Léon Van Bel est fier d’être le mécanicien-chauffeur de La Douce, une locomotive à vapeur d’une remarquable rapidité. Il la connaît sur le bout des doigts et peut la faire passer dans l’eau là où quiconque se serait arrêté. Car l’eau monte dans le pays, sans qu’on puisse l’expliquer. Aussi le monde du rail voit sa dernière heure sonner lorsqu’on lui préfère désormais la voie des airs. Bientôt la douce doit partir à la casse. Avec la complicité de ses confrères, il la sauve en l’abritant chez lui… jusqu’à ce qu’il s’interpose à une tentative de viol sur une jeune voleuse de ferraille, et qu’on le dénonce à son tour…
C’est la toute première bande dessinée entièrement réalisée (scénario et illustrations) par François Schuiten. Si le dessin en noir et blanc est toujours aussi précis, détaillé, en un mot magistral, le scénario, justement, pêche un peu. Ainsi, le personnage féminin est si peu esquissé qu’il parait presque fantomatique ; il n’y a pas non plus de réel enjeu dans ce monde moderne contre lequel s’insurge le vieux cheminot : si la première fois, il risque son travail pour sauver La Douce, il n’a finalement plus rien à perdre ensuite. François Schuiten, sur le point d’ouvrir un musée du rail, traite ici des thèmes s’y rapportant : la transmission du savoir, l’amour du travail bien fait, le refus du progrès technologique sans en mesurer les conséquences. Le tout laisse une impression de lecture incomplète, comme si l’univers dramatique posé, les personnages esquissés, on aurait souhaité se faire embarquer pour de bon dans un voyage, et que le train était resté à quai…
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