, j’étais sous l’influence de Céline, Proust, Simenon, Giono, Baudelaire, Kadaré, Julien Gracq…

Vous semblez accorder à la Nature une place toute particulière dans Le Rapport de Brodeck.

La Nature a une réelle importance dans Le Rapport de Brodeck, effectivement. J’y évoque le rapport de l’homme à la Nature, et surtout de l’indifférence totale de la Nature au destin des hommes. C’est un roman émaillé d’événements météorologiques : la brume, le gel, la neige, le soleil,… Au contraire, L’Enquête est un roman dans la ville, dont la Nature est exclue, sur un modèle économique inhumain, labyrinthique. Dans mon dernier film, la Nature agit comme un terreau d’inspiration. Je me sens très proche de ce que Rousseau disait de la nature dans ses Promenades.

Vous êtes membre de l’Académie Goncourt. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre rôle, sur son fonctionnement ?

Nous nous réunissons chaque premier mardi du mois, chez Drouot, durant deux heures qui s’achèvent par un déjeuner.

L’académie connait une forte activité toute l’année et à l’étranger. Car les autres pays veulent tous imiter le modèle du Goncourt des lycéens.

Au Goncourt on lit le plus possible de livres, autant par curiosité que par plaisir. Je lis ainsi une centaine de romans de mi-mai à fin août. Je ne suis absolument pas influencé par la presse. On est honnête, surtout depuis l’arrivée de Françoise Chandernagor et de Bernard Pivot.

En 2012 je soutenais Patrick Deville pour Peste et Choléra. Mais il a reçu le Fémina trois jours plus tôt. Et dans l’Académie, d’autres n’ont pas voulu lui donner un deuxième prix.

Quelques mots sur Jean-Marc Robert ?

C’était le patron des éditions Stock, lui-même auteur de très courts romans d’une grande finesse. Il a été mon éditeur depuis 2001 ; il est devenu mon meilleur ami. C’était quelqu’un qui aimait les auteurs. Ce n’est pas pour rien que je ne publie plus. D’ailleurs j’avais écrit un roman avant sa mort, qui n’a jamais été publié depuis. On travaille toujours dans l’incertitude quand on écrit. On ne sait même pas si un roman est bon ou mauvais. On a besoin d’un jugement littéraire extérieur. Un éditeur, c’est à la fois un accompagnateur de livres et un commerçant. Pour pouvoir exercer son métier, il doit savoir équilibrer la qualité de ses publications avec des ouvrages qui vont toucher un grand public.

Quel sera votre prochain livre ou votre prochain film ?

Mon roman n’est pas suffisamment bien pour être publié. Quand on a la malchance d’être connu, on est sûr d’être publié, donc il faut être exigeant envers soi-même. Je suis dans deux autres romans dont j’espère que l’un pourra être publié. Ma femme aussi joue un rôle essentiel. Avec Jean-Marc Robert, c’est mon autre relecteur. Elle me fait couper beaucoup. Cela fait partie du travail d’écrivain, comme quand on est réalisateur, d’avoir beaucoup de matière pour pouvoir couper.

Mon dernier film a été tourné à 12 kms de Nancy, dans une ville de campagne. J’ai eu envie de filmer cette innocence de l’enfance, sauf qu’on refuse à cet enfant de prendre des décisions.

Merci pour cette rencontre qui s’est achevée autour d’un apéritif convivial.

J’ai lu de lui :

J’abandonne (pas encore critiqué)

Les Ames grises ***

La Petite fille de Monsieur Linh (pas encore critiqué)

Le Rapport de Brodeck ****

Parfums *

J’ai vu de lui :

Il y a longtemps que je t’aime (pas encore critiqué)

 

Gone Girl (2014)

29.10
2014

Fiche descriptive

Titre original : Gone Girl
Titre québécois : Les Apparences
Genre : thriller
Scénario : Gillian Flynn, d’après son roman Les Apparences (Gone Girl)
Réalisation : David Fincher
Montage : Kirk Baxter
Musique : Trent Reznor et Atticus Ross
Production : Leslie Dixon, Bruna Papandrea et Reese Witherspoon
Sociétés de production : Pacific Standard et New Regency Pictures
Durée : 149 minutes
Dates de sortie : octobre 2014

Synopsis court

Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, Amy disparaît mystérieusement. Nick prévient aussitôt la police  : la table en verre du salon brisée et des taches de sang semblent indiquer qu’elle a été enlevée ou tuée.

Très vite, les soupçons se portent contre Nick, qui ne semble pas du tout jouer le rôle du mari éploré attendu devant les médias, ses beaux-parents ou la police. Il continue même à tromper sa femme avec une jeune étudiante pulpeuse, Andie, en cachette de sa soeur, chez qui il s’est réfugié, le temps que la police scientifique passe la maison au peigne fin. La presse à scandale s’empare de l’affaire et désigne Nick comme le meurtrier, rappelant que la peine de mort est toujours appliquée dans le Missouri.

Alors que l’histoire du couple est dévoilée en parallèle par le journal intime d’Amy, qui raconte ses désillusions et accuse son mari de s’être montré violent à son égard.

Nick réagit : il prend l’avocat Tanner Bolt pour se tirer d’affaire, et va trouver les deux ex de sa femme, tous deux étant fichés par des accusations d’Amy pour se venger…

 

Critique

  • Dès les premières minutes, il ne faut pas être devin pour deviner qu’il n’y a ici ni meurtre, ni séquestration, mais un jeu dangereux entre un mari et une femme, et une volonté de manipuler et la police et les médias. C’est d’ailleurs le leitmotiv de David Fincher d’attaquer le spectacle médiatique comme une sorte d’arène que fascine les téléspectateurs.
  • La critique a beaucoup retenu la symbolique de la longévité du couple, de sa représentativité en public, sans montrer ses failles ni ses secrets ; on reste pourtant à mille lieues des Noces rebelles (2009) ! Le traitement reste très anecdotique.
  • Il semblerait que David Fincher ait choisi une fin différente du roman… A celle, attendue, d’une Amy déclarée vaincue, lui a été préférée une fin plus médiatique, jouant sur la manipulation, comme dans tout le film.
  • Seulement, si à la sortie du cinéma, on se repasse le film dans la tête, cette fin ne peut absolument pas fonctionner, à moins que le FBI soit complètement hypnotisé par cette femme et n’ouvre aucune enquête sur ses déclarations, que Nick n’essaie même pas de faire un test de paternité, etc..
  • Du reste, je n’ai pas boudé mon plaisir à regarder ce film, malgré tout…

 

Splendeurs et misères de l’aspirant écrivain

12.10
2014
cop. Flammarion

cop. Flammarion

Du désir d’écrire à la parution du premier roman, ce livre révèle et décrypte tous les us et coutumes de la chose littéraire.

Cocasse et plein d’humour, ce bêtisier du parcours de l’aspirant écrivain va en séduire plus d’un… Même si je trouve  Jean-Baptiste Gendarme bien indulgent vis-à-vis des éditeurs…

Gendarme, Jean-Baptiste. Splendeurs et misères de l’aspirant écrivain. PARIS CEDEX : Flammarion, 2014. 173 p.. . ISBN 978-2-0813-4240-8

Pétronille d’Amélie Nothomb

21.09
2014

9782226258311g

« L’ivresse ne s’improvise pas. Elle relève de l’art, qui exige don et souci. Boire au hasard ne mène nulle part. » (incipit)

Au plaisir de l’ivresse procurée par une coupe de champagne, il ne manque à Amélie Nothomb qu’une comvigne – compagne de beuverie. Qu’à cela ne tienne, elle pêche dans l’une de ses dédicaces l’oiseau rare, une jeune prolo aux allures de garçon manqué qui étudie les contemporains de Shakespeare et la lit pour rire…

Le dernier Nothomb raconte l’histoire de cette amitié entre deux écrivaines, avec comme fil directeur leur passion immodérée pour le champagne, et le bon. Comme toujours, le dernier de la cuvée Nothomb se lit (se boit ?) d’une traite. Mais, si l’on n’a pas de barre au front, on n’a pas non plus le sentiment d’avoir vu briller quelque diamant… Tout au plus retient-on une perche pour animer une émission littéraire, ce qui serait loin d’être une mauvaise idée, et un coup de griffe contre les éditeurs parisiens bourgeois, ne frayant pas avec le prolo. En somme de l’Amélie Nothomb : fruité, léger et plein d’humour, on passe un bon moment en sa compagnie, et c’est déjà bien assez !

NOTHOMB, Amélie. – Pétronille. – Albin Michel, 2014. – 168 p. ; 20 cm. – EAN13 9782226258311 : 16 €