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Louise Michel : la Vierge rouge de M. & B. Talbot

23.11
2016
cop. Vuibert

cop. Vuibert

La biographie de Louise Michel m’est pour le moins familière, m’étant intéressée de près à cette figure féministe et anarchiste de la Commune, au point de vouloir en écrire le biopic. Le même mois où je découvre que La Danseuse, biopic de Loïe Fuller sur lequel je travaillais, était portée au grand écran, j’aperçois donc cette bande dessinée publiée en dehors du circuit des grands éditeurs, fruit du travail d’un couple de britanniques. C’est ce qu’on appelle l’herbe coupée sous le pied, par deux fois.

Priorité a été donnée ici à son action pendant la Commune, et à son parti pris contre les injustices sociales partout où elle va, à Paris comme en Guyane. Coup de projecteur pertinent, mais qui ne met du coup pas en lumière toutes ses autres activités du quotidien, d’éducation et de transmission notamment. De même, le dessin de Monique est simplifié à l’extrême : pourquoi ? Choix a également été fait de faire ressortir le rouge du noir et blanc, qui éclate parfois sur les planches. Bref j’ai bien aimé mais regretté que le scénario ne nous semble qu’effleurer le personnage, comme s’il restait à distance, sans vraiment lui donner corps, nous le faire connaître, nous faire entrer en lui en nous faisant partager ses émotions et sa vie.

Communardes ! Les éléphants rouges

23.03
2016
cop. Vents d'ouest

cop. Vents d’ouest

 

Scénario : Wilfrid Lupano

Dessin et couleurs : Lucy Mazel

Septembre 2015

10 octobre 1870 : Paris est assiégée par l’armée prussienne. La création d’un bataillon d’amazones, payées 1 franc 50 comme les hommes, ne fait pas l’unanimité parmi les femmes, les unes prétextant la garde de leurs enfants, les autres l’égalité des sexes et la défense de la capitale. Victorine est chargée par sa mère d’aller au ravitaillement, qui s’est engagée sur le front et dans les clubs féministes. Mais à onze ans, elle préfère s’occuper des éléphants Castor et Pollux, au jardin des plantes, et prend la tête d’un groupe d’enfants en leur exposant son plan pour écraser les ennemis à l’aide des pachydermes…

Second volet dessiné avec beaucoup de talent par Lucy Mazel de la trilogie Communardes !, série imaginée par Wilfrid Lupano (cf ma chronique du premier volet), cette histoire, fictive cette fois, permet d’imaginer le quotidien des femmes et des enfants anonymes sous la Commune, rêvant à de lendemains meilleurs. Dommage toutefois que, contrairement au premier volet biographique, elle soit davantage sortie de l’imaginaire de l’auteur que de l’Histoire de la Commune, encore trop méconnue. Divertissant et instructif au demeurant.

Communardes ! L’aristocrate fantôme

24.02
2016

 

cop. Vents d'ouest

cop. Vents d’ouest

 

Scénario : Wilfrid Lupano

Dessin et couleurs : Anthony Jean

Septembre 2015

1871, Londres. Karl Marx s’est laissé approcher par une jeune aristocrate russe, Elisabeth Dmitrieff, qui épouse ses idées, et l’a envoyée à Paris pour le tenir informé de ce qui s’y passe et de qui sont les Communards. Effectivement, sur place, son charme, son intelligence et sa ruse en font rapidement une redoutable révolutionnaire, et qui plus est la présidente de l’Union des femmes, premier mouvement officiel féministe d’Europe.

Premier volet dessiné par Anthony Jean de la trilogie Communardes !, série imaginée par Wilfrid Lupano, cette première histoire nous fait découvrir une femme d’exception, Elisabeh Dmitrieff, venue du froid de la Russie, une aristocrate qui plus est. Le dessin est précis, impeccable, l’histoire prenante…. Vite, le second !

 

Tableau de Paris sous la Commune de Villiers de l’Isle-Adam

17.05
2013

tablodeparisvia« Ainsi l’esclave, marqué au front du signe de l’exil, des pontons, de l’échafaud et des colonies lointaines, l’esclave-peuple a déclaré son droit à la vie et au soleil. » (p. 54)

Qui aurait pu croire qu’Auguste Villiers de l’Isle-Adam, aristocrate catholique, aurait pu s’intéresser d’aussi près à la Commune et même prendre parti pour ces gens du peuple paralnt de liberté et de fraternité comme d’une « religion nouvelle » ? On a pourtant toutes les raisons de penser que ce texte, qui n’a jamais été signé de son nom, est bien de lui, d’où son insertion dans ses œuvres en Pléïade, malgré de nombreuse réserves. A cette lecture, on se surprend à penser que l’auteur du fascinant L’Eve future et des remarquables Contes cruels, n’était à coup sûr catholique que par convenance sociale, et qu’il aurait volontiers troqué sa condition d’aristocrate désargenté pour pouvoir lui aussi ressentir toute l’exaltation d’une révolution en marche. Ce texte poétique montre combien il comprenait les Communards et partageait leur rêve d’une nation meilleure et plus juste. Hélas comment cela se termina, et Auguste Villiers de l’Isle-Adam s’empressa de retourner sa veste pour garder la vie sauve. Il n’empêche : cet épisode biographique contribue à le faire encore monter dans mon estime.

 

 

VILLIERS DE L’ISLE-ADAM, Auguste. – Tableau de Paris sous la commune. – Sao Maï, 2011. – 103 p.. – EAN13 9782953117615

Acheté à la librairie indépendante Terra Nova de Toulouse.