Categorie ‘* J’ai apprécié

La lenteur de Milan Kundera

28.08
2020

IMG_20200808_104659Vera et Milan Kundera séjournent dans un château où a lieu un colloque d’entomologistes. Un scientifique tire une larme à l’assistance avant d’être ridicule, un autre insulte son ex-maîtresse qui réalise un reportage sur lui, laquelle traite son amant cameraman comme un chien avant de se jeter à l’eau magistralement, un autre encore, Vincent, simule un coït en bord de piscine, mais tous ont besoin d’un public pour briller en se démarquant. Parallèlement, dans un récit de Vivant Denon au 18e siècle, un jeune chevalier passe une belle nuit d’amour avec madame de T., qui devra rester secrète, même en lui faisant rencontrer cet autre libertin du 20e siècle…

Réflexions et récit s’entremêlent pour évoquer la versalité du public, la relativité d’une expérience dite courageuse, l’égocentrisme et le besoin de briller, et puis un éloge de la lenteur versus la vitesse de notre époque contemporaine, à commencer par celle de nos déplacements, mais surtout celle de nos ébats amoureux, qui seraient bien davantage sauvés de l’oubli en cultivant l’art de la mise en scène, en ménageant le suspens et la diversité des espaces.

Mes passages préférés se trouvent aux pages 10, 12, 37, 44-45, 49, 51, 64, 86, 89.

Nouveaux Contes de Bustos Domecq De Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares

19.08
2020

IMG_20200727_132543Six courtes nouvelles composent ce recueil signé de deux grands auteurs argentins. Plusieurs d’entre elles sont des satires sociales où le narrateur – personnage apprend à ses dépens qu’on ne s’immisce pas par la petite porte dans les autres strates. « Par-delà le bien et le mal » notamment met en scène un personnage qui croit s’attirer les faveurs d’une riche famille française et surprend une curieuse manie du père…

Une fois de plus, ce n’était pas le moment opportun pour lire ces nouvelles. Toujours est-il que j’y ai goûté peu de plaisir à leur lecture, même intellectuel, alors que j’adore pourtant la plupart de leurs récits fantastiques. Tant pis !

Hiroshima mon amour de Marguerite Duras

16.08
2020

IMG_20200725_160347Hiroshima, août 1957. Une femme française d’une trentaine d’années y joue le rôle d’une infirmière dans un film international pour la Paix, dont le tournage s’achève pour elle. Mais c’est de sa brève rencontre avec un Japonais dont il s’agit, un homme marié lui aussi, de cette histoire d’amour brève, au cours de laquelle elle lui confie un secret, celui de son premier amour, de cet amour interdit avec l’ennemi à l’âge de vingt ans, après trois années à se regarder, celui de s’être couché sur son corps assassiné sur la place, celui d’avoir été fondée puis chassée de la ville par l’opprobre pour gagner Paris.

Subtilité toujours de Duras, d’évoquer Hiroshima par touches successives d’images chocs pour mieux raconter une histoire d’amour entre deux jeunes gens à l’âge d’aimer, par delà des camps ennemis. Un scénario qui donne envie de voir le film dès que possible.

L’amour de Marguerite Duras

12.07
2020

IMG_20200711_213216La plage, la mer, un homme aux yeux clairs, un autre homme qui marche et une femme assise aux yeux fermés. Au loin une prison, une ville, S. Thala, des incendies se déclarent. Le triangle se rejoint, se sépare chaque jour : partagent-ils un passé ?

Un lieu, trois personnages décrits sommairement, peu de dialogues, pas d’actions ou si peu. Le récit est cinématographique : il rend visible des plans, audibles les échanges, mais ne permet aucune focalisation sur l’état psychologique des personnages. On pourrait presque croire à une suite du Ravissement de Lol V. Stein, un autre cercle fermé de trois personnes et une autre histoire énigmatique. Un roman très représentatif de la « nouvelle vague », certes intéressant mais pas captivant du coup, voire décevant compte tenu du titre.

 

 

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No war : tome 4 d’Anthony Pastor

09.07
2020

IMG_20200709_110913Sur Saarok, l’île sanctuaire des Kiviks, la situation continue à s’envenimer. Run et Jo, forcés par les pierres magiques à rester ensemble, se réfugient dans la grotte aux esprits, et y apprennent la vérité sur la mort de Luka, le grand frère de Run…

Les aventures des différents adolescents embarqués de près dans le conflit se poursuivent. Le plaisir à leur lecture s’émousse… La faute au délai entre les tomes, à l’effet de surprise tombé.

Carnet du Pérou de Fabcaro

26.06
2020

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Alors, y est-il ou n’y est-il pas allé au Pérou ? Voici un carnet de voyage bien original puisque Fabcaro se met lui-même en scène en train d’écrire son carnet de voyage, rentré du Pérou, avec son entourage qui s’étonne de le voir en train de décrire un voyage qu’il n’a pas fait !

Toujours drôle, moins cependant que dans Zaï zaï zaï zaï, Formica et Et si l’amour c’était aimer ? qui restent ses incontournables.

Ecrire de Marguerite Duras

25.06
2020

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Qu’a Marguerite Duras à dire sur l’acte d’écrire ? L’autrice évoque ses conditions d’écriture : la solitude, l’isolement le plus total dans une maison qu’elle avait à Trouville-sur-mer. Elle livre aussi ses convictions sur le silence autour de l’œuvre en train de se faire :

« Aux amants, les femmes ne doivent pas faire lire les livres qu’elles font. » (p. 18-19)

« Dans la vie il arrive un moment, et je pense que c’est fatal, auquel on ne peut pas échapper, où tout est mis en doute : le mariage, les amis, surtout les amis du couple. Pas l’enfant. L’enfant n’est jamais mis en doute. Et ce doute grandit autour de soi. Ce doute, il est seul, il est celui de la solitude. Il est né d’elle, de la solitude. (…) Le doute, c’est écrire. Donc c’est l’écrivain, aussi. » (p. 26)

« Écrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. (…) Ça ne parle pas beaucoup parce que c’est impossible de parler à quelqu’un d’un livre qu’on a écrit et surtout d’un livre qu’on est en train d’écrire. » (p. 34)

Suivent d’autres textes : La Mort du jeune aviateur anglais, Roma, Le nombre pur, L’exposition de la peinture, qui m’ont moins marquée.