A une exigence d’épuration, celle du camp de la collaboration, dont l’un des partis se nommera même la Ligue française d’épuration, “qui recouvre à la fois une volonté de renouvellement et un appel au châtiment ou à l’élimination d’ennemis par eux désignés”, répond une autre volonté d’épuration dès 1940, celle du châtiment des traîtres au pays par les Résistants, puis, à la Libération, par la population toute entière. Cette dernière se traduit surtout, pendant la guerre, par des lettres de menace et des attentats, auxquels succéderont des règlements de compte, tels que la mise en oeuvre des tontes et du marquage des femmes, l’internement dans des camps, des sévices, une épuration économique et professionnelle au sein des entreprises et de l’administration, une épuration intellectuelle et artistique aussi, politique, et surtout des vengeances immédiates engendrées par des procès jugés expéditifs, favorisant, en l’absence de preuves tangibles et de dépositions, l’acquittement.
Parmi les intellectuels, attardons-nous sur quelques noms d’écrivains épinglés dans les 172 dossiers ouverts sur les 600 constitués à partir d’octobre 1945 : Paul Morand, qui sera relaxé, et Henri de Montherlant, et d’éditeurs inquiétés : Bernard Grasset, Robert Denoël, pour avoir entre autres publié Céline, et Jacques Bernard, directeur du Mercure de France.
Une somme de travail considérable, même si on aurait aimé davantage d’analyse des faits, a donné lieu à cet historique tout à fait objectif et passionnant, émaillé de faits et d’anecdotes, permis par la large ouverture des archives en 2008.
VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte. – Histoire de l’épuration. – Larousse, 2010. – 608 p. : couv. ill. en coul. ; 22 cm. – (Bibliothèque historique Larousse). – ISBN 978-2-03-583691-5 : 26 €. Service de presseTags: Libération : 1939-1945