Que reste-t-il aujourd’hui de cette Byzance rêvée ?
Que peut-on encore voir de la Constantinople passée à l’ambition démesurée ?
Et à quoi ressemble Istanbul aujourd’hui ?

Istanbul est la seule ville au monde qui unisse deux continents, l’Orient et l’Occident. Séparée par la Corne d’Or et le Bosphore, elle est composée de trois parties distinctes : Stanboul, le vieux quartier, Beyoglu, le quartier plus récent formant la partie européenne, et Üsküdar, pour la partie asiatique de la ville.
Istanbul, à l’image de sa situation géographique, à cheval sur deux continents, est une capitale écartelée entre sa culture orientale et sa volonté d’occidentalisation.

Les touristes viennent y contempler les rares vestiges de la Byzance des Grecs, ou de la Constantinople de l’Empire romain d’Orient et la capitale des sultans ottomans, et tenter de retrouver celle qu’il y a plus de 1 000 ans, les Chinois appelaient la « ville des villes », celle qui, à la fin du IXe siècle, comptait presque 1 million d’habitants.
Que reste-t-il aujourd’hui
de cette Byzance rêvée ?
la célèbre Basilique Sainte-Sophie ***, ou « Ayasofya » où l’on couronnait les empereurs byzantins, joyau de l’architecture byzantine, avec son immense coupole encadrée de 107 colonnes. Ce que l’on peut encore voir a subi une longue histoire de constructions, d’incendies, de démolitions et de modifications.
L’Eglise Saint-Sauveur-in-Chora ***
(kariye camii sodak). Construite au XIe siècle sur les ruines d’un monastère à l’écart de la ville, elle force l’admiration par ses mosaïques à fond d’or gardées intactes.

La Citerne romaine **
construite par Constantin, alimentée par l’aqueduc de Valens, elle fournissait de l’eau à toute la ville et avait une capacité d’environ 80 000 mètres cubes.
La place de l’hippodrome *
construit par Constantin en 326-330, qui n’était pas seulement destiné aux courses de chevaux mais aussi aux cérémonies. Ce fut dans l’histoire le théâtre de tous les événements sociaux et politiques de l’histoire byzantine. Trois monuments importants y subsistent : l’obélisque du pharaon Thoutmosis, la colonne Serpentine et l’obélisque de Constantin VII.
Les vestiges des murailles *
Que peut-on encore voir de la Constantinople passée
à l’ambition démesurée ?
♦ le Palais de Topkapi ***, qui se dit « Topkape », soit palais de la porte des Canons, dans la mesure où ces derniers protégeaient l’une de ses entrées donnant sur la mer. Il s’agit de l’ancien lieu de résidence ottoman de 25 souverains turcs. Depuis le cloître de Bagdad, on domine et la Corne d’or et la ville d’Istanbul. Admirez les fenêtres et les portes, habillées de nacre et d’ivoire, ainsi que les faïences décorées de motifs floraux et animaux. Imaginez-vous lire dans les bibliothèques du Sultan, surplombant la Corne d’or…. Des cadres de vie idylliques, si on oublie les ordres sanguinaires de l’un, et la prison dorée à perpétuité de l’autre.
A voir absolument : le harem ***, qui occupe une place extrêmement importante dans le palais (entrée payante) et la bibliothèque **, construite en 1718.
Détails pratiques : arriver dès 9h, à l’ouverture, et compter 5 à 6 h de visite.

♦ des mosquées, et en particulier :
La Mosquée de Soliman « le magnifique » (Süleymaniye) ***
La Mosquée bleue *** , aux 6 minarets. Construite au début du XVIIe siècle (sultan Ahmet Ier), sa coupole, immense, mesure 43 m de haut ; elle est percée de 260 vitraux ; son intérieur est décoré de faïences turquoises d’Iznik.

Détails pratiques : Évitez le vendredi, jour de prière, porter des vêtements corrects. Allez voir la Mosquée bleue le soir : la foule s’y pressera moins, le lieu retrouvera son calme.
♦ le quartier ottoman de Sogukçesme juste derrière la Basilique Sainte-Sophie et le long de l’enceinte de Topkapi. Mais dans cette ruelle pavée, les maisons en bois rénovées, transformées en hôtels de luxe, ont perdu toute la patine des ans et leur charme d’antan.
♦ les faïences des tombeaux qui jouxtent la Basilique Sainte-Sophie
♦ le grand Bazar plus pour son architecture (Kapali Cali) que pour ses 1000 boutiques. Il fut construit en 1461 par le sultan Mehmet II Farih. A son centre : Bedesten, une immense salle surmontée de quinze coupoles posées sur des piliers. A voir aussi le bazar aux livres : Sahaflar çarsisi (porte sud-ouest du Bazar).
♦ le marché alimentaire du bazar égyptien, un peu moins touristique
♦ Les yali, construites au ras des flots : quartier d’Arnatvütköy, du plus pur style ottoman, sur la rive européenne.

Et à quoi ressemble Istanbul aujourd’hui ?
Certes, Istanbul a perdu la splendeur de sa période byzantine et ottomane, même si ses couchers de soleil sur ses 2500 mosquées et minarets restent parmi les plus beaux, hantés par le chant envoûtant à dessein des muezzins.
Ayant perdu son statut de capitale, elle compte néanmoins plus de 12 millions d’habitants et offre la vision d’une grande métropole européenne, même si on discute toujours de son entrée problématique (premier pays musulman) ou stratégique (pont vers l’Orient et les pays arabes), c’est selon, dans la Communauté Européenne.
Istanbul offre ainsi le visage voilé de ses habitantes et celui, souriant et dynamique, de ses commerçants, artisans et colporteurs. Bruyante, l’Istanbul moderne vibre sous les pas d’une foule continuelle, particulièrement visible dans le quartier de Taksim, dans laquelle se fraie un passage un wagon traditionnel.
A voir :
sur la rive occidentale :
la Gare de l’Orient Express * (Sirkeci) <TRAM – sirkeci>
la place Beyazit * (Porte de l’université)
sur la rive orientale :
le quartier de Beyoglu *, en commençant par le quartier de Galata *, qui monte énormément : l’occasion de prendre le fameux Tunnel ! C’est le quartier des instruments de musique, des antiquaires. On peut y boire de la bière, sortir, etc… C’est également le quartier des antiquaires et celui de Galatasaray. De la fameuse tour de Galata, on a un point de vue exceptionnel.
Mais si la file d’attente vous fait hésiter, vous pouvez toujours monter boire un verre ou dîner au bar de l’hôtel Anemon Galata, à l’ombre de la tour de Galata, avec un panorama s’en approchant.
c’est dans ce quartier surtout, et notamment dans la Rue Istikalal Cadessi qu’Istanbul reste animé le soir et qu’elle s’ouvre à l’art contemporain, avec ses musées et expositions temporaires (par exemple, celle au CentrePlatform Garanti d’Art Contemporain) d’Ali Cabbar (Huzurzuz Gölge = Disuiet Shadow).
Hôtel Pera Palas *, devenu mythique : C’était LE palace d’Istanbul à la Belle Epoque. De nombreuses célébrités y ont séjourné : Sarah Bernhardt y a occupé la chambre 304, Mata Hari la chambre 104, Greta Garbo la chambre 103, Ernest Hemingway la 218, et enfin Agatha Christie la chambre 411. Marcel Proust, Jean Giraudoux et Graham Greene y sont passés aussi.
Pourquoi pas ne pas aller boire tranquillement un verre dans son bar art nouveau, plutôt que de faire partie des cohortes de touristes curieux visitant la fameuse chambre 411 ?
Le Grand hôtel de Londres, au charme désuet,
La Place TAKSIM,
On peut se dispenser de la visite du palais de Dolmabahçe, le nouveau plais impérial (qui signifie « jardin plein », avec ses 285 pièces). Escalier d’apparat, salle du trône. Toutes les pendules sont arrêtées à l’heure de la mort de Kemal Atartük, le père des Turcs, le 10 novembre 1938.
Certes, c’est un magnifique palais, qui « en met plein la vue », avec surtout son incroyable salle de réception pour les festivités et son escalier monumental avec une rampe en cristal et son dôme en verre, mais, comme il fut conçu par un architecte français sous Napoléon III, ce palais nous surprendra moins, nous Français. Aussi, si vous disposez de moins de 5 jours pour visiter Istanbul, j’aurais tendance à vous suggérer de mettre en option facultative sur votre programme !
Par ailleurs, le mode de fonctionnement de la visite du palais est assez prohibitif, puisque la visite guidée est obligatoire, même en tant qu’individuels, et faite au pas de charge pour éviter les embouteillages entre troupeaux de moutons, pardon entre groupes.

A faire :
Une croisière sur le Bosphore ***
On y aperçoit des palais sur les rives, comme le fameux palais de Dolmabahçe.
Monter au café Pierre Loti ** pour y prendre le thé sur l’une des nappes à carreaux blancs et rouges, et contempler la vue panoramique sur la Corne d’or,
Aller au hammam *(évitez les hammams touristiques où vous vous retrouverez entre touristes, et comptez 10% en plus pour les masseurs)
Sortir des sentiers battus, errer dans les quartiers éloignés des sites touristiques.
Programme éventuel
JOUR 1 : quartier de Sultanahmet
- 9h Visite du palais de Topkapi et de son harem,
- En milieu d’après-midi : passer par le quartier ottoman de Sogukçesme, juste derrière la Basilique Sainte-Sophie, et le long de l’enceinte de Topkapi.
- Se promener dans le parc public situé en contrebas du palais, l’un des rares et des plus soignés d’Istanbul.
- Retourner ensuite visiter la Citerne romaine,
- Soirée : traverser la place de l’Hippodrome et aller vous asseoir dans la Mosquée bleue pour y admirer ses faïences.
JOUR 2 : quartiers de Sultanahmet puis de Beyoglu
- 9h Visite de la Basilique Sainte-Sophie
- Aller voir les faïences des tombeaux qui jouxtent la Basilique Sainte-Sophie
- Déjeuner ou dîner sous le pont de Galata, le meilleur point de vue sur Topkapi ou sur les mosqu ées
- Après-midi et soir : Quartier de Beyoglu
JOUR 3 : quartiers ouest avec celui d’Eyüp
- Visite de l’église Saint-Sauveur,
- Monter au Café Pierre Loti (le quartier porte aussi son nom, avec une orthographe « turquisée »)
- Hammam
JOUR 4
- Gare de l’Orient-Express
- 10h30 Traversée du Bosphore en ferry,
- 12h Arrivée à l’embouchure de la mer noire.
- Retour au village par la ligne 15 : déjeuner, yaourt
- Retour en bus C232 jusqu’à la place Taksim
JOUR 5 : quartier du bazar
- Visite de la Mosquée de Soliman le Magnifique
- Pause « Boza »
- Promenade et achats dans le Grand Bazard et le Bazar égyptien
A comprendre – les détails des la vie quotidienne des Stambouliotes
Les règles de politesse :
- les plus jeunes cèdent leur place aux femmes et aux plus âgés, dans les bus et tramways, usage révolu en France.
- Les hommes ne regardent pas l’épouse de leur interlocuteur, par respect.
A table, on vous sert systématiquement de l’eau (en bouteille ou sous plastique) et du pain. Compter 10% de service.
Les toilettes publiques sont à 1 LT.
Les prix sont en général assez uniformisés. Par exemples, vous paierez partout votre grande bouteille d’eau 1 LT, et vous aurez les mêmes tarifs de poissons grillés dans tous les restaurants sous le pont de Galata.
Bien sûr les chats grouillent à Istanbul, grands chasseurs d’animaux nuisibles, mais il reste quelques chiens qui n’ont pas été éradiqués, paressant allongés de tout leur long tels des chats, sans laisse, au soleil.
Les sollicitations diverses lorsque les Stambouliotes comprennent que vous êtes touristes : remerciez d’un non de la main et passez votre chemin, ou dites au restaurateur que vous avez déjà mangé.
La plupart des Stambouliotes s’habillent avec discrétion. Beaucoup de femmes s’habillent en noir, portent leur jupe longue et des foulards colorés.
Des appareils de gymnastique sont mis à disposition dans les parcs. Quelle bonne idée !
Les moyens de transport
- L’avion (bon rapport qualité-prix avec une escale à Zurich avec la compagnie suisse)
- Le train (entre autres le fameux Orient-Express)
- Le tramway, très pratique
- Le bus
- Le dolmus (prononcer « dolmouche ») : fourgonnettes qui font fonction de bus, à prendre « au vol » en repérant les différentes destinations indiquées sur la pancarte derrière le pare-brise. Les tarifs sont fixes, et le touriste a peu de risques de se faire arnaquer, car conduisant tout en surveillant qui a payé et qui n’a pas payé (en entrant), le chauffeur a peu de temps à perdre en palabres !
- Les taxis jaunes
- Le métro
- Les « œufs » pour monter au café Pierre Loti
- Le ferry
- Les deux funiculaires dont un pour le quartier Istikalal Caddesi
- Le tunel (1 arrêt) traverse Galata : c’est le premier métro au monde !
- Le tramway historique
N’acceptez pas, lors de la réservation de votre chambre, le taxi de votre hôtel : de 15 à 20 euros la course, il est tellement élevé par rapport aux autres solutions offertes qu’il n’ose même pas le proposer au retour, où n’importe quelle agence de voyage vous prendra de votre hôtel pour 4 euros par personne.
Vous trouverez des panneaux « Stop » : ils s’écrivent « Dur » et se prononcent « dour » en turc.
Où se loger
- Hôtel Hanedan ** (www.hanedanhotel.com) : Bien situé pour l’accès aux principaux monuments. Agréable toit-terrasse où est servi le petit-déjeuner, dominant le Bosphore et donnant sur la basilique Sainte-Sophie. La chambre familiale Byzantium donne sur ces deux vues.
A boire et à manger :
Thé turc (çay, se dit « tchaï ») : trop infusé à mon goût, il est bu partout et en toutes circonstances.
Boza ** : en boire au café Vefa Bozacisi (rue katip celebi caddesi 102, VEFA-NO de la mosquée), fondé en 1876, où l’on sert uniquement cette boisson au goût inhabituel, un peu amer, à base de blé concassé.
Raki *** : à base d’alcool d’anis étoilé, il peut se boire pur, avec un verre d’eau. Il est à mon goüt bien meilleur que notre fameux pastis marseillais, plus pâteux sous la langue.
Döner kebap *** : Kebab
Aubergines grillées ***
Poisson grillé (bar, daurade, rougets, sole) sous le Pont de Galata ** ou au bord ***, en face de la mosquée de Souleyman, moins cher, sur des tables en plein air.
Köfte ** : boulettes de viande grillées (adresse possible : Tarihi Sultanahmet Köftecisi Selim Usta, Divan Yolu Caddesi 12 (près de l’arrêt de tramway Sultanahmet))
Mezze *** : hors-d’œuvres (mousse d’aubergines, tzatziki, moussaka, …)
Midye Dolma *** : moules fourrées (au Marché aux poissons «Sampiyon Kokoreç»)
Midye ** : brochettes de morceaux de sardines frits au yoghourt (http://sampiyonkokorecci.com)
Simit * : petites couronnes de pain couvertes de graines de sésame.
Baklava ** : feuilleté au miel et aux noix (une bonne adresse : Baklavaci Said : www.baklavacisaid.com)
Lokum *: loukoum
Ayran *** : yaourt liquide
On peut s’en dispenser :
Suivre les yeux fermés conseils de vos guides touristiques, qui vous suggèrent un hammam mixte (alors qu’il est habituellement uniquement fréquenté par des hommes) ou qui vous emmènent le soir dans des quartiers sans grand intérêt ou ultra – touristiques, pour manger sur des tables aux jolies nappes.
En effet, nul besoin d’aller dans des restaurants un peu plus « classe » pour bien manger. On paie le service professionnel, la nappe et le décor, mais dans l’assiette, les portions sont chiches et ne diffèrent que très peu des « bouis-bouis » extérieurs !

Evitez donc Hamdi et Lokantasi, duquel, certes, la vue peut être belle, à condition d’avoir une table près de la baie vitrée au 3e étage ou en terrasse.
Nul besoin de goûter à des plats dits historiques, à base d’agneau bouilli, comme le Pilic Topkapi (plat ottoman, à base de poulet), le Bolu Piknigi (plat d’Anatolie centrale), les Manti (Cappadoce, raviolis turcs servis avec du yaourt), le Rahibe Kesesi (Chrétien d’Istanbul, feuilleté d’agneau), ou enfin le Papaz Yahonisi, plat byzantin, à base d’agneau, d’oignons, de pommes de terre, d’ail, de cumin et de potiron : cela se rapproche de nos plats traditionnels français, sans avoir beaucoup de goût. Le moindre kebab servi avec des aubergines grillées en aura bien davantage !
Souvenirs souvenirs :
En plus des livres et cartes postales qui vous permettront (de vous) d’offrir les plus belles vues d’Istanbul, sans mitrailler avec frénésie chaque lieu sur votre passage, vous pouvez aussi rapporter des boîtes de loukoums, des bouteilles de raki (dans votre valise en soute, pas dans votre sac à dos !) ou des céramiques, près de l’église Saint-Sauveur.
Le mot de la fin d’un grand musicien :
Le kebab est le même quelle que soit la nappe.
Sources
Webographie
http://www.routard.com/guide/code_dest/istanbul.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Istanbul
Bibliographie des documentaires
A emporter, malgré quelques erreurs, surtout au niveau des plans et adresses : Lonely Planet, Guide du routard
Lu : Turquie : une mosaïque de cultures. – Minerva, 1998. – p. 54-73.
A feuilleter pour ses belles photographies ou à acheter en souvenir : PAMUK, Orhan, GÜLER, Ara. Istanbul : Ara Güler. Pacifique, 2009. ISBN 978-2878681307 : 35 euros.
Bibliographie des œuvres de fiction
PAMUK, Orhan. Istanbul. Gallimard, 2010. 547p. : photogr. n.b. (Folio). ISBN 978-2070358601 : 9,20 euros.
