Mots-clefs ‘croyance religieuse’

Tao-tö king de Lao-Tseu

08.06
2015

Livre de bambou chinois, By vlasta2, bluefootedbooby on flickr.com [CC BY 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)], via Wikimedia Commons

Bible fondatrice du taoïsme, le « livre de la voie et de la vertu » présente la doctrine monothéïste de Lao-Tseu (570-490 avant J.-C.). Il s’agit d’un recueil d’aphorismes sibyllins et elliptiques qui ont fait l’objet d’innombrables commentaires et interprétations.
Partie d’un a priori plutôt positif, j’ai été rapidement déçue par ce que j’ai pu y lire entre les lignes : certes, il s’inscrit à un degré beaucoup moindre que je ne l’aurais cru dans une pensée proche de l’épicurisme :
« Qui prend conscience de son erreur ne commet plus d’erreur. »
Mais il prône surtout l’existence d’un esprit supérieur, le Tao, et l’absence de trouble dans une société en se gardant bien d’élever la conscience du peuple… Et cela ne lasse pas de me déranger aux encoignures.
Tao-tö king de Lao-Tseu

Trad. du chinois par Liou-Kia-hway

Gallimard (Folio Sagesses ; n° 5956), avril 2015

198 p.

Le livre des nuits de Sylvie Germain

08.11
2011

 

cop. Folio

Voici l’étrange destinée de Victor-Flandrin Péniel, né sur l’eau douce au fil des canaux calmes et d’une famille de bateleurs à la lignée maudite, contraint de gagner les terres et dès lors surnommé Nuit-d’Or-Gueule-de-Loup à cause des mystérieuses taches d’or qui scintillent dans son oeil noir et de ce loup dont il s’était fait un ami à son arrivée dans le hameau. Ainsi, de 1870 à la seconde guerre mondiale, dans cette région frontalière de la Meuse qui subit de plein fouet les trois guerres, le bonheur effleurera parfois la vaste famille de Victor-Flandrin, quatre fois recomposée et marquée par le sceau de ses taches d’or et de la gémellité, avant que la mort ne la fauche impitoyablement.

Voici un roman dont je n’ai lu et entendu dire que du bien. C’est pourquoi j’ai poursuivi ma lecture, avec obstination, lorsque les premiers chapitres n’ont pas répondu à mon attente, envoûtants certes, comme transportés dans le monde lointain et imaginaire des contes, mais pétris aussi d’une odeur de terroir et de péché à expier qui me plaisait à moitié. Et puis, enfin tournée exclusivement sur la destinée de Victor-Flandrin, cette histoire comme enveloppée d’un voile surnaturel et d’une brume atemporelle m’a emportée, émerveillée par la saga de cette famille extraordinaire, frappée par la ponctualité de ses coups du sort. Il m’en reste ainsi tout à la fois le plaisir d’un conte merveilleux saisi au milieu des croyances populaires (Vitalie, sa grand-mère, même morte, le protège toujours de son ombre blonde ; les sept larmes de son père défunt deviennent autant de perles à l’odeur de coing et de vanille), et un arrière-goût bileux d’épreuves, de souffrances et de morts comme justifiées par l’absence de croyance religieuse et la prédominance de l’ignorance et des passions : les enfants morts nés se changent en statue de sel ; du sang coule mystérieusement de la tache de naissance de l’une de ses filles à chaque mort, laquelle deviendra carmélite ; comme opposant ses défenses naturelles à la concupiscence d’un père pleurant sa fille défunte, l’une de ses épouses perdra toute pilosité,…

Beaucoup aimé

 

Au final donc cela se révéla être un bon roman !

 

Au-delà des terres infinies de Sôkyû Genyû

28.05
2008

cop. Picquier

Titre original : Chuin no hana (Japon, 2001 – France, 2008)

Médium, Mme Ume a prédit sa propre mort, laquelle s’accompagne de phénomènes inhabituels qu’observe Sokudô, jeune bonze qui a la charge d’un petit temple dans les montagnes, sans en dire un mot, tandis que sa femme Keiko lui confie l’avoir consultée après sa fausse couche…

Sous-directeur du temple Fukujuji de la secte zen Rinzai-Myôshinji, Genyû Sôkyû a reçu en 2001 le prix Akutagawa (le Goncourt japonais) pour cette histoire tirée de son expérience personnelle de bonze. Il n’en faut pas moins pour susciter l’intérêt, mais ce court « roman » le fait vite retomber, ne dégageant rien de vraiment intéressant, ni au niveau de l’intrigue, ni au niveau de la réflexion spirituelle.

« Il s’était bien dit que s’il gardait fortement la conscience qu’il était bonze, tout devrait aller bien : plus de cauchemars et pas question d’envoûtement.«  (p. 57)
GENYÛ, Sôkyû. – Au-delà des terres infinies / trad. du japonais par Corinne Quentin. – Picquier, 2008. – 117 p.. – ISBN 978-2-8097-0014-5 : 12,50 €.