A l’aune de leur expertise sur ces périodes et à l’encontre de notre vision progressiste de l’Histoire, huit historiennes et historiens s’interrogent sur le statut et la place des femmes dans la démocratie athénienne, dans la culture romaine ou byzantine, au Moyen Âge, sous l’Ancien Régime, au XIXe ou XXe siècles.
Selon Violaine Sebillotte Cuchet, même si la fonction première de ces dernières restait l’enfantement, le principe de filiation politique prévalait dans la démocratie athénienne, intégrait ainsi du féminin et des femmes. Aussi le critère fondamental de distinction dans la cité démocratique, plus que la catégorisation sexiste, départageait les individus inscrits dans une maison citoyenne des étrangers et des esclaves.
Thomas Späth ne se prononce pas sur la dichotomie homme-femme dans la Rome antique, l’état des recherches sur la question ne le lui permettant pas, mais affirme d’ores et déjà que celle-ci est inapte à représenter le système symbolique du genre.
Georges Sidéris constate que la trisexuation modèle toute la société byzantine : « Conçus comme un contre-pouvoir face aux ambitions des militaires et une institution de limitation de la violence, chargés de garantir la pudeur des femmes de la famille impériale, les eunuques ont su dépasser leur fonction première qui les confinait au palais et à ses alentours pour apparaître comme une composante constitutive de la société, aux côtés des hommes et des femmes. » (p. 100)
Durant le Moyen-Âge, Anne-Marie Helvétius observe combien « la montée en puissance du clergé, fermé aux femmes, correspond à une dégradation de la position des laïcs en général et des femmes en particulier dans l’Eglise et dans le société. » (p. 103), auxquelles on ne concède plus que la fonction de dévôte ou le rôle de bonne épouse et mère, exclue du lit du prêtre à partir du XIe siècle.
Sylvie Steinberg souligne que la conception très hiérarchisante sous l’Ancien Régime permet certes à quelques grandes dames à dominer des hommes de rang inférieur, à des femmes au « tempérament viril » de devenir chef de famille, mais tout ceci ne reste que très théorique et utopique.
Alice Primi critique l’apparition, au XIXe siècle, du concept d’ »éternel féminin », ô combien réducteur et destructeur pour la femme, dont la nature la prédisposerait à telle ou telle humeur et à tel ou tel fonction sociale. Alors que l’homme vit pour lui-même, paraît neutre, la femme apparaît conditionnée par sa faiblesse déguisée en fragilité, et son rôle maternel. Pour se faire entendre, les femmes se heurtent toujours aux mêmes obstacles : elles se trouvent exclues de tous les débats politiques et de tous les droits civiques, et elles sont intégrées dans un système prônant une « identité féminine » qui les infériorise en prétendant les valoriser.
Françoise Thébaut dresse l’historique des avancées civiques et sociales des femmes au XXe siècle, concluant sur les élections présidentielles de 2007 où, pour une fois, une candidate, Ségolène Royale, a osé mettre en avant sa féminité, et non l’occulter.
Un ouvrage passionnant et érudit qui resitue la notion de genre à travers l’Histoire dans une longue série de contributions, et s’achève par l’analyse qu’en a fait Foucault.
De la différence des sexes : le genre en histoire / sous la dir. de Michèle Riot-Sarcey. – Larousse, 2010. – 287 p. ; 22 cm. – (Bibliothèque historique Larousse). – ISBN 978-2-03-583983-1 : 18 €.
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