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Repères de Jochen Gerner

20.12
2017
cop. Casterman

cop. Casterman

 

2000 dessins pour comprendre le monde

Chaque semaine, dans le magazine hebdomadaire le 1, Jochen Gerner explique synthétiquement un fait d’actualité en en retraçant l’historique à l’encre de Chine, avec force raccourcis, pictogrammes et une bonne dose d’humour.

Voici une anthologie chronologique de ses dessinsdu lancement du n°0 du 1er avril 2014 au 154 du 10 mai 2017, avec l’élection présidentielle. Tout comprendre de l’opposition entre sunnites et chiites, l’allègement du temps de travail, la place des parents à l’école, la vie de Donald Trump, la société collaborative,… chaque sujet a droit à sa double page. Un condensé didactique de tout ce qui a fait l’actualité ces trois dernières années. Une excellente idée cadeau ludique et pédagogique !

Jochen Gerner

Repères

Casterman

239 p. ; 14*20 cm.

EAN13 978-2-203-15377-6 : 15 €

Stanislas Gros – 2

12.04
2014

stan

J’ai eu le plaisir en décembre dernier de faire l’interview de Stanislas Gros, auteur des bandes dessinées Le Dernier jour d’un condamné, Le Portrait de Dorian Gray et La Nuit, autour d’un café dans son QG, la brasserie face à la cathédrale d’Orléans. Voici le compte-rendu de notre entretien en plusieurs parties. Ici la seconde :

 

A la fois l’auteur et le dessinateur de tes trois albums, tu as commencé par deux adaptations de classiques littéraires. Si mes informations sont exactes, Jean David Morvan, auteur et directeur de la collection Ex-libris, a remarqué son travail sur ton site et t’a alors confié l’adaptation de ce grand classique de la littérature française tombé dans le domaine public, et ce pour un tout premier album ! Comment cela s’est passé exactement ? Pourquoi cette commande en particulier ?

Copyright Delcourt

Copyright Delcourt

Les dessins que je mets sur mon blog sont souvent très sombres. J’utilise beaucoup de noir. La raison est que j’ai beaucoup dessiné dans des fanzines, et je voulais que mon trait soit visible en noir et blanc. La meilleure solution était d’utiliser de grands aplats noirs. Jean David Morvan avait en tête d’adapter Le Dernier Jour d’un condamné et que je fasse les dessins, mais quand il a vu que je m’en chargeais aussi, il m’a laissé faire. 

 

 

Ta première adaptation était donc une commande, et tu as proposé la seconde. Quelles sont les difficultés auxquelles tu as pu te confronter en adaptant une œuvre célèbre sous la forme d’un scénario de bande dessinée ?

La première est un texte très court, très visuel, qui a été très facile à adapter en bande dessinée.

La seconde, adaptée d’Oscar Wilde, s’est révélée beaucoup plus compliquée.

Le portrait de Dorian Gray - dédicaceC’est énormément de dialogues, et en plus formulés par des gens assis. On ne peut pas faire une bande dessinée toute entière avec des gens qui sont assis et qui parlent. Ce serait ennuyeux, et Oscar Wilde ne l’est pas. Paradoxalement, pour ne pas le trahir, j’ai reconstitué l’action à partir de dialogues, ajouté des scènes et repris certains de ses bons mots. Une autre difficulté d’Oscar Wilde, c’est que la morale de ses histoires reste tout de même très représentative de son époque victorienne puritaine. Il y a certes beaucoup de sous-entendus sexuels mais il n’y a qu’un seul meurtre. Or, pour que le portrait de Dorian Gray s’enlaidisse, il fallait qu’on le voit véritablement commettre de mauvaises actions. J’ai donc ajouté des choses en reprenant des citations de Nietzsche (Par delà le bien et le mal) au milieu de celles d’Oscar Wilde, par exemple lorsque Harry dit à Dorian qu’il aimerait rencontrer quelqu’un qui avait déjà tué. Du coup ça élargit la vision du Mal, la morale de l’histoire. J’ai aussi rendu plus explicite le côté dépensier de Dorian, en montrant qu’il se moquait de la charité. Et, alors que Wilde est misogyne, j’ai également donné un rôle plus important à Lady Monmouth, qui se moque de la philosophie de Harry et humilie Dorian, lequel décide de tuer le portrait. C’est une grosse modification par rapport au roman. L’éditeur voulait une adaptation fidèle, les dix premières pages le sont à la lettre, mais mon excuse pour être infidèle ensuite, c’était cette idée du flipbook ou folioscope en bas à droite de chaque double-page. Pour intégrer le portrait à chaque fois, j’avais besoin qu’il se passe des choses dans l’intervalle et que cela serve de chute. Personne ne me l’a reproché, d’autant que j’ai pioché dans des références nobles, comme Nietzsche, mais aussi Les Liaisons dangereuses, A Rebours de Huysmans. J’ai censuré l’empoisonnement de l’âme de Dorian par un livre jaune, car je ne trouve pas l’idée très opportune de la part d’un écrivain. En revanche, le roman dont s’est inspiré Oscar Wilde, c’est A Rebours de Huysmans, qui est une référence de la littérature de dandy. C’est là-dedans que l’on trouve une tortue dorée incrustée de pierreries, et deux-trois autres idées que j’ai récupérées.

D’ailleurs, pendant cette période, j’avais lancé sur mon blog cette histoire de dandy illustré, où je me moque du personnage qui fait des symphonies avec son orgue à bouche, ses barils à liqueurs, lequel deviendra, dans un esprit plus poétique et plus du tout de mépris aristocratique, un piano à cocktails chez Boris Vian. Cette idée de dandy illustré aurait pu faire un album, mais je ne l’ai pas fait.

Quelle est la marge de liberté que tu te laisses pour ce genre de scénario ? Quelles libertés as-tu prises ? Au niveau des dialogues, des personnages, des détails iconographiques ?

Le portrait de Dorian Gray d'Oscar WildeJ’aurais préféré être encore plus libre. Il y a un film qui a adapté Le Portrait de Dorian Gray au même moment, et ce qui est curieux, c’est que le scénariste Toby Finlay a procédé à quelques rapprochements similaires, notamment avec Les Liaisons dangereuses, le suicide d’une jeune femme qui devient une Ophélie, et l’ajout à la fin d’une féministe qui est carrément une suffragette, en pantalon. Il a pu prendre au final plus de libertés que moi. Par exemple, j’aimerais bien adapter La Chartreuse de Parme, mais alors très librement (…).

Pour Le Dernier jour d’un condamné, j’avais envie de gommer toutes les références à la France du 19e siècle, sachant que Hugo voulait faire un texte universel, qui parle à tous, quels que soient l’époque ou le pays. J’aurais fait des costumes peu identifiables dans un décor neutre historiquement. Finalement, j’ai fait un mélange de références au Moyen-Âge, au 19e, et à aujourd’hui. Pour la prison, par exemple, je n’ai pas essayé d’être réaliste mais d’être le plus proche possible du texte de Victor Hugo. En revanche, pour que l’on reconnaisse bien la place de Grève, l’endroit où on décapitait les prisonniers, je suis allé dessiner l’Hôtel de ville à Paris. Je me souviens que c’était en août, pendant Paris plage, et qu’à la place de la guillotine, il y avait un filet de beach volley, et à la place de la tête qui tombe, un ballon. 

banniereStan

Pour les deux albums, tu as confié les couleurs à quelqu’un d’autre. Pour quelle(s) raison(s) n’as-tu pas suivi ton ouvrage jusqu’au bout, puisque tu en es à la fois scénariste et dessinateur ?

Généralement c’est l’éditeur qui décide. J’ai eu un droit de regard, mais j’aime bien aussi lâcher prise. J’ai laissé la coloriste s’exprimer, à part sur les couleurs symboliques générales : dans Le Portrait de Dorian Gray, le milieu puritain était en tonalité bleue, le milieu décadent en vert. Dans le milieu de la BD, qui est encore assez masculin, c’est souvent l’homme qui dessine et la femme qui colorie.

La suite samedi prochain.

Stanislas Gros

05.04
2014

stanJ’ai eu le plaisir en décembre dernier de faire l’interview de Stanislas Gros, auteur des bandes dessinées Le Dernier jour d’un condamné, Le Portrait de Dorian Gray et La Nuit, autour d’un café dans son QG, la brasserie face à la cathédrale d’Orléans. Voici le compte-rendu de notre entretien en plusieurs parties :

Quand as-tu ressenti le désir de devenir dessinateur ? Et spécifiquement auteur de bande dessinée ?

Comme tous les enfants j’ai dessiné à la maternelle. Sauf que moi j’ai continué et que les autres enfants sont passés à des choses plus sérieuses. En fait, je n’étais pas très très bon en classe (c’est lui qui le dit), sauf en dessin. C’est ma scolarité qui a décidé pour moi.

Quel fut ton parcours avant de publier ton premier album ?

Copyright Delcourt

Copyright Delcourt

Cela n’a pas été une super idée de penser que j’allais m’en sortir grâce au dessin car ça a été un peu long. J’ai d’abord passé un bac A3 puis fait les Beaux-Arts, sûrement par manque d’imagination, et je n’y suis pas resté très longtemps. A l’époque, les Beaux-Arts ne voyaient pas d’un très bon œil la BD, mais il y avait une section illustration. Je me souviens surtout d’un cours de sémiologie, cela m’a frappé, cette idée d’interpréter le sens des images, et je crois l’appliquer de mieux en mieux. Ensuite je suis parti des Beaux-Arts au bout de deux ans, sans avoir fini le cycle, et j’ai vécu de petits boulots. Je dessinais et essayais de me faire éditer. Cela a été très très long. C’était le début des blogs des dessinateurs, auxquels s’intéressaient les éditeurs. J’en avais moi-même créé un. Jean David Morvan, scénariste à succès, a vu mes dessins et est devenu directeur de collection chez Delcourt. Il m’a proposé de faire Le Dernier Jour d’un condamné. Et faire une adaptation de littérature, c’était vraiment la dernière chose que je pensais faire un jour.

Qu’est-ce que ton blog t’a apporté par la suite ?

C’était aussi la mode de faire son autobiographie en BD. Sur les blogs on racontait un peu son nombril. Je n’aimais pas trop ça en fait, je me suis forcé un peu, j’ai fait quelques pages, de petites histoires où je me mets en scène. Le blog m’a permis de faire des choses que je n’aurais pas faites autrement. L’idée, c’est aussi d’y essayer des trucs parfois un peu bizarres. Il y même un OUBAPO qui se consacre à cela. Le blog, c’est aussi travailler régulièrement, dans l’urgence. Du coup il y a sûrement beaucoup de déchets, mais je me suis amusé.

banniereStan

Quand on consulte ton blog, Le Ravi (http://stanislasgros.blogspot.fr/), et que l’on fait ta connaissance, on remarque que tu t’es construit une identité visuelle très forte. Comment souhaites-tu que l’on t’identifie en tant qu’auteur ?

L’identité visuelle n’a pas été fabriquée, elle est venue naturellement. Je me souviens qu’une fois j’avais fait un dessin pour une pochette de disque, pour des amis, qui avaient vu sur mon blog ma silhouette en train de prendre un café, avec ma chemise rayée. Ils en avaient fait un logo qu’ils avaient aligné avec les autres petits logos. Je ne l’avais vraiment pas fait exprès, mais maintenant, je me dis que je pourrais mettre ça à la fin de mes albums, comme une signature.

La suite samedi prochain.

Un zoo en hiver ** de Jirô Taniguchi (2009)

10.01
2010

Le jeune Hamaguchi se déplait dans son entreprise de textile à Kyôto : lui qui pensait pouvoir dessiner des modèles se retrouve à s’occuper de la réception des produits commandés aux ateliers de tissage et de la livraison auprès des détaillants. Alors, dès qu’il a du temps libre, il va dessiner les animaux du zoo. Un jour, son patron lui demande d’accompagner sa fille Ayako, qui vient de le couvrir de honte en trompant son mari, dans toutes ses sorties pour la surveiller. Comme il la laisse retrouver son amant, il sent le vent tourner pour lui et en parle à un ami qui le fait engager à Tôkyô comme assistant auprès d’un mangaka…

 

Un zoo en hiver est un récit largement autobiographique. L’histoire n’en est pas moins touchante puisque dans ce récit d’apprentissage, Taniguchi révèle au public ses premiers doutes malgré un talent certain, ses rencontres avec d’autres dessinateurs humbles et attachants, et surtout son premier amour, celui grâce auquel sa vocation va s’accomplir, celui pour une jeune fille à la santé déclinante qui va lui donner des idées et l’inciter à achever son manga. On peut d’ailleurs y voir aussi une certaine forme d’hommage à Mariko. Sans être au niveau de Quartier lointain, qui reste de loin son meilleur manga, celui-ci, plus intimiste, vaut le détour pour mieux comprendre son itinéraire.

A lire dans Carnets de SeL du même auteur :

Le gourmet solitaire *
Un ciel radieux **
Icare **
Terre des rêves *
L’orme du Caucase **
Le journal de mon père **
L’homme qui marche ***
Quartier lointain ***

Casterman, 2009. – 231 p. : ill. n.b.. – (Ecritures). – ISBN 978-2-203-02099-3.

Voir le commentaire sur l’ancien blog

Les bases en dessin et en peinture de Guillaume Le Baube

19.01
2006

cop. Dessain & Tolra

Cet ouvrage de référence aborde, avec un grand souci pédagogique, les sept notions fondamentales du dessin et de la peinture : les valeurs, la couleur, le volume ou le modelé, la perspective aérienne, la perspective linéaire, la composition et le mouvement. Dans chacun de ces sept chapitres, l’auteur nous explique clairement ces savoirs et savoir-faire à l’aide de schémas, de dessins et de nombreuses œuvres célèbres commentées.

Un outil appréciable pour comprendre la genèse des fresques et toiles les plus célèbres.

LE BAUBE, Guillaume. – Les bases en dessin et en peinture. – Dessain et Tolra, 2005. – 127 p. : 300 dessins et photos en coul. ; 21*26 cm.. – ISBN : 2-295-00051-3 : 20,90 €.

Anatomie pour l’artiste de Sarah Simblet

30.09
2005

cop. Dessain & Tolra

 

Dès le premier abord, on feuillette avec délice cet ouvrage broché aux illustrations de toute beauté : des reproductions d’œuvres célèbres, des dessins, des croquis, et surtout des photographies extraordinairement belles et lumineuses de nus de John Davis. Après un intéressant historique d’anatomie artistique, on lit avec attention une analyse détaillée de toute la structure du corps humain, partie après partie, ponctuée d’études d’œuvres. Vers la fin de l’ouvrage, le lecteur est invité à s’exercer à son tour au crayon, grâce aux leçons de dessin de l’auteur. Pour les amateurs de dessin et de photographie, voire à tous ceux qui d’ordinaire restent fermés aux merveilles de l’anatomie.

 

SIMBLET, Sarah. – Anatomie pour l’artiste. –Dessain et Tolra, 2002. – 255 p. : couv. ill. + ill. et photogr. ; 20*14 cm.. – ISBN : 2-04-720050-4.