Rien, plus rien au monde de Massimo Carlotto

20.03
2006

cop. Métailié

 

Abrutie par l’alcool, aigrie par ses désillusions, une femme monologue sur son triste quotidien qui l’incite à compter au centime près et à repérer les soldes de magasins discount, une vie qu’elle compare sans cesse à celle ô combien différente que mènent les femmes aisées de son âge chez qui elle fait le ménage. Aussi c’est vers sa fille qu’elle a reporté tous ses espoirs d’une vie meilleure, une fille qui l’a déçue, ingrate, dépensière, dépourvue d’ambition, jolie mais sans aucune coquetterie ni féminité, qui a même fréquenté un jeune tunisien, avant que sa mère ne le dénonce. Une fille dont le sang macule sa robe, ses bas et ses chaussures…

Grâce à ce monologue intérieur, Massimo Carlotto rend avec un réalisme particulièrement cru la vision implacable d’un monde où les gens dans le besoin, confrontés au chômage, accusent les immigrés de prendre leur pain tandis que la société de consommation leur offre en ville les vitrines d’un désir inassouvi. Un portrait social et psychologique percutant par le jeu du monologue intérieur qui dans un autre domaine et à un degré moindre peut faire songer à la correspondance d’Inconnu à cette adresse.

 

CARLOTTO, Massimo. - Rien, plus rien au monde : monologue pour un crime / proposé et traduit de l’italien par Laurent Lombard. – Métailié, 2006. – 61 p.. – (Suites ; 116. Noir). – ISBN : 2-86424-571-X : 6 €.

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