Benoit Peeters propose ici une lecture initiatique de la bande dessinée, que l’on peut lire d’ailleurs de toutes les manières possibles (politique, sociologique, philosophique, psychanalytique,…) et dans tous les sens possibles. Selon lui, ce qui fait la spécificité de la BD, c’est « la case, le strip, la planche, les relations entre le texte et le dessin, entre le scénario et sa mise en images ». L’auteur de BD a pour seul impératif de devoir « partager la planche en un certain nombre de segments afin de séparer des actions qui dans le récit se succèdent« . Ensuite, « les possibilités d’intervention sur la taille de l’image, assez rares au cinéma, sont ici presque infinies ».
Néanmoins, il touche du doigt l’incomplétude de la case, qui en fait toute la richesse, car la case n’est, somme toute, qu’une « variable dans un ensemble« , un « instant dans une continuité ». En effet, aucune image ne fait bande à part : « la véritable magie de la bande dessinée, c’est entre les images qu’elle opère, dans la tension qui les relie. » Pour Benoit Peeters, les plus grands créateurs de bande dessinée ont toujours réussi à « mettre l’accent à la fois sur les paramètres internes à la case et sur les relations qui les unissent. »
Il critique ainsi l’utilisation conventionnelle de la BD (qui privilégie le récit, comme le gaufrier), ou décorative (BD qui privilégie l’image), et fait l’éloge de son utilisation rhétorique (la case et la planche servent le récit) ou productrice (c’est l’organisation de la planche qui semble dicter le récit).
Une bonne ouverture pédagogique sur le neuvième art.