Categorie ‘Dessin

Lire la bande dessinée de Benoit Peeters

18.08
2016
cop. Champs Flammarion

cop. Champs Flammarion

Benoit Peeters propose ici une lecture initiatique de la bande dessinée, que l’on peut lire d’ailleurs de toutes les manières possibles (politique, sociologique, philosophique, psychanalytique,…) et dans tous les sens possibles. Selon lui, ce qui fait la spécificité de la BD, c’est « la case, le strip, la planche, les relations entre le texte et le dessin, entre le scénario et sa mise en images ». L’auteur de BD a pour seul impératif de devoir « partager la planche en un certain nombre de segments afin de séparer des actions qui dans le récit se succèdent« . Ensuite, « les possibilités d’intervention sur la taille de l’image, assez rares au cinéma, sont ici presque infinies ».

Néanmoins, il touche du doigt l’incomplétude de la case, qui en fait toute la richesse, car la case n’est, somme toute, qu’une « variable dans un ensemble« , un « instant dans une continuité ». En effet, aucune image ne fait bande à part : « la véritable magie de la bande dessinée, c’est entre les images qu’elle opère, dans la tension qui les relie. » Pour Benoit Peeters, les plus grands créateurs de bande dessinée ont toujours réussi à « mettre l’accent à la fois sur les paramètres internes à la case et sur les relations qui les unissent. »

Il critique ainsi l’utilisation conventionnelle de la BD (qui privilégie le récit, comme le gaufrier), ou décorative (BD qui privilégie l’image), et fait l’éloge de son utilisation rhétorique (la case et la planche servent le récit) ou productrice (c’est l’organisation de la planche qui semble dicter le récit).

Une bonne ouverture pédagogique sur le neuvième art.

 

 

Street art

26.12
2014
cop. Larousse

cop. Larousse

Hors des musées, des galeries d’art et autres établissements culturels où les oeuvres acquièrent une sorte de légitimité officielle, le street art, ou les arts de la rue, dont l’origine remonte à l’art rupestre, s’empare de l’espace public et s’offre à la vue des passants, sur les murs, les bouches d’incendie, les boîtes aux lettres, les arbres, les toits,…

Si le consensus se fait difficilement sur l’appartenance du graffiti, méprisé, au street art, d’autres techniques y ont été assimilées telles que la peinture liquide, la craie, le collage, les installations, le pochoir, le trompe l’oeil, les stickers, l’affiche, etc.

De Bansky à Zacharevic, en passant par Anat Ronen et Leon Keer, ce beau livre offre de magnifiques reproductions de cet art très souvent éphémère. Un ouvrage de référence.

Street art / avant-propos d’Anat Ronen, introd. de Lee Bofkin. – Larousse, 2014. – 191 p. : photogr. en coul. ; 29*30 cm. – EAN13 978-2-03-590796-7 : 25 €. Index.

Tout va bien ! de Mana Neyestani

03.12
2014
cop. çà et là

cop. çà et là

 

C’est à l’occasion de son exposition de planches à BD Boum ce mois-ci que j’ai découvert Mana Neyestani.

Dessinateur de presse depuis l’âge de 16 ans, Mana Neyestani commence par travailler en Iran pour des journaux réformistes puis gouvernementaux  jusqu’à ce qu’un de ses dessins ne le fasse emprisonner. A sa sortie de prison en 2006, il fuit en Malaisie, puis en France en 2011, où il vit à présent en tant que réfugié politique. La population iranienne a continué à distance de suivre son travail de dessinateur pour des sites dissidents iraniens, et même à utiliser certains de ses dessins, lors de manifestations contre le régime théocratique et tyrannique de la république islamique d’Iran. Membre de l’association Cartooning for Peace, créée par Plantu, il a reçu le prix international du Dessin de Presse, le 3 mai 2012, des mains de Koffi Annan.

En un seul dessin de presse, Mana Neyestani croque avec ironie des situations vécues au Moyen-Orient d’intimidation, de censure, de meurtre, d’emprisonnement, d’interrogatoire. Et lorsque la couleur pointe dans ses dessins en noir et blanc aux fines hachures, d’un humour noir proche de Topor, c’est comme pour indiquer une note d’espoir qui permet de survivre.

Mais assez parlé, il faut acheter et voir cette petite bombe ! Vous hésitez ? Tapez son nom dans Google images, et vous aurez un assez bon aperçu de ses dessins.

NEYESTANI, Mana. – Tout va bien !. – Editions çà et là, 2013. – 200 ill. n.b. et coul. ; 18*18 cm. – EAN13 978-2-916207-83-4 : 22 €. 

L’art invisible de Scott McCloud

24.01
2014
cop. Delcourt

cop. Delcourt

Qu’est-ce qu’une bande dessinée ? C’est justement à travers une bande dessinée que l’auteur américain Scott McCloud va tenter d’en proposer une définition exhaustive en 1993.  Après avoir brossé un bref historique de la bande dessinée en en cherchant la source dans les représentations égyptiennes, mayas, médiévales, il aborde son vocabulaire technique. Il passe en revue ensuite les différentes formes d’enchaînement possibles de case en case, démontrant que tout l’art de la bande dessinée réside dans ses ellipses. Il s’interroge également sur la relation étrange entre le temps tel qu’il est représenté dans la bande dessinée et tel qu’il est vécu par le lecteur, ainsi que sur les différentes combinaisons narratives entre le texte et l’image, la meilleure étant celle qui repose sur l’interdépendance. Pour illustrer son analyse, Scott McCloud cite en exemples des extraits de bandes dessinées américaines, européennes et japonaises. Il termine son exposé en faisant l’éloge du neuvième art au sein de l’Art, sur une note optimiste de reconnaissance par ses pairs.

Pour tout auteur de bande dessinée, L’Art invisible de Scott McCloud est vite devenue la référence absolue. Amateur de BD, vous avez également tout intérêt à lire cette bande dessinée théorique : d’une part, vous vous sentirez non plus ravalés à la position débilante de lecteurs de BD, mais à celle d’amateurs d’art, et d’autre part, vous en ferez désormais une lecture plus fine encore, en vous intéressant autant au fond qu’à la forme. A lire sans tarder.

La bande dessinée du scénario à la publication

17.01
2014

 

cop. Caster doc

cop. Caster doc

Après avoir dressé l’historique de la bande dessinée, Jean-Benoît Durand nous fait découvrir, étape par étape, la réalisation d’une bande dessinée : comment écrire un scénario, faire un découpage écrit ou dessiné, trouver le bon agencement des cases, les plans pertinents, les cadres cohérents, gérer les ellipses, créer le mouvement, imaginer les personnages, chercher de la documentation, choisir ses outils de travail, réaliser des crayonnés puis l’encrage, mettre en couleur.

Très pratique, ce documentaire à l’esthétisme soigné, dont la première version date de 1998 sous un autre titre, nous fait découvrir les concepts et les problématiques soulevés par le 9e art, qu’on ne perçoit en général que de l’autre côté de la lorgnette ! Un ouvrage de référence pour tous les néophytes, voire les amateurs avertis.

DURAND, Jean-Benoît. – La bande dessinée : du scénario à la publication. – Castor Doc, 2014. – 127 p. : ill. en coul. ; 18 cm. – EAN13 9782081308398 : 8,60 €.

Reçu en service de presse.

Faire de la bande dessinée de Scott McCloud

08.01
2014
cop. Delcourt

cop. Delcourt

Qu’est-ce qu’une bande dessinée ? R.C. Harvey nous en donne une définition : « La bande dessinée est constituée de récits, ou expositions narratives, dans lesquels les mots (souvent lettrés dans des bulles) compris dans la zone de l’image contribuent généralement au sens des images, et réciproquement. » Pour Scott McCloud, écrire une bande dessinée, c’est donc écrire avec des images. Pour ce faire, il faut opérer différents choix : choisir les moments qui vont décomposer l’action principale, le cadrage, proche des intentions du photographe, l’image, en essayant d’être le plus précis et le plus clair possible, les mots, qui ne peuvent pas être exprimés par l’image, et le flux. Mais c’est aussi concevoir des personnages, les expressions de leur visage et leur gestuelle, à travers lesquels s’expriment autant de techniques de dessinateur. C’est également combiner judicieusement à l’image des mots, soit prononcés par les personnages au moyen des fameuses bulles, soit placés en légendes, ou des bruitages. Scott McCloud se penche ensuite sur l’écriture de l’histoire et la collaboration entre le scénariste et le dessinateur, à partir de quoi tout ce qu’il a expliqué précédemment peut enfin commencer. Enfin il termine par la construction de l’univers dramatique, plus ou moins important selon le genre choisi.

Scott McCloud s’est surtout fait connaitre par ses ouvrages théoriques sur la bande dessinée, et notamment par L’Art invisible (1993), devenu une référence incontournable. Si ce qu’il explique n’a rien de révolutionnaire, Faire de la bande dessinée se révèle néanmoins un outil incontournable auquel se référer pour concevoir ses premières bandes dessinées.

Bande dessinée : apprendre et comprendre de L. Trondheim et S. Garcia

15.11
2013
cop. Delcourt

cop. Delcourt

Comme son titre l’indique, c’est l’histoire des deux dessinateurs en train de nous expliquer en quoi consistent les principaux ressorts d’une bande dessinée :

le scénario, l’ambiance narrative, la présentation traditionnelle d’une planche, la taille d’une case, ses bords, sa vue, les cartouches, les dessins bien entendu, les bulles ou phylactères, le lettrage, les images iconiques, les onomatopées, les métaphores visuelles, l’infranarratif, les décors, les couleurs, la diégèse entre les cases ou dans une même case, les transitions et bien sûr les spécificités de la bande dessinée.

« Il faut comprendre que l’auteur de bandes dessinées est à la fois scénariste, dessinateur, dialoguiste, cadreur, éclairagiste, maquilleur, costumier, monteur, acteur et décorateur. »

Ils achèvent tout naturellement leur enseignement par une bibliographie.

 

A propos de spécificités, je comprends que la multilinéarité en fasse partie, mais pas l’ambivalence possible des images, que l’on peut retrouver dans le procédé audiovisuel. Un enseignement un peu décousu dans la trame, mais pour les besoins du récit… Pardonné ! On y glane quelques petites choses sur le langage du 9e art, quand on n’est pas un lecteur averti. Pour les néophytes et les dessinateurs en herbe.