
Non, non, je ne me pose pas déjà ce problème ! Mais ayant reçu cet ouvrage en service de presse, je m’y suis intéressée. Ici n’est abordée que la situation d’éducation parentale, pas celle du corps enseignant.
A la question « l’éducation est-elle possible sans punition », le docteur Gilles-Marie Valet, pédopsychiatre, propose des pistes de réflexion – toujours se demander si la punition va être utile à l’enfant, ce qu’elle va apporter à son éducation -, des méthodes – se fixer des règles intangibles, claires, concrètes, constantes et conséquentes, qui permettront de ne pas se laisser submerger par ses émotions.
« Les parents sont responsables de leurs enfants et les enfants sont responsables de leurs actes. »
Au gré des expériences, on précise ce qui se dit ou non, ce qui se fait ou pas, en fonction des critères comme « c’est bon pour grandir », « cela rend triste ou joyeux », ça peut te faire mal » – autant de références à des valeurs humaines. C’est sur ces bases que repose l’autorité des parents. Or, plus elles seront stables et établies précocement dans la vie de l’enfant, plus ce dernier aura de facilité à s’y conformer.
Trois grands principes émergent, bien évidemment, si l’on ne perd pas de vue que nous sommes pour l’enfant ses modèles :
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ne jamais taper, quoi qu’il arrive.
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ne jamais dire de grossièretés ou d’insultes
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hausser le ton, mais ne jamais crier.
Gilles-Marie Valet décline ainsi les sanctions à bannir et celles à privilégier selon l’âge de l’enfant :
L’isolement : pour un retour au calme (violence, colère, agitation, caprice), éviter la chambre et préférer rester dans un coin de la pièce ou sur une chaise pour réfléchir et revenir quand cela va mieux.
La réparation : présenter ses excuses en promettant de ne plus le faire, restaurer un objet détérioré soi-même, nettoyer ce qui a été sali, racheter avec son argent de poche (participation symbolique) le jouet de l’autre qui a été cassé,…
Les privations (à utiliser modérément) : punir l’enfant en le privant de quelque chose qu’il apprécie particulièrement : sorties, jeux video, télévision,… SAUF les besoins fondamentaux = ne jamais priver un enfant de dessert, de sport ou de son activité artistique préférée. TOUJOURS fixer une échéance (assez courte, pas plus d’une semaine par exemple).
Gilles-Marie Valet délivre aussi quantité d’astuces pour éviter les crises de colère.
Un bon outil pour proposer quelques bases éducatives à des parents désemparés.
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Voici quelques notes non exhaustives :
Avant l’âge de 3 ans, l’enfant est en pleine période d’expérimentation et d’exploration. Quand il casse ou fait des « bêtises », c’est par maladresse ou inexpérience. Nulle notion de bien ou de mal, de bêtises ou d’interdit. Ses limites sont définies par ses compétences psychomotrices et sur le principe du plaisir. Le rôle du parent est d’évaluer si l’expérience tentée peut s’avérer bénéfique, inutile ou dangereuse pour l’enfant afin de l’autoriser ou de l’interdire. A ce jeune âge, mieux vaut prévenir que punir : le protéger en sécurisant la maison et protéger meubles et objets fragiles en les tenant à distance. L’enfant ne comprend pas la corrélation entre sa découverte et la douleur provoquée (il y retournera) ou entre la colère du parent (petite tape voire fessée inutile voire dangereuse car prise comme un jeu, comme composante douloureuse dans la relation affective) et l’interdit.

Mieux vaut dire un « NON » net, formulation de l’interdit, sur un ton catégorique avec un regard désapprobateur, et supprimer la tentation inappropriée (mégots, prise dangereuse,…) en détournant son attention par une autre découverte, plus appropriée et valorisée.
Entre 3 et 6 ans (la petite enfance) :
L’enfant prend conscience que le monde est organisé autour de règles (notions de bien et de mal, de loi, de justice,…).
Il s’agit de bien choisir ses mots. Les critiques doivent porter sur la bêtise, pas sur l’enfant : c’est la note qui est mauvaise, c’est le geste qui est méchant, ou la parole grossière. C’est l’action qui est critiquable. Autrement on court le risque d’enfermer l’enfant dans une identité par exemple de voleur ou de menteur.
De 6-11 ans (l’âge de raison) :
L’école : il vaut mieux ne pas dire aller « travailler » à l’école, mais aller « apprendre » de nouvelles choses. La mauvaise note est déjà une punition, donc pas besoin d’appliquer une double peine. En revanche, on peut s’interroger sur le pourquoi et tenter d’y remédier. Une bonne note, qui est en soi déjà valorisante, mérite un compliment, une parole encourageante, du temps à consacrer à l’enfant (parc, goûter avec des amis, zoo), mais pas un cadeau matériel.
La rareté participe à l’importance de ce qu’on offre. L’accoutumance crée la nécessité d’un nouveau plaisir et donc d’un autre cadeau.
La participation aux tâches quotidiennes : avant 6 ou 7 ans, il est difficile pour un enfant de ranger ses jouets seul. Cela demande un apprentissage. Inutile de récompenser quand un enfant range sa chambre tout seul. Le transformer en jeu. Fondamental pour aider l’enfant à trier, organiser, structurer sa pensée. Si l’on veut développer cet apprentissage, on peut aller en bibliothèque ou en ludothèque. Si un enfant refuse de s’habiller pour aller à l’école, aller dans la famille, etc., lui dire que de toutes manières dans un quart d’heure il est dans la voiture ou à l’école, habillée ou en pyjama… On peut l’autoriser à aller acheter du pain.
« Faute avouée est à moitié pardonnée » : car cela aide l’enfant à prendre conscience des limites qu’il a franchies.
à partir de 11 ans :
A l’école, c’est le temps des copains-copines et des transgressions sociales. Si sa passion prend trop de temps, trouver un compromis en définissant ensemble le temps qu’il paraît raisonnable d’accorder à ce passe-temps en fonction de la quantité de devoirs.
La participation aux tâches quotidiennes : inutile de récompenser quand un enfant met la table, fait la vaisselle,… Il devient adulte. C’est le responsabiliser. De même, s’il veut tel vêtement, ou avoir un téléphone portable, accepter à la condition qu’il gère lui-même ses achats et sa consommation avec son argent de poche.
VALET, Gilles-Marie. – Se faire obéir sans (forcément) punir !. – Larousse, 2012. – 191 p.. – EAN13 9782035867414 : 15,90 €.