Le Der des ders de Tardi et Didier Daeninckx

07.03
2012

cop. Magnard Casterman

Ancien Poilu de la Grande Guerre, toujours hanté par le même cauchemar, Eugène Varlot s’est reconverti en détective privé auprès des veuves et des familles éplorées, pour retrouver la trace de leurs disparus. Irène, avant de lui demander de l’engager comme secrétaire à ses côtés, ne s’était pas gênée pour l’accuser d’être un profiteur de toute cette boue remuée d’après-guerre. Engagé officiellement pour une histoire d’adultère par le colonel Fantin, habitant Aulnay sous Bois, Varlot découvre que cette affaire de chantage dissimule en réalité un scandale militaire et financier…

Sur une toile de fond d’après-guerre, Tardi nous emmène découvrir les destins détruits de gueules cassées ou en reconstruction de célibataires, dans un décor d’un Paris 1920 inspiré des photographies d’Eugène Atget de la fin du 19e siècle. Cette affaire de mariage d’intérêt et de gros sous amène aussi notre détective à découvrir des pans cachés de l’Histoire par l’Armée française, comme la mutinerie des Russes de La Courtine, ayant coûté la vie à d’innombrables soldats, ou à des secrets honteux de gradés récompensés pour leur bravoure. Varlot va aussi faire la taupe, à ses risques et périls, chez les anarchistes, qui, ici comme à l’époque, sont perçus comme des groupuscules engagés extrêmement violents, rapides de la gâchette et poseurs de bombe.

On reconnaît bien là la patte de Didier Daeninckx dans ce scénario sans concession, déterrant le linge sale des gradés et n’ayant pas peur des dénouements de la vie réelle, se révélant être trop rarement des « happy end ».

 

 

 

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