Vous avez peut-être déjà vu la Tour Perret à Amiens ou visité la ville du Havre, classée au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco : c’est l’oeuvre d’Auguste Perret, architecte français (né en Belgique en 1874 – mort en 1954), qui a introduit dans les constructions un matériau ultra-moderne, le béton armé, dont les possibilités insoupçonnées se révélèrent fécondes, et lui inspirèrent des formes empruntées à l’art grec et au classicisme français.
Dès son enfance, Auguste et ses deux frères sont marqués par l’emprise de l’entreprise familiale, d’où un intérêt précoce pour l’architecture. A l’époque, il existait encore une tradition de transmission du métier. Aussi, quand les trois frères reprennent l’entreprise, Auguste a déjà beaucoup appris en autodidacte, ayant déjà conçu un plan de chalet et énormément lu sur le sujet, en particulier les neuf tomes du Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle d’Eugène Viollet-le-Duc. Après avoir été élève dans une école alsacienne, Auguste va à l’école des Beaux-Arts de Paris pour passer le diplôme d’architecte mais la quittera sans avoir eu le temps de l’obtenir, malgré d’excellents résultats, car l’entreprise familiale a besoin de lui.
Il noue alors des relations étroites tant dans le milieu des architectes que dans les milieux littéraires et artistiques, mais aussi tumultueuses avec Le Corbusier à partir de 1908 qu’il a engagé comme dessinateur.
En 1899, il bâtit le casino de Saint-Malo (aujourd’hui détruit) et « le Saulot », rendez-vous de chasse, lesquels s’inscrivent dans une esthétique pittoresque, obéissant aux conventions, avec des procédés de construction courants. Il construit aussi quelques immeubles à la mode de l’Art nouveau, dans une version très épurée, des palais de bois pour des Salons et expositions universelles.
Il s’intéresse ensuite au béton armé, qui présente pour lui un certain nombre d’atouts (économique et solide, incombustible et multi-fonctionnel) et de performances structurelles. A l’aide de ce matériau, il conçoit alors l’immeuble de la rue Franklin, en 1904, mais aussi en 1911 le théâtre des Champs-Elysées sur un schéma de composition classique avec des façades symétriques et un percement régulièrement disposé, en collaboration avec Bourdelle.
L’objectif pour lui, clairement, n’est pas de révolutionner les modes de vie, mais de suivre leur évolution.
A partir du milieu des années 20, Auguste Perret intervient de plus en plus dans le domaine de l’architecture publique. Sa capacité à concevoir une architecture monumentale nouvelle, sans s’opposer aux formes traditionnelles et qui offre une garantie d’une exécution soignée et solide, sans dépassement du devis initial, plait.

La Tour Perret (Amiens)
Ses réalisations les plus représentatives :
1919 : Ateliers Esders (Paris)
1922-1923 : Eglise Notre-Dame (Le Raincy)
1923 : Maison Gaut (Paris)
1924-1925 : Tour d’orientation (Grenoble)
1925 : Théâtre de l’Exposition des arts décoratifs et industriels
1925-1927 : Maison Cassandre (Versailles)
1927-1928 : Hôtel Bressy (Paris)
1928-1929 : Atelier de Dora Gordine (Boulogne-Billancourt)
1926-1929 : Résidence-atelier de Chana Orloff (Paris)
1929-1932 : Immeuble rue Raynouard (Paris)
1936-1938 : Musée des Travaux publics, place d’Iéna (Paris)
1945 : centre nucléaire de Saclay (commande du général de Gaulle)
1945-1953 : première tranche des travaux du Havre
1947-1958 : Tour Perret (Amiens)
1951-1954 : Auguste Perret est chargé de la reconstruction du Havre, notamment de l’Eglise Saint-Joseph.
A l’instar de beaucoup de détracteurs, le béton armé n’a selon moi qu’une fonction utilitaire, et très peu esthétique, en tout cas pas chez chez Auguste Perret. Nonobstant, ce livre documentaire nous permet de mieux comprendre son cheminement théorique, voire de l’approuver.