
cop. Métailié
Félix Ventura, vieil albinos angolais, exerce le curieux métier de vendre à ses clients, nouveaux riches et hommes influents, un arbre généalogique des plus glorieux. Un jour, un photographe à l’accent étranger lui demande aussi de lui inventer un passé, mais cette fois le plus discret possible. Mais l’homme, ce service rendu, part sur les traces de ses aïeux fictifs, se métamorphose en ce qu’il est censé être, en perd son accent, jusqu’au jour où son véritable passé le rattrape…
Une perle que ce roman angolais traitant de la (dé-)construction de son passé, de la mémoire familiale, de ses ancêtres : y transparaît toujours une satire féroce des soubresauts politiques, à laquelle nous avaient habitué la plupart des littératures subsahariennes ; mais ici, l’irrationnel se mêle habilement au monde réel : l’animisme est symbolisé par la figure du gecko qui n’est autre que le « je » narrateur, et avec lequel dialoguent, sous sa forme humaine, les deux hommes pendant leurs rêves.
AGUALUSA, José Eduardo. – Le Marchand de passés / trad. du portugais (Angola) par Cécile Lombard. – Métailié, 2006. – 131 p.. – ISBN : 2-86424-5617-1 : 15 €.