Mots-clefs ‘anticipation’

No war : tome 4 d’Anthony Pastor

09.07
2020

IMG_20200709_110913Sur Saarok, l’île sanctuaire des Kiviks, la situation continue à s’envenimer. Run et Jo, forcés par les pierres magiques à rester ensemble, se réfugient dans la grotte aux esprits, et y apprennent la vérité sur la mort de Luka, le grand frère de Run…

Les aventures des différents adolescents embarqués de près dans le conflit se poursuivent. Le plaisir à leur lecture s’émousse… La faute au délai entre les tomes, à l’effet de surprise tombé.

Library wars de Yumi & Arikawa

22.06
2020

IMG_20200615_085606Les deux premiers tomes

Dans un futur alternatif, le gouvernement japonais juge néfastes certaines lectures et décide de les censurer au moyen d’un comité d’amélioration des médias. Mais les bibliothécaires défendent parfois au prix de leur vie leurs livres, revues et journaux, et finissent par faire voter la loi de sauvegarde des bibliothèques, qui crée aux côtés des bibliothécaires un corps paramilitaire. C’est ce dernier qu’intègre Iku Kasahara à l’insu de ses parents, qui veut suivre les traces d’un « prince charmant » mystérieux lequel avait sauvé son livre favori des griffes de deux membres du Comité d’amélioration des médias. Très vite ses performances physiques qui surpassent celles des filles et de nombreux garçons lui permettent d’être sélectionnée par le lieutenant Atsuhi Dojo, qui semble très dur envers elle…

Sur fond de conflit pour la liberté d’expression, de lois de confidentialité comme celle de ne pas dévoiler les lectures d’un meurtrier, se déroule semble-t-il une histoire d’amour qui s’ignore. Divertissant mais pas original au point d’avoir envie de poursuivre la lecture de cette série.

IMG_20200615_085542 IMG_20200619_223814 IMG_20200619_224124

A voté

03.02
2020

IMG_20200202_113150_010Les médias et tous les Américains attendent de connaitre, fébriles, l’identité de celui qui a été sélectionné par le puissant ordinateur Multivac comme étant LE citoyen le plus représentatif du corps électoral pour participer aux élections présidentielles. Dans un souci d’efficacité, cette machine est en effet capable de déterminer quel candidat l’emporte sur la base des réponses données à des questions variées par un seul homme, âgé entre vingt et soixante ans, qui a le droit de vote pour tous. Peu à peu la rumeur va bon train, et la localisation de l’heureux (?) élu se précise. En ce jour J, Norman Muller va à lui seul représenter le vote de cinquante millions d’Américains…
Dans ce récit d’anticipation publié en 1955, Isaac Asimov extrapole à partir des résultats des instituts de sondages qui anticipent le vote au suffrage universel : et si le vote d’un seul Américain moyen suffisait pour élire le nouveau Président ? Une nouvelle dérangeante qui n’a rien perdu de son actualité.

ASIMOV, Isaac
A voté
Le passager clandestin, 2020 (dyschroniques)
52 p. ; 11*17 cm.
EAN13 9782369352297 : 5 €

 

Souterrains de Romain Baudy

04.10
2017
cop. Casterman

cop. Casterman

 

Lucien n’est pas comme son beau-frère Henri un révolté : il ne perd pas ton temps à faire la révolution au café mais à bêcher son jardin, et, pour obtenir une prime, il n’hésite pas à se porter volontaire pour tester la nouvelle machine achetée par l’exploitation minière. Mais, arrivée en bas, l’équipe de volontaires découvre qu’il s’agit en fait de machine d’un robot bien plus efficace que n’importe quel mineur. Lucien se sert alors de la dynamite que lui a donné Henri pour faire sauter le robot. Mais ce dernier choisit de leur sauver la vie et la sienne : le souterrain s’étant effondré, ils partent à l’aventure et découvre un monde souterrain où des nains font travailler d’étranges créatures…

J’avais déjà salué le premier opus de Romain Baudy, Pacifique. qui surfait déjà sur la vague du fantastique. Pour son second ouvrage, Romain Baudy choisit de tout faire, et le scénario et le dessin, en imaginant une histoire fantastique surprenante, en ce sens que le lecteur pense entamer une critique sociale sur le monde du travail et plus particulièrement dans le milieu des mineurs, puis soupçonne un brin d’anticipation avec l’arrivée du robot et finit par glisser dans un univers proche de l’héroïc fantasy. Voilà qui est périlleux mais audacieux ! Nonobstant une ou deux faiblesses du scénario, c’est plutôt réussi, et c’est même exactement le genre de récit que j’aime à lire et à écrire.

 

BAUDY, Romain

Souterrains

Casterman, 2017

134 p. : ill. en coul.

EAN13 9782203094482 : 20 €

2084 de Boualem Sansal

18.10
2015
cop. Gallimard

cop. Gallimard

De retour du sanatorium, aux confins des montagnes, Ati n’est plus l’homme qu’il était comme tous ses semblables, croyants, fanatiques religieux, soumis dès la naissance au système érigé par le prophète Abi sur un vaste territoire occupant toute la planète, après avoir éradiqué l’Ennemi. Des doutes l’assaillent, et sa rencontre avec un archéologue, Nas, qui lui confie l’ébranlement de toutes ses convictions après la découverte d’un village…

Vous vous souvenez du 1984 de Georges Orwell et de son régime totalitaire, soutenu par la technologie omniprésente permettant au Big Brother de surveiller chacun des concitoyens. Désormais, nous y sommes avec l’avénement d’Internet et le partage volontaire de notre vie privée. Préoccupé par la montée du fanatisme religieux au XXIe siècle, Boualem Sansal reprend le concept du régime totalitaire, mais cette fois religieux, où chaque concitoyen fanatique dénonce chaque défaillance de l’autre, chaque manquement aux lois du Gkabul, et où la foi aveugle vide chacun de toute pensée personnelle, de toute initiative, de tout esprit critique, de toute étincelle de vie. Le récit initiatique du personnage principal, Ati, n’est ici qu’un prétexte pour décrire cette dictature où les individus n’existent plus en tant que tels, lobotomisés par leur obéissance absolue à Abi. Une vision qui, tout comme celle d’Orwell, n’a rien d’impossible, hélas…

288 p. ; 14 x 20,5 cm.

ISBN : 9782070149933

emprunté au C.D.I.

Les particules élémentaires de Michel Houellebecq

28.08
2015
cop. Flammarion

cop. Flammarion

Michel, généticien, prend une année sabatique pour mieux réfléchir. Âgé de quarante ans, il est le directeur de recherches d’une des meilleures équipes européennes de biologie moléculaire. Adolescent, il n’a pas su saisir sa chance auprès d’Annabelle qui l’aimait, et depuis, se désintéresse complètement de la sexualité et se bourre de tranquillisants et de travail. Bruno, son demi-frère, dont les parents soixante-huitards l’ont abandonné pour pouvoir continuer à vivre pleinement leur luxure, cherche en vain des aventures sexuelles. La chance finit enfin par tourner en sa faveur lors d’un séjour au Lieu du Changement, camping post-soixante-huitard tendance New Age…

 

Comme je sors de cette lecture à demi-convaincue et pleinement partagée !

Belle entrée en matière que de créer directement le suspens en parlant dans l’incipit de troisième mutation métaphysique, dont le personnage principal serait l’artisan. Le narrateur serait un observateur scientifique et rationnel a posteriori.

Ce qui m’a plu aussi, c’est qu’il s’agit finalement aussi et surtout d’un roman sur les remords et sur les regrets, sur les « et si… ». Le roman est truffé de passages et d’actes marqués, sentis comme irréversibles. Ce qui me plait dans ce roman, c’est son visage d’innocence perdue, de fuite du temps, de nostalgie.

Et puis il y aussi cette impression de Michel de ne pas être dans le monde, probablement partagée par le Michel s’écrivant.

Pourtant, dans ce roman, probablement par provocation, il y a également beaucoup d’inepties, comme cette réflexion comme quoi un monde féminin serait bien meilleur qu’un monde masculin, ce qui est plus proche d’une forme de misogynie (les femmes seraient toutes douces, altruistes, pacifiques et attentionnées) que du féminisme ! Il n’est qu’à lire la suite p. 210 sur les femmes qui seraient les seules à avoir besoin d’un être à aimer, à pouponner, etc. D’ailleurs Houellebecq tue ses deux protagonistes femmes généreuses en les faisant se suicider, pour ne pas être diminuées par la maladie.

Et l’histoire de Bruno, monsieur branlade du cap d’Agde, c’est d’un ennui ! La découverte par Bruno des plaisirs sexuels libertins dans les centres New Age et au Cap d’Agde prend quasiment tout le roman. A se demander si Michel Houellebecq n’a pas voulu jouer avec le lecteur-voyeur, en dévoilant à ceux qui n’en auraient pas connaissance, les frasques libertines d’1 à 2 % de ses concitoyens, tout au plus.

Mais notre Eros en mauvaise posture est sauvé par Michel Thanatos, personnage fantasmagorique autobiographique qui fait songer aux romans de Sternberg dans lesquels ce dernier mettait en scène un lui-même rêvé, fantasmé. Par ses connaissances en biologie moléculaire, le personnage principal place alors le lecteur en position d’infériorité intellectuelle, comme Umberto Eco : les lecteurs adorent ça.

La fin rattrape tout le reste, mais rend totalement invraisemblable le récit par un narrateur de la galère sexuelle de Bruno, le demi-frère, dont il devrait se contre-fiche. Et ne me dites pas que c’est le reflet de la société contemporaine : s’il fallait retenir de notre société seulement ça, ce serait oublier les 90% de Bidochon qui peuplent les banlieues pavillonnaires de leurs deux enfants avec chien et écran plat, et ressortent tous les samedis de l’hypermarché avec leur marmaille sur le caddie.

Enfin, Michel Houellebecq, dans ce roman, fait un peu songer au Michel Onfray de l’anticipation réaliste, opposé aux religions, pour les avancées génétiques.

Pour conclure, Michel Houellebecq est bien malin mais ce n’est pas pour moi un grand écrivain.

Les gaspilleurs de Mack Reynolds

29.03
2015

cop. Le Passager clandestin

Réputé comme étant l’un des meilleurs agents secrets au service des Etats-Unis, Paul Kosloff dérange lorsqu’un rapprochement entre les deux superpuissances est au goût du jour. Il est insidieusement mis au placard en étant chargé d’infiltrer un groupuscule de révolutionnaires d’extrême-gauche. Ce faisant, il est confronté à une vision de la société radicale qui va lui ouvrir les yeux…

Ce récit d’anticipation datant de 1967 n’a hélas pas pris une ride : ses dialogues, comme l’intrigue, permettent au narrateur/lecteur de découvrir une nouvelle lecture du monde, dépouillée du capitalisme, plus respectueuse du genre humain et des ressources naturelles. Une éthique politique au vernis fictif, vers laquelle il serait bon de se tourner, en ces années de repli sur soi.

 

REYNOLDS, Mack

Les gaspilleurs

trad. de l’amér. par J. de Tersac

Le Passager clandestin (2015).

106 p. ; 17*11 cm.

EAN13 9782369350293 : 7 €.