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Une île sur la Volga d’Iwan Lépingle

15.04
2020

IMG_20200411_165040Gala Andreievna enseigne désormais le russe à Moscou et revient sur l’île où elle a été professeure, dix jours pour travailler au calme à son mémoire chez son fils Maksim et sa famille qui s’y sont installés. Elle a eu comme élève Kolya, un adolescent qui vit  à présent de petits boulots louches avec son ami Stepan, sous les ordres de la mafia locale. Quand cette dernière commence à menacer Maksim en cherchant à lui soutirer de l’argent, elle s’en mêle et la dénonce sur un site d’actualités. Aussitôt la mafia charge les deux jeunes de l’effrayer, mais ces derniers prennent une initiative qui va vite tourner mal…

A l’aide d’un trait rapide et d’une palette ocre, rouge et blanche, l’Orléanais Iwan Lépingle nous offre ici une histoire pleine de suspens à l’autre bout de l’Europe, confrontant des citadins intellectuels à la recherche du bio et du calme à une mafia locale. Une bonne histoire qui nous tient en haleine.

Emprunté à la bibliothèque

Rien de grave (court-métrage)

13.12
2016

A l’occasion de la fête du court-métrage qui a lieu du 15 au 21 décembre, je propose une petite sélection à différentes classes, jeudi toute la journée.

Voici le court-métrage, avec Jean Dujardin, qui va certainement le plus leur plaire, avec un petit twist final :

Lignes noires d’Adrien Thiot-Rader et Ludovic Rio

15.01
2014
cop. Polystyrène

cop. Polystyrène

 

Un soir survient un incident tragique : un homme est poussé sur la voie du métro.
Un couple recherche activement un homme qui a participé avec eux à un cambriolage, tandis qu’on fait la connaissance d’un quatrième, semblant n’avoir aucun lien avec les trois autres.

Dans ce petit polar en noir et blanc se déroulant à Paris, l’intérêt réside notamment dans la découverte de l’objet-livre, intrigant, qui se déploie en trois parties, chacune relatant le fil directeur d’un personnage. Mais l’ouvrage se lit finalement comme d’habitude de gauche à droite. Une excellente initiative de modification de lecture de la bande dessinée, qui gagnerait à être exploitée plus avant. A découvrir !

cop. Polystyrène

cop. Polystyrène

Les armes secrètes ** de Julio Cortazar (1958)

07.08
2011

cop. Gallimard

Las Armas secretas

C’est en France, où il a vécu en exil, et non en Argentine que se déroulent les cinq nouvelles de ce célèbre écrivain argentin, qui composent ce recueil :

Dans la nouvelle psychologique Lettres de Maman **, le suspens tient en un secret qui appartient à un passé proche, et que des lettres mises sur le compte de la sélénité et la folie de la mère de Luis, demeurée seule en Argentine, mettent en exergue, leur couple étant presque illégitime puisque Luis, le narrateur, a séduit Laura, l’amie de son frère, lequel ne s’en est jamais remis et a péri…

Dans Bons et loyaux services *, proche de l’absurde, Madame Francinet, d’un certain âge, est embauchée par Madame Rosay pour garder, le temps d’une grande soirée parisienne, ses six chiens. A la fin de sa mission, dans la cuisine, un certain Monsieur Bébé lui donne à boire du whisky, auquel elle goûte pour la première fois de sa vie. M. Rosay revient un jour la voir pour lui confier une délicate mission, celle de tenir le rôle de la mère de ce Monsieur Bébé lors des obsèques de ce dernier, le seul à l’avoir considérée comme un être humain ce soir-là…

Les fils de la vierge ** : Sur la pointe de l’île de la Cité, un couple se forme sous les yeux d’un photographe, celui d’un très jeune homme avec une dame d’âge mur. Le narrateur saisit alors leur expression sur le vif, geste aussitôt surpris, si bien qu’il provoque malgré lui la séparation du couple et le courroux de cette dame bientôt rejointe par son mari aux aguets, tandis que le jeune homme en profite pour fuir. Plus tard, chez lui, devant l’agrandissement de cette photographie où tout se jouait encore, une autre issue de l’histoire se dessine…

L’homme à l’affût **, dans la nouvelle la plus longue, est à l’affût d’une réalité qui se dérobe, qu’il perçoit parfois, dilatée dans le temps, comme élastique. L’histoire de ce saxophoniste de jazz est racontée par son biographe.

Enfin, Les armes secrètes : un couple se voit au café. Tous deux vont dans sa villa, ses parents absents. Pierre a des rêves, des visions de l’intérieur de cette villa, surtout de la rampe d’escalier, du corps de Michele dans sa chambre là-hait qu’il malmène. Mais cette dernière ne s’est toujours pas offerte à lui. Même elle se fâche. Il part alors sur sa moto, traverse un bois jonché de feuilles mortes. Mystère ?! Réincarnation de cet homme qui bégayait, qui l’a violée avant d’être assassiné par ses amis en plein bois, sur un lit de feuilles mortes ?…

 

Le lecteur peut facilement être dérouté par ce recueil de nouvelles à l’univers décalé, aux frontières du fantastique. Ainsi, l’arme secrète qui fait basculer le réel vers le fantastique contemporain, cela peut être un nom réapparaissant dans une lettre, une photographie dans Les Fils de la vierge, la musique dans L’homme à l’affût. La plupart des nouvelles ne glissent pas vers le surnaturel, elles le laissent seulement affleurer, en filigrane, sans rupture, sans glissement, juste en surimpression de la réalité. Excepté Les Fils de la vierge (dont s’est inspiré Antonioni dans son film Blow up), où un objet, la photographie, permet ce glissement vers un fantastique plus classique. Mais à chaque fois, le fantastique est intériorisé par les personnages.

A travers ces nouvelles au fantastique très psychologique, Julio Cortazar aborde des thèmes bien réels, et souvent graves : la culpabilité, la maladie mentale, la lutte des classes, le dédoublement de la personnalité, le souvenir traumatisant, l’impossibilité de vivre selon ses désirs, la dépossession de soi, la mort.

Il est dommage que ce recueil ne regroupe que cinq nouvelles sur les onze comprises sous ce titre, d’ordinaire. Impossible en effet de ne pas poursuivre notre découverte progressive de cet auteur, à lire absolument.

 

Les Armes secrètes / Julio Cortázar  ; traduit de l’espagnol par Laure Guille-Bataillon, traduction revue. - Paris  : Gallimard , 2005.- 234 p.  : couv. ill. en coul.  ; 18 cm .- (Collection Folio  ; 448). - ISBN 2-07-036448-8 (Br) : 6,20 €.