Categorie ‘Littératures nordiques

La petite sirène et autres contes de Hans Christian Andersen

26.08
2016

7209Après les Contes de Charles Perrault, voici ceux de Hans Christian Andersen, qu’il a lui-même écrits de toutes pièces à partir de récits populaires et non rassemblés. Réputé comme étant meilleur écrivain et surtout moins misogyne, j’étais curieuse de savoir si j’allais davantage apprécier ses contes, après avoir comparé sa version originale de La Petite sirène avec celle de Walt Disney, et surtout de relire La fameuse Reine des neiges, avant que ma fille ne voie un jour l’adaptation infidèle de Walt Disney. Quels contes contient ce fameux recueil ?

J’en connaissais comme vous la plupart, mais ma mémoire avait grandement besoin d’être rafraîchie : La petite Sirène, La princesse sur un pois, La petite poucette, L’intrépide soldat de plomb, Le vilain petit canard, La Reine des neiges, La petite fille et les allumettes, et d’autres absolument pas : Le coffre volant, La cloche, La bergère et le ramoneur, Les amours d’un faux col, La vierge des glaciers.

Eh bien, de tous ces contes, c’est Le Vilain petit canard qui me plait le plus finalement (dans lequel l’auteur aurait placé les principaux épisodes de sa vie), certains contes se rapprochant trop de thématiques qui me déplaisent (La petite Sirène, La princesse sur un pois, La petite poucette, La bergère et le ramoneur), d’autres contes me paraissant par trop tristes (La petite fille et les allumettes), même si l’humour et l’ironie du sort restent palpables chez certains (L’intrépide soldat de plomb, Le coffre volant, Les amours d’un faux col) et que La Cloche parait même un brin écolo-mystique. Quant à la Reine des neiges, je cherche en vain ce qui justifie que Disney ait pu conserver ce titre en en ayant totalement modifié le contenu, le conte original n’ayant a priori rien à voir avec le film d’animation éponyme qui connait un énorme succès auprès des enfants. D’ailleurs, sa version du Vilain petit canard est elle aussi détestable et en modifie totalement l’intention. 

Verdict plus nuancé qu’avec Perrault donc, avec des contes qui respirent la joie et la tristesse de la vie.

Etranges rivages d’Arnaldur Indridason

03.02
2013

cop. Carnets de Sel / Métailié

 

Titre original : Furoustrandir
Traduit de l’islandais par Eric Boury


Sortie en librairie le 7 février 2013


« L’histoire de Matthildur s’éteindra en même temps que les vieux comme moi, avait dit Boas », un chasseur de renard, à Erlendur, venu s’installer dans la vieille maison de son enfance, dans les fjords de l’Est de l’Islande, abandonnée depuis lors. Hanté par le souvenir de son frère disparu à l’âge de huit ans, dont il s’est toujours reproché la mort probable, le commissaire Erlendur se lance dans l’enquête de la disparition de cette jeune femme en pleine tempête, il y a cinquante ans, restée elle aussi sans réponse…

 

On commence à drôlement bien s’habituer à lire, chaque début d’année, son petit polar venu du froid. Cette fois-ci, Arnaldur Indridason nous emmène dans les magnifiques paysages désertiques des fjords de l’Est de l’Islande, leurs brouillard et tempêtes de neige. En se penchant sur le cas d’une autre affaire de disparition, il permet au commissaire Erlendur de trouver des éléments de réponse à ses propres interrogations. Cette nouvelle histoire policière d’Arnaldur Indridason s’avère particulièrement poignante, vous l’aurez deviné, avec un Erlendur tourmenté par la disparition de son petit frère, dont il jalousait la possession d’une voiturette, laquelle réapparait chez l’un des vieillards qu’il interroge sur une seconde affaire, qui se révèle dissimuler une tragique histoire d’amour… à glacer le sang. Un polar extrêmement émouvant.

Eskifjördur

 

Vous pouvez lire un extrait ici et le portrait d’Arnaldur Indridason dans Libé.

Ses autres polars chroniqués dans Carnets de SeL :

La Rivière noire
Hypothermie
Hiver arctique
L’Homme du lac
La Femme en vert
La Voix
La Cité des Jarres
Bettý

INDRIDASON, Arnaldur. – Etranges rivages / trad. de l’islandais par Eric Boury. – Métailié, 2013. – 298 p. ; 22 cm. – (Métailié noir). – EAN13 978-2-86424-901-6 : 19,50 €.

 

 

La muraille de lave d’Arnaldur Indridason

06.05
2012

cop. Métailié

 

Titre original : Svörtuloft
Traduit de l’islandais par Eric Boury

Sortie en librairie le 3 mai 2012

Le commissaire Erlendur étant parti en vacances sans donner de ses nouvelles depuis La Rivière noire, c’est à son adjoint Sigurdur Oli, en pleine séparation, que s’adresse André, déjà rencontré lors de l’affaire de pédophilie de La Voix, la quarantaine usée par l’alcoolisme et par une vie d’errance, semblant lancer un appel de détresse. Ce jour-là, un ami lui demande aussi d’aider un couple, pratiquant l’échangisme, que l’on fait chanter. Seulement, le soir où Sigurdur Oli va trouver chez lui le couple maître-chanteur pour l’en dissuader, il tombe sur un encaisseur qui vient de porter un coup mortel à la femme avant de s’enfuir. Obligé de donner l’alerte, il va lui falloir expliquer les raisons de sa présence sur les lieux du crime…

« Il avait attrapé au fond du sac en plastique le masque de confection grossière et imparfaite. Ce n’était pas un chef-d’oeuvre, mais il ferait l’affaire.

Bien que redoutant de croiser un flic en chemin, il était passé inaperçu. Le sac qu’il portait à la main contenait également deux bouteilles provenant du Rikid, la boutique d’alcools, ainsi qu’un gros marteau et un poinçon d’acier, achetés dans un magasin de bricolage.

La veille, il s’était procuré tout le matériel nécessaire à la confection du masque chez un importateur de cuir et peaux, et s’était soigneusement rasé avant d’enfiler sa tenue la plus convenable. Sachant ce qu’il lui fallait, il avait tout trouvé sans difficulté, le cuir, le fil ou l’alêne de cordonnier. (…) » (incipit)

 

Vengeance, pédophilie, chantage pour échangisme, … Arnaldur Indridason aborde dès le début des sujets assez glauques, mais a le bon goût tout au long du roman de ne jamais tomber dans le voyeurisme ou l’effusion de sang. Tout est savamment distillé pour faire monter la tension. Tout est davantage suggéré que décrit. Arnaludur Indridason est passé dans l’art de ménager le suspens car, au bout du compte, c’est l’incipit et le dénouement de cette sombre histoire de pédophilie et de vengeance qui tient le plus en haleine le lecteur durant tout le roman, distillée à point nommé pour retenir son attention, alors qu’Arnaldur Indridason va savamment compliquer une affaire en apparence simple, en mettant son enquêteur sur de multiples pistes, pour dénoncer la cupidité de banquiers prêts à tout pour s’enrichir. Nonobstant c’est sa qualité de fin psychologue qui continue à donner de la valeur ajoutée à son huitième polar, plongeant le lecteur dans les états d’âme de différents protagonistes, et en particulier dans celui d’André, pour qui va toute sa compassion. Un Arnaldur Indridason pur jus, qu’on lâche difficilement avant de l’avoir achevé.

 

INDRIDASON, Arnaldur. – La muraille de lave / trad. de l’islandais par Eric Boury. – Métailié, 2012. – 317 p. ; 22 cm. – (Métailié noir). – EAN13 978-2-86424-872-9 : 19,50 €.

 

Le mardi où Morty est mort de Rasmus Lindberg

12.02
2012

 

La fuite du temps, la récurrence des paroles et gestes quotidiens, la maladie, la mort, autant de thèmes qui atteignent de plein fouet le lecteur/spectateur dès les premières répliques, lorsque le grand-père vient à mourir :

« Le grand-père. – Là, c’est le matin. Là, c’est le soir. Là, c’est le matin. Là, c’est le soir. Là, c’est le matin. Là, c’est le soir. Là, c’est le matin ! Là, c’est le soir. Là, c’est… le matin. Là, c’est le soir.

Edith.- Mm. Ca c’est un bon café.

Le grand-père. – Là, c’est le matin. Là, c’est le soir. Là, c’est le matin. Là, c’est le soir. Là, une semaine s’est écoulée. Là, encore une. Là, c’est le mois de mai. Là, c’est le mois de novembre. Là, c’est Noël. Là, c’est le printemps. Là, je viens d’avoir un enfant. Et là, c’est de nouveau Noël. Là, c’est l’été. Là, c’est encore Noël. Là, c’est le matin. Là, c’est le soir. Trois ans plus tard.

Edith.- Mm. Ca c’est un bon café. » (Incipit)

 

Grand-père Johan meurt quelques lignes plus loin. Amanda, sa petite fille, remarque sur la joue de sa grand-mère, Edith, devenue veuve, un kyste, et finit par oser le lui dire, alors que le moment ne semble pas être opportun pour elle pour le lui faire remarquer. D’ailleurs, après analyse du médecin Herbert, ce kyste est le signe d’une mort imminente. Edith n’a donc pas le temps de pleurer son mari qu’elle se retrouve sans plus de passé ni d’avenir. Amanda, elle, est pleine de vie : elle est amoureuse d’Herbert qui cherche son chien Morty, qui vient de s’enfuir…

Cette pièce, jouée par quatre à six personnages et un chien, aborde des thèmes existentialistes de façon particulièrement décalée. Pour trancher dans le vif, Rasmus Lindberg use de raccourcis chronologiques et de monologues qui peuvent paraître complètement absurdes. Les frontières entre le réel et l’anormal s’abolissent, et les personnages, en quête d’un sens à donner à leur vie, semblent adopter une logique qui leur est propre. Une comédie existentialiste à l’humour noir corrosif.

 

Le mardi où Morty est mort : théâtre / Rasmus Lindberg ; traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy et Karin Serres. – Saint-Gély-du-Fesc : Éd. Espace 34, 2011. – 42 p. ; 21 cm. – (Théâtre contemporain en traduction). – EAN 9782847050769 : 10 euros. -

Betty d’Arnaldur Indridason

30.10
2011

cop. Métailié

Betty… C’est à cause d’elle que tout a commencé, et que le narrateur se retrouve en détention provisoire, accusé de meurtre, semble-t-il… Et pourtant, il reste toujours aussi subjugué par l’épouse de l’armateur milliardaire qui l’avait embauché comme juriste… S’il avait refusé, rien ne serait arrivé de tout cela… Mais il n’avait rien vu venir, ou peut-être, amoureux, n’avait-il rien voulu voir venir….

Ecrit avant la série du commissaire Erlendur qui fit connaître Arnaldur Indridason dans le monde entier, ce roman noir dévoile au premier abord une intrigue assez classique, dont on devine sans peine ce qu’il va advenir du narrateur suspecté de meurtre. Et puis, passées les cent premières pages, un changement brutal de point de vue fait reconsidérer toute la situation, rendant plus complexe la psychologie des protagonistes, sans pour autant en modifier l’issue… Et c’est en cela qu’il s’agit d’un bon polar, mettant à mal certains préjugés… mais chut, je ne peux en dire davantage, sous peine de vous ôter le plaisir de découvrir par vous-même de quoi finalement il retourne…


Du même auteur, tous les autres romans critiqués dans Carnets de SeL :

La Cité des jarres * (2005)

La Femme en vert ** (2006)

La Voix ** (2007)

L’Homme du lac *** (2008)

Hiver arctique ** (2009)

Hypothermie ** (2010)

La rivière noire ** (2011)

Beaucoup aimé

INDRIDASON, Arnaldur. – Betty / trad. de l’islandais par Patrick Guelpa. – Métailié, 2011. – 205 p.. – (Métailié noir). – ISBN 978-2-86424-845-3 : 18 €.
Service de presse

 

 

 

La rivière noire ** d’Arnaldur Indridason (2011)

30.01
2011

Un samedi soir, dans un bar, un jeune homme choisit une jeune femme seule pour l’aborder, lui faire boire un ou deux verres dans lesquels il a versé des cachets de Rohypnol, plus connus sous le nom de drogue du violeur. Seulement, le lendemain matin, ce jeune homme prénommé Runolfur est retrouvé égorgé, gisant dans son sang, dans son appartement, et la jeune fille a disparu, ayant oublié sous le lit un châle dégageant une forte odeur de cuisine indienne…

Dès l’incipit, le lecteur est induit en erreur : la victime du meurtre auquel les premières pages l’avaient préparé n’est pas celle qu’il attendait. L’inspectrice Elinborg va donc enquêter sur la vie de ce jeune homme apparemment sans histoire, qui apparaît très rapidement davantage comme un criminel que comme une victime. Car les véritables victimes, ce sont ces femmes violées qui n’osent parler, détruites, et qui s’exaspèrent d’une justice mal faite.

Quand on lit un polar d’Arnaldur Indridason, il est difficile de le lâcher : cet auteur islandais sait toujours savamment mêler des considérations relevant du cercle privé – ici les relations tendues entre l’inspectrice et son fils adolescent, la lecture de son blog, les raisons de sa passion pour la cuisine – et celles évoquant des problèmes de société – ici la honte du viol, l’absence de vie privée dans les villages où tout se sait, et où on se tait. Un bon roman policier, mais on lui préfère tout de même deux de ses autres polars, La Femme en vert (2006) et L’Homme du lac (2008).

Du même auteur :

La Cité des jarres * (2005)

La Femme en vert ** (2006)

La Voix ** (2007)

L’Homme du lac *** (2008)

Hiver arctique ** (2009)

Hypothermie ** (2010)

INDRIDASON, Arnaldur. – La rivière noire / trad. de l’islandais par Eric Boury. – Métailié, 2011. – 299 p.. – (Métailié noir). – ISBN 978-2-86424-758-6 : 19 €.
Service de presse
Sortie : le 3 février

Hypothermie d’Arnaldur Indridason

04.02
2010

 

Copyright Editions Métailié

Karen vient de retrouver pendue dans son chalet d’été, sur les bords du lac du Thingvellir, sa meilleure amie, Maria. Alors que la thèse du suicide ne semble faire aucun doute, Karen, qui n’est pas de cet avis, confie une cassette au commissaire Erlendur, celle enregistrée au cours d’un entretien de la défunte avec un médium, pour pouvoir prendre contact avec sa mère décédée il y a deux ans. Après son écoute, ce dernier, intrigué, mène sa petite enquête à l’insu de tous, de même qu’il reprend deux affaires de disparition restées inexpliquées depuis plusieurs décennies, comme celle de son propre frère. Parallèlement d’ailleurs, sa vie passée le rattrape en la personne de son ex-épouse, Halldora, que sa fille oblige à revoir.

 

« Le vieil homme l’attendait dans le hall. Autrefois, il passait au commissariat accompagné de sa femme, mais cette dernière étant décédée, c’était désormais seul qu’il rencontrait Erlendur. Le couple venait régulièrement le voir à son bureau depuis bientôt trente ans, d’abord chaque semaine, puis une fois par mois, ensuite la fréquence de leurs visites s’était espacée à quelques fois par an, à une fois par an et, pour finir, à une fois tous les deux ou trois ans, le jour de l’anniversaire de leur fils. Depuis tout ce temps, Erlendur avait appris à bien les connaître, eux et cette douleur qui les poussait à venir le voir. » (p. 43)

 

Dans ce sixième roman traduit en français de notre désormais célèbre auteur de polars venus du froid, les affaires se croisent et font écho de manière bien plus évidente à la vie privée de notre cher commissaire Erlendur. Les couples se déchirent, se séparent ou s’entretuent, de jeunes gens disparaissent mystérieusement, sans laisser aucune trace durant des décennies, des visions de défunts hantent ceux qui leur survivent… il n’en fallait pas moins pour que notre commissaire, divorcé, et n’ayant jamais pu faire le deuil de son frère, ne prenne à coeur ces trois affaires que d’autres auraient eu tôt fait de classer. Certes, on devine assez vite, à son obstination, que lumière va être faite sur ces disparitionset sur les causes de ce suicide, qui peut être suspecté. De même, ces histoires de fantômes, d’expériences interdites, de médiums, de lumière au bout du tunnel, peuvent laisser dubitatifs, encore que ces croyances soient répandues en Islande. Mais, comme toujours, Arnaldur Indridason réussit à nous captiver et revient à son thème de prédilection : pouvoir faire le deuil d’un être cher.

 

INDRIDASON, Arnaldur. – Hypothermie /trad. de l’islandais par Eric Boury. – Métailié, 2010. – 294 p. : couv. ill. en coul.. – (Noir. Bibliothèque nordique. – ISBN 978-2-86424-723-4 : 19 €.
Service de presse