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Arts d’Afrique, des Amériques et d’Océanie d’Etienne Féau, Pascal Mongne, Roger Boulay

05.06
2006

 

cop. Larousse

Ce titre de la collection « Comprendre et reconnaître » est publié à point nommé pour l’ouverture le 26 juin prochain du musée du Quai Branly rassemblant les collections parisiennes d’arts africain, américain et océanien. Co-écrit par un historien de l’art, d’un archéologue, tous deux enseignants à l’École du Louvre, et d’un ethnologue réputés, cet ouvrage est introduit par un rappel de l’influence de ces arts longtemps méconnus et négligés sur des artistes du XXe siècle comme Picasso, le groupe Die Brücke, André Breton, Apollinaire,… Fort d’une riche iconographie, de cartes et tableaux chronologiques, il se découpe ensuite en trois espaces d’étude géographique et historique : les arts d’Afrique subsaharienne, des Amériques indiennes et métisses, et d’Océanie insulaire. Ce documentaire met en exergue le constat suivant :

« L’art pour l’art n’existe pas en Afrique : c’est avant tout un art fonctionnel, qui sert le pouvoir, la religion, la vie quotidienne. » (p. 37)

Cette affirmation, à laquelle on pourrait ajouter les rituels, semble en fait tout aussi valable pour les deux autres espaces étudiés. D’ailleurs, le tatouage et la scarification, devenant à la mode dernièrement, ont perdu en France la fonction qu’ils occupent en Océanie. Pour le même motif, on peut aussi remarquer l’absence de la peinture (si ce n’est contemporaine) parmi les arts recensés dans cet ouvrage : sculptures, orfèvrerie, objets, arts décoratifs, architecture.
Un documentaire très bien fait sur la question.

 

FLEAU, Etienne, MONGNE, Pascal, BOULAY, Roger. – Arts d’Afrique, des Amériques et d’Océanie. – Larousse, 2006. – 238 p. : ill. en coul.. – (Comprendre et reconnaître). – ISBN : 2-03-505543-1 : 27 €.

La Fabrique des cérémonies de Kossi Efoui

14.09
2005

Kossi Efoui

 

Edgar Fall, traducteur en russe de romans-photos pornos, et Urbain Mango, acceptent de travailler pour le compte de Périple Magazine. Dans une parodie de récit de voyage, ils réinventent l’Afrique dans cette bourse aux frissons…

C’est une gigantesque farce ! L’Afrique est fabriquée par ces deux journalistes en herbe. Les personnages ici ne sont effectivement que des êtres de papier. L’écriture tend même à devenir sa propre fin, au détriment de la construction narrative : à vous de juger ci-dessous si c’est un bien ou un mal.

« L’homme qui m’a accueilli parle avec ses dents, mâchoire du bas glissant, mâchoire du haut freinant, et cliquetis et crissements, muscles faciaux noués en travers d’une bouche patraque. Un rire qui triche : ça afflue dans le tremblant des joues et déborde le visage et n’éclate pas. C’est un rire qui colle. C’est un masque de frustration moulé dans les méplats du visage. C’est cousu à même la peau rose caillé. Le masque, tout entier ravaudé avec la chair vive, épouse les os, les bosselures du visage, accuse de petites zébrures : nez, front, pommettes et menton sont les saillies d’une armature souterraine poussant durement contre la fine trame de la peau fendillée. (…) » (incipit)

Lire absolument les deux premières pages, 9 et 10, pour se faire une idée, ainsi que les pages 70-72 !

 

Pour moi, c’est un bien, et le personnage de Kossi Efoui est lui-même haut en couleurs, maniant le Verbe avec délectation et son enthousiasme pour l’écriture est vertigineux ! Une rencontre inoubliable que vous pouvez lire ici.