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Che Guevara d’Alain Foix

13.07
2015
cop. Folio

cop. Folio

Etudiant argentin en médecine, grand admirateur des Damnés de la terrede Fanon, Ernesto Che Guevara rejoint les rangs de Fidel Castro, renverse avec lui Fulgencio Batista, devient procureur du tribunal révolutionnaire, occupe quelques postes politiques avant d’être assassiné par l’armée bolivienne.

Alain Foix commence par prendre le parti d’un va-et-vient entre sa fonction de procureur et le cours des événements passés. Loin de l’aventure héroïque, il nous révèle la réalité d’une révolution sur le terrain : ses traîtres et ses « bleus », sa peine de mort pour insubordination, désertion et défaitisme. Une révolution qui passe aussi par les médias pour convaincre les esprits : il nous fait revivre par exemple la mise ne scène épique de Castro pour blufer le journaliste du New York Times, alors que l’armée révolutionnaire ne comptait que dix-huit combattants, et dont l’article fit grand bruit pour contrer « ces gringos (qui sinon) ne vont pas tarder à concocter un prétexte, toujours le même d’ailleurs : la défense de la liberté dans le monde et de la démocratie avec son corollaire, la lutte contre les communistes. » « Calomnions, calomnions, il en restera toujours quelque chose », disait Beaumarchais… Ces mêmes gringos qui ont aidé en Amérique latine « à installer une dictature de la pire espèce, où cohabitent néonazis, ex-nazis et fascistes sauvés de la Seconde Guerre Mondiale. » Pour ce faire, Castro utilise la même arme qu’eux…

Une icône rendue à son humanité par le biais de cette biographie qui se lit comme un roman historique.

FOIX, Alain

Che Guevara

Gallimard (Folio biographies, 122 ; 2015)

353 p. ; 13 x 19 cm

EAN13 978207045592 : 9 €

 

Le palmier et l’étoile de Leonardo Padura

29.01
2009

cop. Métailié

De retour à La Havane, après 15 ans d’exil, Fernando Terry continue à être tourmenté par deux quêtes : celle d’apprendre lequel de ses amis l’a trahi et brisé sa vie, et celle de trouver enfin le mystérieux manuscrit autobiographique de son modèle, le grand poète José Maria Heredia, auquel il a consacré sa thèse.

« Ce décès, le premier des nombreuses disparitions d’êtres chers que je devais affronter tout au long de ma vie, me confronta violemment à l’évidence de la fragilité de l’existence humaine : cet enfant, que j’avais vu rire et grandir, avait soudain contracté de terribles fièvres et deux jours plus tard, il n’était plus qu’une dépouille humaine, placée dans un cercueil blanc. La fragilité de la ligne de vie m’apparut aussi dramatique et réelle que les vanités et les prétentions matérielles des hommes pouvaient sembler irréelles. » (p. 70)


Indistinctement, deux destins s’entremêlent, Leonardo Padura passant allègrement d’un narrateur à l’autre, de Fernando à Heredia, voire au fils de ce dernier, d’une époque à l’autre, si bien que leurs vies semblent se faire écho et se confondre dans un troublant cycle historique, entre leurs rencontres avec leur muse, leurs amours impossibles, leurs ambitions poétiques, leur engagement politique, la trahison de leurs amis et leur exil. Habitué à ses polars, on découvre là un premier grand roman de Leonardo Padura, riche, ample et complexe, donnant à voir à travers les décennies un même visage de Cuba.

« Ce retour imprévu de l’amour et de la poésie était trop alarmant et le besoin physique et mental d’avoir Delfina à ses côtés lui était douloureux, comme la sensation vivifiante de se tuer à petit feu chaque fois qu’il allumait une cigarette et qu’il emplissait ses poumons de cette fumée maligne et délectable. » (p. 232)

 

PADURA, Léonardo. – Le palmier et l’étoile / trad. de l’espagnol (Cuba) par Elena Zayas. – Métailié, 2009. – 389 p.. – (Suite hispano-américaine ; 143). – ISBN 978-2-86424-672-5 : 11 euros.

 

Vents de Carême * de Leonardo Padura (2006)

03.07
2006

Oubliant Tamara pour une pulpeuse saxophoniste rousse, Mario Conde doit retourner à son lycée pour enquêter sur l’assassinat d’une jeune enseignante, asphyxiée après avoir été battue et peut-être violée. Ce soir-là, une fête avait eu lieu chez elle, une fête avec de la musique, de l’alcool et de la marijuana…

Une fois de plus, cette enquête projette son protagoniste dans le passé, dans les amitiés naissantes, la peur de la délation et les scandales étouffés. Plaisant.

PADURA, Leonardo. – Vents de Carême / traduit de l’espagnol (Cuba) par François Gaudry. – Métailié, 2006. – 230 p.. – (Suites ; Noir ; 122). – ISBN : 2-86424-581-7 : 9,50 €.

Tropique des silences *** de Karla Suarez

11.09
2005

C’est l’histoire d’une fillette maigrelette aux cheveux crépus et aux yeux clairs, dont la famille habite bon an mal an dans la Havane des années 70. Alors qu’à l’école elle fuit ses camarades de classe dont elle observe cyniquement le manège, elle doit, de retour chez elle, supporter une mère argentine éplorée se repaissant inlassablement de ses tangos, une tante suicidaire, un oncle masseur vouant une préférence pour les garçons, une grand-mère revêche,… Sans oublier l’image sur papier glacé d’un père officier à qui chaque soir elle est contrainte d’envoyer des baisers. Devenue étudiante, entourée de quatre amis amoureux d’elle, qu’elle surnomme Quatre, le Poète, Dieu et le Coke, elle se passionnera pour une vie de bohème marquée par la lecture et l’écriture de contes et de poèmes…

Karla Suarez promène un regard tranquille et lucide sur l’atmosphère de Cuba, les rêves que l’île interdit et ceux, plus artificiels, où elle permet de se réfugier. Pour son premier roman, elle a choisi comme beaucoup de commencer par un retour à ses racines, et donc à Cuba, pour évoquer l’épanouissement d’une fillette pas comme les autres, une fillette apprenant à ne compter que sur elle à chaque coup dur, une fillette décidée et solitaire qui pourrait bien lui ressembler. Elle nous offre ainsi un roman d’apprentissage à l’humour assez corrosif sur la famille, l’amitié et la vie.

SUAREZ, Karla. – Tropique des silences./ traduit de l’espagnol (Cuba) par François Gaudry. – Métailié, 2005. – 218 p.. – (Suites ; 108). – ISBN : 2-86424-549-3 : 10 €.