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Ni Dieu ni maître : Auguste Blanqui, l’enfermé

12.03
2014
cop. Casterman

cop. Casterman

Sur ses 76 années d’existence, Auguste Blanqui (1805-1881) en vécut plus de 43 emprisonné, privé de sa liberté de mouvement, mais pas de sa liberté de penser. Pour dépeindre la biographie de cet homme engagé, Maximilien Le Roy a choisi de faire revivre le parcours de ce grand révolutionnaire républicain socialiste non marxiste par l’intermédiaire du journaliste Aurélien Marcadet qui vient lui rendre visite chaque vendredi dans sa cellule. Enfermé, Blanqui le fut, lui qui ne mâchait pas ses mots en s’adressant à la foule ou à ses lecteurs, par l’intermédiaire de journaux, lui qui prônait la révolution des prolétaires par la violence pour renverser le pouvoir, sous le règne de Charles X, de Louis-Philippe puis de Napoléon III. Il fait d’ailleurs tellement peur au gouvernement que durant la Commune, Thiers, ayant peur de relâcher ce révolutionnaire qui pourrait prendre la tête des Communards, refuse de l’échanger contre 74 otages, dont un archevêque. A la fin de sa vie, enfin libéré, Blanqui fonde le journal au titre désormais célèbre Ni Dieu ni maître.

Pari gagné que cette biographie de Blanqui qui fut pourtant plus de la moitié de sa vie contraint à l’inactivité, en utilisant la mise en abime du protagoniste se prêtant à l’exercice de ses mémoires. Loïc Locatelli Kournwsky aide à la compréhension de ses va-et-vients en alternant pour ses traits simples et directs les tons chauds des flash-back avec les tons froids du présent. Un rappel révoltant d’un grand homme au fort sentiment de Justice et d’Egalité injustement mis au ban de la Société et de sa propre vie.

 

LOCATELLI KOURNWSKY, Loïc, LE ROY, Maximilien. - Ni Dieu ni maître : Auguste Blanqui, l’enfermé. – Casterman, 2014. – 208 p. : ill. en coul. ; 28 cm. – EAN13 9782203051577 : 23 €.

Nietzsche d’Onfray & Le Roy

26.10
2011

cop. Le Lombard

Nietzsche  :  se créer liberté

D’après L’innocence du devenir :  la vie de Frédéric Nietzsche par Michel Onfray (Galilée , 2007).

« Oui, mon corps va me le faire payer.

Tous ces ébranlements, toutes ces secousses…

… Toute cette dynamite ingurgitée, tout ça va me détruire, me casser… me pulvériser.

Je vais probablement passer deux jours allongé sur mon lit, dans la plus totale obscurité, avec des migraines et des maux d’yeux.

Je suis un sismographe d’émotions. »

(p. 47)

A quoi songe Nietzsche en 1896, à Naumburg, allongé sur sa chaise longue, le regard fixe ? Peut-être plus à rien désormais…  Peut-être son corps et son cerveau sont-ils en train de payer le prix de cette formidable énergie absorbée…   Promis à devenir pasteur, Friedrich Nietzsche veut être compositeur, il deviendra professeur de philologie. Influencé par l’écoute de Wagner et par la lecture de Schopenhauer, il commence par publier Naissance de la tragédie, désapprouvé par ses collègues universitaires. Il finit par donner son congé pour raison de santé, s’isole pour méditer et écrire à la pension de famille Sils-Maria, avant de sombrer dans la démence…

« La liberté est un grand luxe, vous savez, moins vous possédez et moins vous l’êtes… possédé !«  (p. 57)

Davantage née d’un certain regard que d’une réelle volonté de faire connaître la personnalité du grand philosophe, cette biographie du maître à penser de Michel Onfray apparaît quelque peu décousue, et partielle. Néanmoins, le coup de crayon de Maximilien Le Roy contribue à rendre tragique la destinée de Nietzsche, tant dans sa description de la douleur que dans la palette de couleurs fauves choisie. Et surtout il est bien rare que bande dessinée et philosophie aillent de pair : saluons cette BD qui permet de faire connaître la vie de Friedrich Nietzsche et sa perception des choses à un cercle élargi de lecteurs. A LIRE DONC !

Bruxelles [Paris]  : Le Lombard , 2011 .- 126 p. : ill. en coul., couv. ill. en coul.  ; 32 cm. –  ISBN 978-2-8036-2650-2 : 19 €.