Mots-clefs ‘psychologie’

Les robots d’Isaac Asimov

10.05
2020

IMG_20200504_221400#1

Susan Calvin, éminente robopsychologue d’U.S. Robots, raconte chronologiquement à un journaliste ses expériences avec les robots qui ont le plus marqué ses cinquante ans de carrière. Cela commence avec les premier robot offert à une petite fille comme étant à la fois sa garde d’enfants et son meilleur compagnon de jeu, et se termine par l’élection d’un nouveau maire dont les qualités laissent planer un sérieux doute sur le fait qu’il soit humain, jusqu’à ce qu’il détrompe tout le monde et devienne le Coordinateur Mondial…

Voici comblée une grande lacune : je n’avais encore jamais lu un seul titre d’Isaac Asimov, l’un des auteurs fondamentaux de SF anglaise.  Ce recueil de nouvelles quasi- indépendantes les unes des autres, reliées entre elles par les mêmes personnages, fonctionne comme un bouclé feuilletonnant, ce qui donne diablement envie de les voir portées à l’écran ! Toutes ces histoires, publiées en 1950, n’ont absolument pas pris une ride, et mériteraient d’être lues et relues, tant elles posent les bases, avec la fameuse loi robotique*, de notre future relation avec les robots et machines, sans aucun manichéisme. C’est intelligent et puissant : à lire absolument !

*Les trois lois sont:

  • Première Loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. » ;
  • Deuxième Loi : « Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi. » ;
  • Troisième Loi : « Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi. »

IMG_20200504_221321#1

Le testament d’un enfant mort de Philippe Curval

05.05
2013

cop. Le Passager clandestin

Quel titre horrible ! A la mesure du récit d’anticipation imaginé par Philippe Curval en 1978, nouvelle de 70 pages écrite en 1978 et republiée ici par les éditions du passager clandestin, qui commence ainsi :

« J’ai enfin découvert le moyen de comprendre pourquoi, depuis quelques générations, un grand nombre de nouveau-nés meurent de façon mystérieuse. »

Alors que la Terre est surpeuplée, arrive une épidémie chez les nouveaux-nés qui inverse le phénomène tant et si bien que l’on finit par avoir peur de l’extinction de l’espèce.

Dans la première partie, ménageant le suspens de manière assez classique, le narrateur écrivant à la première personne, un scientifique, nous livre les conclusions de sa découverte : à défaut de maîtriser leur être dans l’espace, les nouveaux-nés, qu’il appelle « hypermaturés », accélèrent le temps pour se suicider, en vieillissant très vite en quelques semaines, voire quelques mois. Pourquoi refuser de vivre ? Selon le scientifique, leur malheur est d’avoir des pouvoirs télépathiques leur donnant accès à l’inconscient collectif :

« En même temps qu’il apprenait à lire l’univers dans la mémoire encore informelle de ses compagnons, Camille Félix découvrait en moi toutes les motivations nécessaires à refuser sa vie. Dès qu’il a pu inventer le moyen de le faire, il s’est mis à accélérer, pour fuir dans le temps ce dont il ne pouvait s’affranchir dans l’espace. » (p. 22)

Le journal du foetus puis du bébé, qui lui aussi écrit à la première personne, commence page 25, dans une deuxième partie plus longue ; atrocement désespérée, il est extrêmement intéressant, voire poétique, surtout page 57, où le narrateur essaie d’appréhender le monde à travers le regard d’un nouveau-né, ce monde qu’il peut toucher, voir, sentir, goûter, mais surtout un monde instable, où les objets peuvent changer de place, se rapprocher, se transformer.

Dans cette dystopie, Philippe Curval trouve une solution à la future surpopulation de la planète. L’humanité va se réguler d’elle-même à la source, c’est-à-dire que sa forte natalité va aller de paire avec une forte mortalité dès les premiers mois de la naissance. Mais il pousse le vice très loin puisque ce n’est pas ici une maladie qui provoque la mort des bébés, mais leur vision désespérée de leur propre avenir, de leur sentiment d’immense solitude dans ce monde où leur vie compte si peu. Quel besoin de vivre si l’on n’existe pour personne ? Un texte original, cruel, dur et dérangeant.

CURVAL, Philippe. – Le testament d’un enfant mort. – Le passager clandestin, 2013. – 73 p. : couv. ill. ; cm. – (dyschroniques). – EAN13 9782916952772 : 6 €.