Mots-clefs ‘catastrophe nucléaire’

Un printemps à Tchernobyl d’Emmanuel Lepage

30.11
2016

Un printemps à TchernobylDans le train qui le mène à Tchernobyl, le narrateur lit La supplication de Svetlana Alexievitch, l’une des survivantes à la plus grande catastrophe nucléaire du XXe siècle, qui perdit et son mari et son bébé. Deux vies rappelées parmi les dizaines de milliers de victimes. A l’époque, Alain Madelin annonçait au journal qu’ »il n’y a aucun problème de sécurité en France » et que le nuage radioactif s’était arrêté à la frontière. C’est sur l’invitation de l’association les Dessin’acteurs qu’Emmanuel Lepage a décidé de se rendre sur place pour pouvoir raconter ce qu’il reste 22 ans après…

On est saisi tant par l’originalité du récit-témoignage que par la beauté du dessin, parfois glaçante, glissant du noir et blanc vers des couleurs éclatantes, mystérieuses, presque plus inquiétantes. L’un d’ailleurs, forcément, ne va pas sans l’autre : parti plein de préjugés sur ce qu’il va trouver à Tchernobyl, le narrateur est surpris par la vie foisonnante qu’il y découvre, tant dans les zones interdites où faune et végétation ont repris leurs droits, que dans les villages proches où les habitants rient, dansent et jouent, à la frontière de cette menace invisible. On sort subjugué par l’authenticité de ce témoignage du narrateur qui ne cherche pas à tout prix comme tant d’autres à montrer ce qu’il est parti trouver, et par la noirceur de ce joyau au coeur d’une des pires catastrophes générées par l’être humain lui-même. Terrible et magnifique.

Les retombées de Jean-Pierre Andrevon

05.04
2015

cop. Le passager clandestin

 

« Après l’éclair, il y avait eu le grondement sourd de l’explosion, et, après le bruit, le souffle. »

François ignore tout de ce qui a bien pu se passer. Dans le brouillard suffocant à travers lequel il avance, mettant entre le plus de distance possible l’origine du souffle de l’explosion et lui, il rencontre un couple, un vieillard et une jeune femme. Ils trouvent ensemble un abri pour la nuit. Le lendemain, des militaires en scaphandre les emmènent dans un camp avec d’autres rescapés…

Publiée en 1979, l’année de l’accident de la centrale de Three Mile Island, Les retombées ne raconte en rien les retombées radioactives d’une quelconque attaque ou d’un quelconque accident. Si le danger existe bel et bien, quelle que soit l’origine du problème, c’est la gestion du jour d’après par le gouvernement qui intéresse Jean-Pierre Andrevon, une gestion qui rappelle pour le moins au narrateur une solution finale : ne s’agit-il pas de laisser les survivants dans l’ignorance et de les empêcher de témoigner ?

Un récit d’anticipation qui fait froid dans le dos, d’autant plus lorsqu’on habite entre deux centrales nucléaires.

ANDREVON, Jean-Pierre

Les retombées

Le Passager clandestin (2015).

108 p. ; 17*11 cm.

EAN13 9782203369350286 : 7 €.