Mots-clefs ‘Moyen-Age’

Aldobrando

05.02
2020

AldobrandoSur le point, il le sait, de mourir pour défendre son honneur et une cause juste dans la Fosse, le père d’Aldobrando confie son fils à un mage, qui devra l’élever puis le lâcher dans le vaste monde. Plusieurs années après, alors que le sorcier veut enseigner un secret à Aldobrando devenu un adolescent toujours enfermé dans la cabane, le sortilège tourne mal et, grièvement blessé à l’œil par un chat, le mage lui ordonne de partir très loin en quête de l’herbe du loup, qui seule pourra le soigner. Pour la première fois, Aldobrando quitte la maison et la seule personne qu’il ait jamais connue avec son père. Sur le chemin, il rencontre l’assassin d’un prince qui se fait passer pour le prince lui-même et qui en fait son écuyer. Le retrouvant avec l’arme du crime, c’est Aldobrando que les soldats emprisonnent et que la princesse Bianca vient interroger…

Splendide objet inspiré d’un jeu italien que cet album au dessin tantôt au trait précis tantôt emprunté à la ligne claire, aux belles textures de couleurs et au récit initiatique avec une belle amplitude. Nous voilà transporté dans une Italie moyenâgeuse, sur les pas de ce jeune homme naïf, honnête et courageux, qui va découvrir un monde extérieur particulièrement violent, avec ses hommes assoiffés de désir et de pouvoir, mais également l’amour.
Petit coup de cœur pour cet album au message humaniste.

CITRONE, Luigi, GIPI
Aldobrando
coul. de Francesco Daniele et Claudia Palescandolo ; trad. de l’ital. par Hélène Dauniol-Remaud
Casterman, 2020
204 p. : ill. en coul. ; 29*22 cm.
EAN13 9782203166677 : 23 €

Garulfo : tome 1. De mares en châteaux d’Ayroles, Maïorana

23.10
2013

Garulfo-tome-1Le Mercredi, c’est bande dessinée… jeunesse aujourd’hui

Vous connaissez tous cette légende selon laquelle une princesse donnant un baiser à une grenouille verrait avec stupeur celle-ci se métamorphoser en un beau prince ? Lorsque Garulfo, grenouille de son état, ne comptant sur aucun ami, et vouant une admiration sans borne pour l’homme, entend une gouvernante conter cette histoire à une belle princesse languissant après un prince hypothétique, il tente aussitôt l’expérience… décevante pour lui comme pour la malheureuse. Peu après, par un concours de circonstances, il réchappe de peu au chaudron d’une sorcière qui exauce son souhait. Seulement, ce n’est pas la princesse qui l’embrasse, mais une paysanne peu amène, et son ignorance, en particulier de la cruauté des hommes et des inégalités sociales, lui attire quelques ennemis…
Une bande dessinée pleine d’humour permettant de voir la société féodale, dans laquelle les contes traditionnels font habituellement évoluer leurs personnages, à travers le regard innocent d’une grenouille. Un agréable divertissement pour pré-dolescents et moins jeunes.

A partir de 13 ans.

Des extraits du 6e album sur http://livres.telerama.fr/edito/garulfo/p1.html

AYROLES, MAÏORANA. - Garulfo : 1. De mares en châteaux. – Delcourt, 1999. – 48 p. en coul.. – (Terres de légendes). – ISBN : 2-84055-045-8 : 12,25 euros.

La nuit de Stanislas Gros

19.10
2011

A voir la couv’, il s’agirait à première vue d’une histoire de chevalier, un rien mélancolique. Bingo ! Sauf qu’au coeur de cette nuit médiévale, ce chevalier de retour d’une bataille n’est pas le héros de l’histoire, bien loin de là, mais il partage la vedette avec un arbalétrier maladroit, son épouse et son amant fortuné, la mystérieuse sorcière surnommée Saturnia, et… des morts sortis de leur tombe. Mais cette nuit enseignera à tous ces personnages quel a été et quel est leur destin, ainsi que la nature des liens qui les réunissent…

Stanislas Gros s’est essayé pour ce troisième album, après les adaptations des grands classiques du Dernier jour d’un condamné et du Portrait de Dorian Gray, à l’écriture de l’ensemble, scénario et illustrations. On retrouve son coup de crayon assez naïf dans le traitement des personnages, auxquels il accorde une attention égale. Mais il innove réellement en réutilisant plusieurs fois la même case dans deux chapitres consécutifs pour montrer des points de vue différents de l’histoire. Par ailleurs, il sait alterner les passages graves à d’autres plus légers, comme il se garde bien de conclure par un happy end ou une fin moralisatrice et préfère nous offrir une histoire restée ouverte, en demi-teinte :
du coup,  pour ce premier album sorti complètement de son imaginaire, il réussit à nous faire entrer dans un univers assez sombre et fantastique doté d’un humour un peu décalé, sans tomber dans les poncifs du genre.

 

GROS, Stanislas. - La nuit. - Paris  : Gallimard : Bayou , 2011 .- 92 p.  : ill. en coul.  ; 25 cm .- (Bayou). - ISBN 978-2-07-062954-1 : 16 €.
Allez donc jeter un oeil sur le blog de Stanislas Gros, Le Ravi.
Du même auteur, chroniqués dans Carnets de SeL :

De la différence des sexes * (2010)

18.12
2010

A l’aune de leur expertise sur ces périodes et à l’encontre de notre vision progressiste de l’Histoire, huit historiennes et historiens s’interrogent sur le statut et la place des femmes dans la démocratie athénienne, dans la culture romaine ou byzantine, au Moyen Âge, sous l’Ancien Régime, au XIXe ou XXe siècles.

Selon Violaine Sebillotte Cuchet, même si la fonction première de ces dernières restait l’enfantement, le principe de filiation politique prévalait dans la démocratie athénienne, intégrait ainsi du féminin et des femmes. Aussi le critère fondamental de distinction dans la cité démocratique, plus que la catégorisation sexiste, départageait les individus inscrits dans une maison citoyenne des étrangers et des esclaves.

Thomas Späth ne se prononce pas sur la dichotomie homme-femme dans la Rome antique, l’état des recherches sur la question ne le lui permettant pas, mais affirme d’ores et déjà que celle-ci est inapte à représenter le système symbolique du genre.

Georges Sidéris constate que la trisexuation modèle toute la société byzantine : « Conçus comme un contre-pouvoir face aux ambitions des militaires et une institution de limitation de la violence, chargés de garantir la pudeur des femmes de la famille impériale, les eunuques ont su dépasser leur fonction première qui les confinait au palais et à ses alentours pour apparaître comme une composante constitutive de la société, aux côtés des hommes et des femmes. » (p. 100)

Durant le Moyen-Âge, Anne-Marie Helvétius observe combien « la montée en puissance du clergé, fermé aux femmes, correspond à une dégradation de la position des laïcs en général et des femmes en particulier dans l’Eglise et dans le société. » (p. 103), auxquelles on ne concède plus que la fonction de dévôte ou le rôle de bonne épouse et mère, exclue du lit du prêtre à partir du XIe siècle.

Sylvie Steinberg souligne que la conception très hiérarchisante sous l’Ancien Régime permet certes à quelques grandes dames à dominer des hommes de rang inférieur, à des femmes au « tempérament viril » de devenir chef de famille, mais tout ceci ne reste que très théorique et utopique.

Alice Primi critique l’apparition, au XIXe siècle, du concept d’ »éternel féminin », ô combien réducteur et destructeur pour la femme, dont la nature la prédisposerait à telle ou telle humeur et à tel ou tel fonction sociale. Alors que l’homme vit pour lui-même, paraît neutre, la femme apparaît conditionnée par sa faiblesse déguisée en fragilité, et son rôle maternel. Pour se faire entendre, les femmes se heurtent toujours aux mêmes obstacles : elles se trouvent exclues de tous les débats politiques et de tous les droits civiques, et elles sont intégrées dans un système prônant une « identité féminine » qui les infériorise en prétendant les valoriser.

Françoise Thébaut dresse l’historique des avancées civiques et sociales des femmes au XXe siècle, concluant sur les élections présidentielles de 2007 où, pour une fois, une candidate, Ségolène Royale, a osé mettre en avant sa féminité, et non l’occulter.

Un ouvrage passionnant et érudit qui resitue la notion de genre à travers l’Histoire dans une longue série de contributions, et s’achève par l’analyse qu’en a fait Foucault.

De la différence des sexes : le genre en histoire / sous la dir. de Michèle Riot-Sarcey. – Larousse, 2010. – 287 p. ; 22 cm. – (Bibliothèque historique Larousse). – ISBN 978-2-03-583983-1 : 18 €.
Service de presse.

La fleur de peau * de Sebastià Alzamora (2007)

30.09
2007

Titre original : La pell i la princesa (2005)
traduit du catalan par Cathy Ytak

Quels mystères cache Puppa, le relieur de livres à peau humaine ? C’est sa vie que va nous conter un ancien tailleur de pierre, ayant perdu la jambe gauche dont la peau a servi à recouvrir l’un de ces fameux livres. Fuyant une vie de misère sous la tutelle de paysans aisés, il sera baptisé Puppa, « progéniteur », par des gitans qui voient en lui s’accomplir la Prophétie, géniteur d’un futur Guide qui scellerait l’alliance des clans. Dès son arrivée à Prague, il assiste au coup d’état du duc Antoine, dont il sauve la vie, après avoir sauvé celle de la princesse Maria, dont il reste subjugué, et dont il va assurer désormais la protection, à l’intérieur d’un palais au jardin merveilleux, dans lequel rôde une affreuse créature, le Golem. Son sort se joue entre les mains d’un roi fou de science et de magie, d’une reine insatiable qui en fait son amant attitré, du rabbin Juda Loew, son mentor, et du duc Antoine, dont il s’est fait un ennemi…

Quelle bien étrange histoire que celle-ci, inspirée des mythes européens les plus divers. Parfois même elle prend les accents de ce genre prisé depuis plusieurs années qu’est l’heroïc-fantasy. Elle se lit comme un songe dont on ne sait quand le personnage se retrouve véritablement dans la réalité première. La cruauté des hommes n’y a d’égale que la sensualité débridée des femmes, le savoir n’étant d’aucun secours au roi ni au créateur du Golem. Un récit dont l’effet sur le lecteur est à l’image de ces livres légendaires que l’on recouvrit de peaux humaines, à la fois effrayant et doux au toucher, comme à fleur de peau.

Ce roman fantastique a reçu en 2005 le Prix Joseph Pla.
Sebastià Alzamora, écrivain espagnol, est né en 1972.

ALZAMORA, Sebastià. - La fleur de peau / trad. du catalan par Cathy Ytak. – Métailié, 4 octobre 2007. – 182 p.. – (Bibliothèque hispanique). – ISBN : 978-2-86424-626-8 : 17 €.

Service de presse

Commentaire sur l’ancien blog