Categorie ‘Education

Factfulness de Hans Rosling

08.02
2020

IMG_20200205_203842#1

Sur les conseils d’un collègue j’ai commencé à lire cet ouvrage puis l’ai parcouru :

Présentation de l’éditeur :

Nous nous croyons rationnels et informés. Ce n’est pas le cas. Nous nous trompons systématiquement, quel que soit notre niveau d’études, y compris – peut-être même plus – sur les sujets que nous croyons bien connaître. Mais, comme le met au jour Hans Rosling, statisticien de génie et star des conférences TED, les raisons pour lesquelles nous nous trompons sont toujours les mêmes ! Hérité d’un ancestral instinct de survie, c’est le fonctionnement même de notre cerveau qui nous induit en erreur :

- En nous incitant à chercher un coupable à tout phénomène ;

- En résumant la plupart des problèmes en une stérile opposition binaire ;

- En nous intimant de réagir dans l’urgence (confondant ainsi peur et danger),

- En étant facilement ébloui par les gros chiffres ;

- En dramatisant à l’excès (et en adorant ça)…

Ce livre nous apprend à repérer les situations où nos biais de pensée déforment notre vision des choses. Indispensable pour comprendre le monde tel qu’il est, Factfulness permet de prendre, enfin, la saine habitude de ne fonder son opinion que sur des faits.

Mon avis :

Cet essai démêle le vrai du faux, met à mal quelques préjugés bien ancrés dans l’inconscient collectif des occidentaux notamment. Mais de là à le conseiller…

Manuel d’autodéfense intellectuelle de Sophie Mazet

23.07
2017
cop. Robert Laffont

cop. Robert Laffont

Jeune enseignante, Sophie Mazet remarque que ses lycéens ne manquent pas d’esprit critique envers les autres et l’enseignement, mais n’en font pas preuve lorsqu’il s’agit de s’informer correctement. S’inspirant alors de la déclaration du célèbre linguiste Noam Chomsky, selon lequel un « cours d’autodéfense intellectuelle devrait être obligatoire dans tout système d’éducation qui se respecte », elle leur propose alors un cours d’autodéfense intellectuelle contre toutes les formes d’endoctrinement, qui aboutira à une émission sur France Inter puis à cette sorte de manuel.

Voici les intitulés des neuf grands chapitres qui composent cet ouvrage :

            • Qu’est-ce que l’information ?
            • La vie est-elle plus belle dans les séries TV ?
            • « On nous cache tout, on nous dit rien » ou la dangereuse percée de la pensée complotiste.
            • A quoi sert la laïcité ?
            • Santé, nutrition, environnement : le pire est-il toujours certain ?
            • Peut-on échapper à la publicité ?
            • En politique, faut-il toujours se méfier des mots ?
            • Tous les discours dits « scientifiques » sont-ils fiables ?
            • Le pire ennemi, c’est nous !

Faisant un tour d’horizon des différentes sources d’informations, médiatiques, scientifiques, publicitaires, politiques, et même les séries qui nous inculquent un certain nombre de préjugés et de fantasmes sur des secteurs professionnels, Sophie Mazet tente, à travers cet ouvrage, de pallier à l’insuffisance de l’éducation des jeunes générations, voire de ses concitoyens, pour s’armer contre la désinformation.

C’est là l’une des missions essentielles d’un acteur injustement placardisé dans l’Éducation nationale, le professeur documentaliste, chargé de former tous les élèves à la recherche et à l’évaluation de l’information dans tous les domaines. Hélas, sans classe attitrée, sans horaire dédié, il n’a pas les moyens de remplir cette mission, renvoyé trop souvent à la simple gestion de son centre de ressources, sa boîte à outils pour forger cet esprit critique qui forme le citoyen éclairé. Je n’y ai donc rien appris, en revanche il est toujours bon de consolider et de réactiver ses acquis.

Synthétique, bien documenté et plein d’humour, cet ouvrage gagnerait donc à être lu par tous, autant par les parents, grands-parents et enseignants, que par les lycéens et étudiants. A lire sans tarder !

Montessori à la maison : 0-3 ans de Nathalie Petit

12.05
2017
cop. Actes Sud

cop. Actes Sud

La pédagogie Montessori est devenue tellement à la mode, plus d’un siècle après sa première école dans un quartier défavorisé à Rome, qu’elle est brandie comme un étendard dans de nombreuses écoles privées, s’invite dans les classes d’écoles publiques, popularisée par Céline Alvarez, et se décline à présent en d’innombrables jeux et manuels à la vente. Mais en quoi consiste donc cette méthode, en particulier pour les très jeunes enfants ?

  »La pédagogie Montessori est fondée sur le respect (des) rythmes naturels et des besoins de l’enfant. Elle repose sur trois piliers : la liberté de choisir, la possibilité pour l’enfant d’être autonome afin d’agir par lui-même, l’apprentissage par l’expérience. » (p. 10)

« Entre 0 et 3 ans, laisser à un enfant le choix entre deux choses et lui confier des tâches simples participe à la construction de son individualité. Dès lors, la phase d’opposition systématique autour des 2 ans, connue sous le nom de « terrible two », s’en trouve fortement atténuée. De plus, en étant libre de ses mouvements, en interagissant de ses mains avec le monde réel, l’enfant apprend à se concentrer et gagne en confiance. » (p. 11)

Ainsi, l’enfant, entre 0 et 3 ans, adore faire ce que nous faisons : la cuisine, le ménage, le jardin. Il s’agit alors de le laisser participer ces activités quotidiennes, et d’avoir avec lui une attitude bienveillante, empathique, sans jugement, au lieu de tendre vers des propos blessants, humiliants, proférer des menaces de punitions ou promettre des récompenses.

Il s’agit alors de lui proposer, en particulier dans sa chambre, un environnement sécurisé et à son échelle : cela signifie entre autres d’oublier le lit à barreaux, et de lui proposer un matelas au sol jouxtant un tapis moëlleux, un grand miroir horizontal pour aider à l’identification de soi, avec une grande rampe de danse à 45 cm au-dessus du sol (une tringle à rideaux en bois fait l’affaire) fixée au mur devant, pour l’aider dans ses premiers pas, trois jouets d’éveil à faire tourner tous les deux jours avec d’autres, des cadres représentant des visages, des animaux ou la nature à sa hauteur, etc.

Nul besoin de se ruiner en jouets : rien de tel pour l’éveiller que de classer les casseroles par ordre de grandeur pour qu’elles s’imbriquent les unes dans les autres, à l’instar de poupées russes ou de cubes de toutes les tailles. Ou de fabriquer vous-mêmes son imagier à partir d’objets, d’animaux, de végétaux nommés ensemble. Ou encore son « panier à trésors » d’où il peut sortir des objets du quotidien pouvant être manipulés. Ou un bac sensoriel. Ou de fabriquer avec lui du slime.

Un petit ouvrage clair et facile à suivre, pour les activités d’éveil en tout cas, car pour le reste, les relations entre parents et enfants, on a beau savoir ce qu’il faudrait faire, ce n’est pas toujours facile à appliquer !

Le cordon de soie de Frédérique Deghelt

30.07
2016
cop. Actes Sud

cop. Actes Sud

« Ta naissance accélère le Temps. Nos neuf mois gigognes ont disparu pour te laisser là. Chaque jour qui passe voit ton visage changer. Et cette course enclenchée donne à ma contemplation des allures d’urgence. » (p. 19)

« Bruit et fureur, ta bouche immense éclipse ton visage, tout entier dans la colère. Rouge, raideur des membres, yeux fermés sans larme, tu n’es qu’un cri jeté au ciel pour m’impressionner. J’en oublie la raison, fascinée par le spectacle offert de ton corps déchaîné dans une souffrance insoutenable. Quand je songe à me défaire, tu es plus défait que moi, râles et trembles. Ta bouche enfin me trouve, tu t’étrangles. Un dieu semble d’un geste bannir l’ouragan. Dans ta succion encore, l’exaspération d’une attente, puis le contentement te gagnent. Ta gueule de vieux furieux fait place au visage d’un ange, lisse, calme. » (p. 24)

Un beau présent que cet écrin d’images poétiques, virevoltant entre les impressions d’une mère découvrant son enfant le long des premières semaines, et les photographies en noir et blanc et couleurs de Sylvie Singer Kergall. Trois mois déjà…

Offert par Manou

 

 

 

 

LAP ! Un roman d’apprentissage d’Aurélia Aurita

29.12
2015
cop. Les Impressions Nouvelles

cop. Les Impressions Nouvelles

Hantée par l’examen du baccalauréat, Aurélia Aurita, auteur BD chez  Fluide glacial, décide de s’immerger un an dans un lycée très singulier, sans proviseur, sans  administration,  sans intendance,  sans CPE ni surveillants, le LAP, Lycée Autogéré de Paris… par les professeurs et les élèves. Car ici deux principes animent l’établissement : l’autogestion et la  libre fréquentation. Pour valider son année, il faut juste au minimum 12 à 15 U.V. dont au moins une dans chaque domaine : U.V. de cours, semaines de stage, U.V. de gestion, projets et ateliers.

Notre jeune dessinatrice s’attache vite aux différentes individualités qui fréquentent le bahut, lapiens et lapiennes, certains en révolte au fond du jardin, ce qui rend son reportage profondément humain. Cette pédagogie alternative proche de l’anarchisme, intéressante, mais qui me laisse dubitative, ne colle pas tout à fait à mes attentes d’une autre façon d’enseigner.

Les impressions nouvelles (coll. For intérieur), janvier 2014.
144 p.
ISBN 978-2-87449-185-6 : 15 euros.

Se faire obéir sans (forcément) punir ! de Gilles-Marie Valet

06.09
2013
 

SEFAIREOBEIR

Non, non, je ne me pose pas déjà ce problème ! Mais ayant reçu cet ouvrage en service de presse, je m’y suis intéressée. Ici n’est abordée que la situation d’éducation parentale, pas celle du corps enseignant.

A la question « l’éducation est-elle possible sans punition », le docteur Gilles-Marie Valet, pédopsychiatre, propose des pistes de réflexion – toujours se demander si la punition va être utile à l’enfant, ce qu’elle va apporter à son éducation -, des méthodes – se fixer des règles intangibles, claires, concrètes, constantes et conséquentes, qui permettront de ne pas se laisser submerger par ses émotions.

« Les parents sont responsables de leurs enfants et les enfants sont responsables de leurs actes. »

Au gré des expériences, on précise ce qui se dit ou non, ce qui se fait ou pas, en fonction des critères comme « c’est bon pour grandir », « cela rend triste ou joyeux », ça peut te faire mal » – autant de références à des valeurs humaines. C’est sur ces bases que repose l’autorité des parents. Or, plus elles seront stables et établies précocement dans la vie de l’enfant, plus ce dernier aura de facilité à s’y conformer.

Trois grands principes émergent, bien évidemment, si l’on ne perd pas de vue que nous sommes pour l’enfant ses modèles :

  • ne jamais taper, quoi qu’il arrive.

  • ne jamais dire de grossièretés ou d’insultes

  • hausser le ton, mais ne jamais crier.

Gilles-Marie Valet décline ainsi les sanctions à bannir et celles à privilégier selon l’âge de l’enfant :

L’isolement : pour un retour au calme (violence, colère, agitation, caprice), éviter la chambre et préférer rester dans un coin de la pièce ou sur une chaise pour réfléchir et revenir quand cela va mieux.

La réparation : présenter ses excuses en promettant de ne plus le faire, restaurer un objet détérioré soi-même, nettoyer ce qui a été sali, racheter avec son argent de poche (participation symbolique) le jouet de l’autre qui a été cassé,…

Les privations (à utiliser modérément) : punir l’enfant en le privant de quelque chose qu’il apprécie particulièrement : sorties, jeux video, télévision,… SAUF les besoins fondamentaux = ne jamais priver un enfant de dessert, de sport ou de son activité artistique préférée. TOUJOURS fixer une échéance (assez courte, pas plus d’une semaine par exemple).

Gilles-Marie Valet délivre aussi quantité d’astuces pour éviter les crises de colère.

Un bon outil pour proposer quelques bases éducatives à des parents désemparés.

————————————————————-

Voici quelques notes non exhaustives :

Avant l’âge de 3 ans, l’enfant est en pleine période d’expérimentation et d’exploration. Quand il casse ou fait des « bêtises », c’est par maladresse ou inexpérience. Nulle notion de bien ou de mal, de bêtises ou d’interdit. Ses limites sont définies par ses compétences psychomotrices et sur le principe du plaisir. Le rôle du parent est d’évaluer si l’expérience tentée peut s’avérer bénéfique, inutile ou dangereuse pour l’enfant afin de l’autoriser ou de l’interdire. A ce jeune âge, mieux vaut prévenir que punir : le protéger en sécurisant la maison et protéger meubles et objets fragiles en les tenant à distance. L’enfant ne comprend pas la corrélation entre sa découverte et la douleur provoquée (il y retournera) ou entre la colère du parent (petite tape voire fessée inutile voire dangereuse car prise comme un jeu, comme composante douloureuse dans la relation affective) et l’interdit. 

SEFAIREOBEIRdedicace

Mieux vaut dire un « NON » net, formulation de l’interdit, sur un ton catégorique avec un regard désapprobateur, et supprimer la tentation inappropriée (mégots, prise dangereuse,…) en détournant son attention par une autre découverte, plus appropriée et valorisée.

Entre 3 et 6 ans (la petite enfance) :

L’enfant prend conscience que le monde est organisé autour de règles (notions de bien et de mal, de loi, de justice,…).

Il s’agit de bien choisir ses mots. Les critiques doivent porter sur la bêtise, pas sur l’enfant : c’est la note qui est mauvaise, c’est le geste qui est méchant, ou la parole grossière. C’est l’action qui est critiquable. Autrement on court le risque d’enfermer l’enfant dans une identité par exemple de voleur ou de menteur.

De 6-11 ans (l’âge de raison) :

L’école : il vaut mieux ne pas dire aller « travailler » à l’école, mais aller « apprendre » de nouvelles choses. La mauvaise note est déjà une punition, donc pas besoin d’appliquer une double peine. En revanche, on peut s’interroger sur le pourquoi et tenter d’y remédier. Une bonne note, qui est en soi déjà valorisante, mérite un compliment, une parole encourageante, du temps à consacrer à l’enfant (parc, goûter avec des amis, zoo), mais pas un cadeau matériel. 

La rareté participe à l’importance de ce qu’on offre. L’accoutumance crée la nécessité d’un nouveau plaisir et donc d’un autre cadeau.

La participation aux tâches quotidiennes : avant 6 ou 7 ans, il est difficile pour un enfant de ranger ses jouets seul. Cela demande un apprentissage. Inutile de récompenser quand un enfant range sa chambre tout seul. Le transformer en jeu. Fondamental pour aider l’enfant à trier, organiser, structurer sa pensée. Si l’on veut développer cet apprentissage, on peut aller en bibliothèque ou en ludothèque. Si un enfant refuse de s’habiller pour aller à l’école, aller dans la famille, etc., lui dire que de toutes manières dans un quart d’heure il est dans la voiture ou à l’école, habillée ou en pyjama… On peut l’autoriser à aller acheter du pain.

« Faute avouée est à moitié pardonnée » : car cela aide l’enfant à prendre conscience des limites qu’il a franchies.

à partir de 11 ans :

A l’école, c’est le temps des copains-copines et des transgressions sociales. Si sa passion prend trop de temps, trouver un compromis en définissant ensemble le temps qu’il paraît raisonnable d’accorder à ce passe-temps en fonction de la quantité de devoirs.

La participation aux tâches quotidiennes : inutile de récompenser quand un enfant met la table, fait la vaisselle,… Il devient adulte. C’est le responsabiliser. De même, s’il veut tel vêtement, ou avoir un téléphone portable, accepter à la condition qu’il gère lui-même ses achats et sa consommation avec son argent de poche.

VALET, Gilles-Marie. – Se faire obéir sans (forcément) punir !. – Larousse, 2012. – 191 p.. – EAN13 9782035867414 : 15,90 €.