Categorie ‘Documentaires

Ecrire de Marguerite Duras

25.06
2020

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Qu’a Marguerite Duras à dire sur l’acte d’écrire ? L’autrice évoque ses conditions d’écriture : la solitude, l’isolement le plus total dans une maison qu’elle avait à Trouville-sur-mer. Elle livre aussi ses convictions sur le silence autour de l’œuvre en train de se faire :

« Aux amants, les femmes ne doivent pas faire lire les livres qu’elles font. » (p. 18-19)

« Dans la vie il arrive un moment, et je pense que c’est fatal, auquel on ne peut pas échapper, où tout est mis en doute : le mariage, les amis, surtout les amis du couple. Pas l’enfant. L’enfant n’est jamais mis en doute. Et ce doute grandit autour de soi. Ce doute, il est seul, il est celui de la solitude. Il est né d’elle, de la solitude. (…) Le doute, c’est écrire. Donc c’est l’écrivain, aussi. » (p. 26)

« Écrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. (…) Ça ne parle pas beaucoup parce que c’est impossible de parler à quelqu’un d’un livre qu’on a écrit et surtout d’un livre qu’on est en train d’écrire. » (p. 34)

Suivent d’autres textes : La Mort du jeune aviateur anglais, Roma, Le nombre pur, L’exposition de la peinture, qui m’ont moins marquée.

Dans la combi de Thomas Pesquet de Marion Montaigne

08.04
2020

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Un jour, après une sélection draconienne et une formation de plusieurs années en Russie, aux Etats-Unis, en Allemagne, le Français Thomas Pesquet réalise enfin son rêve : partir six mois dans la Station spatiale internationale.

 

Tout, vous saurez tout sur le parcours de combattant de Thomas Pesquet pour devenir astronaute, pour faire partie d’une mission et enfin pour faire une Eva. Dans son reportage, Marion Montaigne nous livre tout avec beaucoup d’humour, de l’intimité de Thomas aux séquelles possibles après un séjour spatial. Une BD à la fois drôle et instructive. Une chose est sûre après l’avoir lue : aucun regret !

Le bruit des gens de Nikesko

29.03
2020

Le bruit des gens

A travers des anecdotes tirées de son quotidien, le narrateur nous fait découvrir avec humour les préjugés des gens, leurs étourderies et son exaspération à devoir expliquer qu’il est sourd et muet, et que pour parler lea langage-ue des signes il lui faut voir de face son interlocuteur et pas un groupe de personnes, lequel doit articuler correctement, et beaucoup se concentrer, ce qui peut s’avérer très fatigant en fin de soirée !

Drôle et édifiant !

 

 

 

 

 

NIKESKO
Le bruit des gens
éditions Lapin, 2020
215 p. : ill. en coul. ; 21*15 cm.
EAN13 9782377540662 : 18 €

Révolution 1. Liberté de Grouazel et Locard

25.03
2020

 

cop. Actes sud

cop. Actes sud

 

La Révolution française ! Elle a marqué les esprits et l’Histoire, mais qu’avons-nous retenu de nos leçons si ce n’est qu’elle est symbolisée par la prise de la Bastille ?
Florent Grouazel et Younn Locard se sont magistralement documenté pour mener à bien cette formidable fresque héroïque qui comptabilisera avec ces trois tomes mille pages. Les différents personnages permettent de côtoyer tantôt les pauvres, les laissez pour compte, tantôt la Fronde, tantôt les royalistes. Et les dessins, ah les dessins, ce sont de pures merveilles de finesse et de précision !
Pas étonnant que cet album ait été récompensé par le Fauve d’or à Angoulême. C’est un bijou !

 

GROUAZEL, Florent, LOCARD, Younn
Révolution : 1. Liberté
Actes sud – l’an 2, 2019
327 p. : ill. en coul. ; 29*22 cm.
EAN13 9782330117375 : 26 €

Seules à Berlin de Nicolas Juncker

24.03
2020
cop. casterman

cop. casterman

 

20 avril 1945. Ingrid relate dans son journal son séjour dans une cave avec les autres habitants de l’immeuble, dans l’attente de l’arrivée de l’armée russe.

30 avril 1945. Eugeniya, âgée de 19 ans, interprète à l’armée, retrouve avec ses confrères le corps calciné de Goebbels puis celui d’Hitler. L’un de ses supérieurs lui demande de l’aider à le voler pour s’en octroyer la découverte, un autre de veiller sur la femme allemande que s’est approprié un officier, ce qu’Ingrid a trouvé comme seule solution pour cesser d’être violée par la plupart des soldats russes. Toutes deux partagent alors la même chambre, le même lit. Eugeniya laisse Ingrid lire son journal, et espère que celle-ci lui donnera un jour le sien à lire…

De cette promiscuité subie entre deux ennemies va naître un début de compréhension des outrages subis de l’allemande par les russes, voire un début d’amitié. Cette histoire saisissante nous plonge immédiatement dans la chute de Berlin au travers du regard de femmes de camps ennemis, et nous montre leurs conditions de survie et d’existence en temps de guerre. Le dessin, original, parait tantôt presque naïf, efface les bouches, les sourires, tantôt très fin. La couleur illumine les deux seules éclaircies de joie ou d’espoir. Un album très réussi.

 

JUNCKER, Nicolas

Seules à Berlin

Casterman, 2020

197 p. : ill. en coul. ; 29*22 cm.

EAN13 9782203168527 : 25 €

Matière et mémoire d’Henri Bergson

04.03
2020

Matière et mémoire Essai sur la relation du corps à l’esprit

Dans le premier chapitre, Bergson s’attaque à l’idéalisme et au réalisme comme étant deux thèses également excessives. Il est faux de réduire la matière à la représentation que nous en avons, d’en faire une chose qui produirait en nous des représentations mais qui serait d’une autre nature qu’elles : la matière est un ensemble d’ »images », à mi-chemin entre la « chose » et la « représentation », perçues quand j’ouvre mes sens, inaperçues quand je les ferme.

« il n’y a pas de perception qui ne soit imprégnée de souvenirs. » (p.30)

La mémoire, en tant qu’elle recouvre d’une nappe de souvenirs un fond de perception immédiate et en tant aussi qu’elle contracte une multiplicité de moments, constitue le principal apport de la conscience individuelle dans la perception, le côté SUBJECTIF de notre CONNAISSANCE des CHOSES.

« il n’y a pas de perception sans affection. » (p. 59)

« (…) l’affection n’est pas la matière première dont la perception est faite ; elle est bien plutôt l’impureté qui s’y mêle. » (p. 60)

La mémoire est pour lui « une survivance des images passées. » (p. 68)

Dans le second chapitre, Bergson distingue deux types de souvenirs :

- « le souvenir de la leçon, en tant qu’apprise par cœur, a tous les caractères d’une habitude. Comme l’habitude, il s’acquiert par la répétition d’un même effort. Comme l’habitude, il a érigé la décomposition d’abord, puis la recomposition de l’action totale. Comme tout exercice habituel du corps, enfin, l s’est emmagasiné dans un mécanisme qu’ébranle tout entier une impulsion initiale, dans un système clos de mouvements automatiques, qui se succèdent dans le même ordre et occupent le même temps. »

Ce type de souvenir constitue une action, une « habitude éclairée par la mémoire. »

- le souvenir de telle lecture particulière, un souvenir daté, qui ne se répète pas.

Ce type de souvenir constitue une représentation.

Aussi le « déjà vu » serait une fusion ou juxtaposition entre la perception et le souvenir.

Dans les chapitres suivants, Bergson n’aura de cesse de développer et de préciser cette distinction. Il faut selon lui que « le passé soit joué par la matière, imaginé par l’esprit. » (p. 251) Qu’est-ce à dire ? Qu’un type de souvenir s’ancre dans le corps comme une habitude motrice, un automatisme, causé par une perception qui prépare les actions, tandis que le second type de souvenir est rappelé par l’esprit, c’est la représentation de l’objet absent.

« La mémoire est autre chose qu’une fonction du cerveau, et il n’y a pas une différence de degré, mais de nature, entre la perception et le souvenir. » (p. 266)

Ainsi, « l’intérêt d’un être vivant est de saisir dans une situation présente ce qui ressemble à une situation antérieure, puis d’en rapprocher ce qui a précédé et surtout ce qui a suivi, afin de profiter de son expérience passée. » A l’origine, le souvenir a donc une utilité vitale qui permet la survie, par association, ressemblance ou contiguïté.

Un ouvrage philosophique qui fait paraître simple une distinction à laquelle on n’aurait pas songé sinon. Ainsi ce que l’on perçoit est tout entier subjectif, chargé d’affection, dès lors que cette perception n’est pas neuve mais nourrie d’un passé, d’expériences antérieures. Ce que l’on rappelle du passé par l’esprit est tout aussi subjectif, parfois cette « image » est même construite ou reconstruite par différentes phases du passé et par le présent. J’aurais aimé que Bergson évoque ce dernier aspect, mais il n’en parle pas.

 

Cornelius Castoriadis & l’autonomie radicale

01.03
2020

CorneliusCornelius Castoriadis (1922-1997) fut un militant politique et révolutionnaire, à la fois psychanalyste, philosophe et économiste. Serge Latouche synthétise dans cet ouvrage sa pensée puis présente quelques-uns de ses textes et entretiens. Castoriadis défend l’idée d’une société autonome, qui serait l’œuvre d’individus qui agissent autant que possible après avoir réfléchi et délibéré ensemble, et dans le respect des ressources naturelles, de la biodiversité et de la Vie.
Les changements profonds dans l’attitude de l’être humain à l’égard de la production, de la consommation et de son environnement que souhaite Cornelius commencent tout juste à prendre forme avec le développement de l’agriculture biologique, le recul du plastique, le recyclage et la récupération, mais avec encore beaucoup de freins par ailleurs. Des réflexions sur lesquelles s’appuyer pour alimenter des discussions politiques.

 

Cornelius Castoriadis et l’autonomie radicale
Latouche, Serge
Le passager clandestin, 2020
123 p.
Ean13 9782369352372 : 10 €