Après La sagesse du bibliothécaire de Michel Melot, je suis rentrée cette année du Salon du livre avec celle de l’éditeur. Sagesse ? Hubert Nyssen, qui a fondé Actes Sud, préfère parler, lui, de la folie de l’éditeur. A commencer par la sienne. Il retrace ainsi son appréhension du monde de l’édition par le biais de sa grand-mère, son amour des livres et des rencontres avec des auteurs. Ses coups de poker aussi. Son flair. Ainsi, c’est, sans presque l’avoir prémédité, avec un géographe, à sa troisième tentative de fonder une maison d’édition qu’il y parvient. Un éditeur, c’est normalement avant tout un découvreur de talents. Et, c’est en dénichant deux auteurs que personne ne voulait alors publier qu’il assure la prospérité de son entreprise : l’auteure russe Nina Berberova et l’écrivain américain Paul Auster, et en rééditant l’oeuvre complète dans une nouvelle traduction de Dostoïevski. Hubert Nyssen nous parle aussi des livres, de l’objet-livre, de sa conception, de sa faculté à se faire oublier pour faire vivre le texte. Il égratigne quelque peu les grandes maisons d’édition qui n’ont plus qu’une logique comptable, et délaissent leur rôle de découvreuse de talents. Il encense le rôle des femmes, qui de lectrices peuvent devenir éditrices. On pense notamment à Viviane Hamy, Anne Marie Métailié. En revanche, sa considération sur les expressions telles que « Françaises, Français » m’a parue déplacée. Enfin, ce petit ouvrage m’a laissée sur ma faim (sans jeu de mots) : toutes ces considérations sur la folie de l’éditeur ne permettaient pas d’entrer à fond dans le sujet, de connaître également le quotidien de la profession.
NYSSEN, Hubert. - La sagesse de l’éditeur. - Paris : L’œil neuf éditions, 2006. – 111 p. ; 20 cm. – (Sagesse d’un métier). - EAN13 978-2-915543-13-1 : 12,50 €.
Tags: éditeur, Hubert Nyssen
Même réserve: le livre est un peu léger. Et l’auteur aime un peu trop se donner le beau rôle à mon sens. ça se laisse lire mais sans plus.