Titre original : People’s act of love (2005)
Au bout du monde, dans le froid de la Sibérie, en 1919, Jazyk, petite bourgade, vit sous l’occupation de militaires tchèques et les ordres de Matula, leur capitaine. Mutz, son lieutenant, qui seul semble garder la tête froide et un fond d’humanité, entretient une liaison avec Anna Petrovna, une jeune veuve qui vit seule avec son fils, à l’écart du reste de la population qui constitue toute entière une secte religieuse, conduite par Balashov. Une nuit, le shaman de la région, que le capitaine tenait prisonnier à l’extérieur, est retrouvé mort. Arrive cette même nuit un intellectuel, Samarin, évadé d’un bagne près du cercle arctique et poursuivi par un dangereux criminel doublé d’un cannibale…
Historique, ce roman nous plonge dans les limbes méconnues d’une partie de la carte géopolitique de la révolution russe. Et pourtant, à l’instar des grands romans russes (bien que l’auteur fût Écossais), ce n’est pas tant l’Histoire qui interpelle le lecteur que ce qui mène toujours les hommes et les femmes : l’Amour. Les uns sont prêts à s’automutiler par Amour de Dieu, d’autres à franchir le tabou du cannibalisme pour sauver leur amour de jeunesse, d’autres enfin à sacrifier des vies humaines et leur propre vie pour leur patrie et rendre meilleure la vie des générations suivantes. Jusqu’à ce que réapparaisse soudain, sous son fanatisme religieux ou politique, l’individu dans un dernier sursaut d’humanité et d’amour véritable…
Il ne s’agit pas d’abandonner, dans sa première phase d’exposition, ce roman sombre et déconcertant, avant de voir peu à peu les pièces de l’échiquier se découvrir et se mettre en place, pour mettre en lumière un jeu consommé par des personnages complexes et torturés.
MEEK, James. – Un acte d’amour / trad. de l’anglais (Ecosse) par David Fauquemberg. – Métailié, 2007. – 436 p.. – (Bibliothèque écossaise). – ISBN : 978-2-86424-607-7 : 22 €.