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Léa ne se souvient pas comment fonctionne l’aspirateur * de Gwangjo et Corbeyran (2010)

06.07
2011

copyright Dargaud

 

Jetant un coup d’oeil par hasard sur les pages d’un journal intime tombé d’une poubelle, Louis Levasseur, écrivain fauché, trouve l’inspiration, ou plutôt s’en empare pour en tirer un roman qui devient aussitôt un best-seller. En effet, féministes et femmes au foyer voient en l’amnésie de Léa, l’héroïne, devenue incapable de faire fonctionner les appareils électroménagers, une rebelle des tâches domestiques. Un jour Louis rencontre la vrai Léa et découvre sa « véritable » histoire…

Ce scénario assez classique n’est pas sans rappeler celui du film Roman de gare de Claude Lelouch, au niveau de la thématique de l’inspiration romanesque et de l’effet de surprise créé sur l’identité du héros. Mais cela s’arrête là. Le lecteur n’éprouve aucune sympathie pour cet écrivain qui viole l’intimité d’une jeune femme pour ensuite piller son histoire. S’il y a effet de surprise et retournement de situation, c’est cette fois à propos de l’héroïne de son roman, qui connaît un destin tragique.

C’est le dessin, en fait, qui m’a le plus impressionnée, un dessin précis et expressif au crayon par le Coréen Gwangjo.

Une bande dessinée sombre et mélancolique, abordant un sujet encore souvent tabou en France, et pourtant ô combien fréquent.

Copyright Gwangjo

 

Léa ne se souvient pas comment fonctionne l’aspirateur / Gwangjo et Corbeyran. - Dargaud, 2010.- 127 p. : ill., couv. ill. en coul.  ; 25 cm. - ISBN 978-2-505-00861-3 : 19 €.

Metronom ** de Corbeyran et Grun (2010)

17.09
2010

Tome 1 : Tolérance zéro

Dans une pseudo-démocratie du futur qui prône un vote démocratique biaisé pour légitimer une politique sécuritaire et des décrets liberticides, une jeune femme, Lynn, tente d’avoir des nouvelles de son compagnon, parti en mission depuis deux mois. Lorsque le hasard lui fait rencontrer Linman, un journaliste, peintre et anarchiste, dont les articles sont constamment censurés, elle en apprend enfin davantage. Mais ce dernier est soupçonné d’avoir envoyé au Président un livre illustré pour enfant ô combien condamnable…

A travers cette société futuriste, condamnant les familles de suicidés et les sans-logis, le scénariste dénonce les dérives possibles d’une politique actuelle qui, au nom du bien de chacun, commence à lui interdire un certain nombre de libertés individuelles (tabagisme, nomadisme, …).

Le dessin n’est pas foncièrement original ; parfois même il diffère les traits de ses personnages.

Néanmoins l’histoire est bien ficelée, captivante, et on entre complètement dans cet univers étouffant, morne et grisâtre, où l’on s’identifie rapidement aux deux héros.

On a hâte de lire le prochain tome !

Enki Bilal honore d’ailleurs ce premier opus d’une préface.

CORBEYRAN, GRUN. – Metronom’ : tome 1 : Tolérance zéro. – Glénat, 2010. – 55 p. : ill. en coul.. – ISBN 978-2-7234-6811-4 : 13,50 €.