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Dix heures et demi du soir en été de Marguerite Duras

14.08
2020

IMG_20200721_205732Rodrigo Maestra a tué sa jeune épouse âgée de dix-neuf ans et son amant, Toni Perez. Dans le café, Maria boit une manzanilla quand elle apprend cette nouvelle qui s’est répandue dans toute la ville, comme les policiers. Elle rejoint avec sa fille Judith, âgée de quatre ans, son mari et une amie à l’hôtel, et les découvre les mains se tenant l’une l’autre, le long de leurs corps rapprochés. Le soir, elle boit encore, les sachant guetter l’occasion de se rejoindre pour faire l’amour. D’une fenêtre elle aperçoit en même temps que le couple enlacé, annonçant la fin de son amour, Rodrigo Maestra caché sur le toit. Prenant sa voiture, elle l’appelle et, entre deux rondes de policiers, le fait sortir de la ville…

La fin d’une histoire d’amour, d’un couple, le début d’une autre, une relation triangulaire dans la transition de couple, la chaleur écrasante, le soleil, l’alcoolisme, le voyage cette fois en Espagne : Duras, Duras, Duras encore… avec une pointe d’amour passionnel et de meurtre.

 

 

Dix heures et demi du soir en été
Marguerite Duras
1ère édition : Gallimard, 1960
150 p.

Le marin de Gibraltar de Marguerite Duras

10.08
2020

1947. Jacqueline et lui visitent cet été-là Milan, Gênes, Pisé. Alors qu’il veut à tout prix partir à Florence ce jour-là, il se retrouve à côté d’un ouvrier au volant d’une camionnette, qui lui fait ouvrir les yeux sur son métier de bureaucrate et sur sa compagne, lesquels l’ennuient profondément. À Florence il décide de tout quitter et l’annonce à Jacqueline à Rocca, une bourgade en bord de mer, au moment où il aperçoit la riche propriétaire d’un yacht dont tout le monde parle. Il boit plus que de coutume, va au bal avec elle. Il part sur son yacht et, alors qu’elle recherche depuis des années son amant, un bad boy assassin, ils s’aperçoivent qu’ils s’aiment…

On retrouve les thématiques chères à Marguerite Duras : l’amour, l’amour malgré la différence de classe sociale, le voyage, et notamment en Italie, l’ivresse, le désoeuvrement. Si la première partie évoquant la rupture paraît bien longue et s’éterniser dans la torpeur léthargique de l’été, celle de la rencontre avec Anna puis la quête sans plus de vrai but dans la dernière partie semblent finalement filer aussi vite que le cognac et le whisky, qu’ils boivent durant tout le roman. Un roman durassien, tout à fait puissant dans ses non-dits, ses relations amoureuses sans carcan de bienséance, ses invitations au voyage sans but.

Le marin de Gibraltar
De Marguerite Duras
1ère édition Gallimard, 1950

Plus de photos dans mes carnets_de_lectures sur Instagram.com

 

L’amour de Marguerite Duras

12.07
2020

IMG_20200711_213216La plage, la mer, un homme aux yeux clairs, un autre homme qui marche et une femme assise aux yeux fermés. Au loin une prison, une ville, S. Thala, des incendies se déclarent. Le triangle se rejoint, se sépare chaque jour : partagent-ils un passé ?

Un lieu, trois personnages décrits sommairement, peu de dialogues, pas d’actions ou si peu. Le récit est cinématographique : il rend visible des plans, audibles les échanges, mais ne permet aucune focalisation sur l’état psychologique des personnages. On pourrait presque croire à une suite du Ravissement de Lol V. Stein, un autre cercle fermé de trois personnes et une autre histoire énigmatique. Un roman très représentatif de la « nouvelle vague », certes intéressant mais pas captivant du coup, voire décevant compte tenu du titre.

 

 

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Les petits chevaux de Tarquinia de Marguerite Duras

21.05
2020

IMG_20200521_204206Sara passe ses vacances dans un village italien au bord de la mer, avec son mari, son fils, sa bonne, son amie et un couple d’amis. La chaleur est écrasante, leur rituel composé de baignades, de bitter campari, de poissons grillés en terrasse de l’hôtel et de jeux de boules. Même la mort d’un jeune démineur dans la montagne perturbe à peine ces vacances. Seul le désir de l’homme au bateau parvient à la troubler…

« L’homme », « l’enfant » : Marguerite Duras préfère aux prénoms fantoches leur désignation. Comme dans Moderato Cantabile, la mère se distingue par son amour pour son fils, constant et inaltérable, contrairement au lien amoureux avec son mari qui se délite. Ne connaitre qu’un amour absolu est-il possible ? La tentation d’une aventure l’effleure, se savoir désirée et donc exister aux yeux d’un autre la rassure. Son mari, qui l’a apparemment souvent trompée, lui, éprouve pour la première fois la douleur d’être le témoin de cette tentation. Leur couple d’amis italien se déchire continuellement, mais à l’opposé n’envisage pas d’autre partenaire. La torpeur de ces vacances qui les plonge dans l’inertie gagne aussi la lectrice que je suis, qui s’imagine parfaitement se rafraîchir dans la mer ou avec des apéros entre amis pour se reposer du train social et professionnel. J’ai adoré ce roman, dans la filiation duquel naîtra le formidable Moderato cantabile. A lire sur la plage cet été !

Gallimard, 1953
220 p.
EAN13 978207036187X

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Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras (1950)

10.06
2010

Duras

La mère de Suzanne et Joseph a offert toutes ses économies pour avoir le droit d’exploiter son lopin de terre dans cette Indochine colonisée des années 20. Mais la crue du « Pacifique », chaque année, réduit chaque année ses espoirs à néant. Elle a bien cru pouvoir la défier en édifiant un barrage… qui s’écroulera, dévoré par les crabes. Tous trois depuis vivotent misérablement dans un bungalow sur cette terre marécageuse, et voient en le riche Mr. Jo, amoureux de Suzanne, une aubaine, voire un gogo à plumer…

Un troisième roman de Marguerite Duras, de facture classique, un roman de la souffrance, de la misère de ces petits blancs exploités par les riches colons blancs, où fusent ses sarcasmes, sa critique acerbe des pratiques coloniales, où néanmoins miroite déjà un érotisme latent et interdit. Une histoire avec Mr Jo qui préfigure celle de l’Amant. Loin de le considérer parmi ses meilleurs romans, je le qualifierai plutôt de galop d’essai virulent.

Petite anthologie de la littérature érotique * de Gilles Guilleron (2009)

15.06
2009

Ne dites pas : « J’ai douze godmichés dans mon tiroir. »
Dites : « Je ne m’ennuie jamais toute seule. »
Ne dites pas : « Les romans honnêtes m’emmerdent. »
Dites : « Je voudrais quelque chose d’intéressant à lire ».

Pierre Louÿs, Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation (1926)

Eh bien, voilà une petite anthologie de la littérature érotique effectivement  intéressante à lire. Suivant le schéma rôdé d’une phrase introductive, d’un extrait choisi et d’une courte biographie et bibliographie, Gilles Guilleron nous livre ici un aperçu de ces échappées coquines et lutines des plus grands écrivains français (Ronsard, La Fontaine, Diderot, Baudelaire, Mallarmé, Duras,…), et de quelques-uns moins connus, de l’enlacement pudique de Chrétien de Troyes jusqu’au rêve de Zelda décrit par Gilles Leroy ou encore la mise en scène d’une exposition sexuelle d’huîtres humaines par Frédéric Ciriez. L’érotisme y est ainsi mis en mots d’une bien belle manière avec ces grandes plumes. Certes, peut-être n’aurais-je pas porté mon choix sur les mêmes extraits – certains sonnets de Louise Labé me paraissent par exemple beaucoup plus évocateurs – mais cette anthologie classique, encore trop sage à mon goût, a le mérite de dresser l’arborescence chronologique de textes littéraires au parfum de fruits défendus, dont il ne reste plus ensuite au lecteur novice qu’à cueillir ceux de son choix pour prolonger le plaisir du texte par une lecture intégrale, comme autant de pistes à explorer.

GUILLERON, Gilles. – Petite anthologie de la littérature érotique. – Paris : First Editions, 2009. – 158 p. ; 12*9 cm. – ISBN 978-2-7540-1075-7 : 2,90 €.

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Marguerite Duras (1914-1986)

10.12
2005

Fascinante Marguerite Duras

EN BREF


1914-1933 : une jeunesse indochinoise

1933-1944 – Paris :

- le début des engagements : la Résistance auprès de François Morland, alias François Mitterrand, la déportation de Robert Antelme, son époux, juif,
- les débuts littéraires : Marguerite Donnadieu devient Marguerite Duras.

1945-1964 : les cercles intellectuels (Raymond Queneau) rue Saint-Benoît à Saint-Germain-des-Prés. Elle prend position pendant la Guerre d’Algérie. Son esprit critique l’exclut du Parti Communiste.

Un barrage contre le Pacifique *, 1950 (3e roman)

Moderato Cantabile ****, 1958 (7e roman)

 

1965-1980 : Marguerite Duras, écrivain, cinéaste (19 films) et dramaturge

Le ravissement de Lol V. Stein ** (Gallimard, 1964)

L’Amour (Gallimard, 1971) – à lire

Mai 68 : elle épouse la cause des étudiants et des idées libertaires. Elle soutient aussi les féministes.

 

1980-1986 : La consécration

Goncourt avec L’Amant ** (Minuit, 1984)

 

POUR EN SAVOIR PLUS…

1. Les usuels généraux
Le Robert IILe Petit Larousse illustré
** BONNEFOY, Claude / CARTANO, Tony / OSTER, Daniel.- Encyclopédie Axis, vol. 3, p. 392-393.
Encyclopédie Universalis

Les usuels spécialisés
Le nouveau dictionnaire des œuvres,
* LAFFONT, BOMPIANI.- Le nouveau dictionnaire des auteurs de tous les temps et de tous les pays : 1. A-F.- Robert Laffont, 2002.- (Bouquins). – p. 963-965.

2. Les essais, biographies et articles de périodiques :

Les études d’œuvres
* DENES, Dominique. – Etude sur Marguerite Duras : L’Amant. – Ellipses, 1997. – 93 p.
** WEISS, Frédéric. – Moderato Cantabile : Marguerite Duras. – Bordas (Univers des Belles Lettres).

Les biographies
*** ADLER, Laure. - Marguerite Duras.- Gallimard, 1997. – 628 p.
* VIRCONDELET, Alain.- Marguerite Duras : vérité et légendes. – éd. du Chêne, 1997. -  186 p. : récit narratif chronologique, émaillée de photographies.

Les essais
BOURDIL, Pierre-Yves.- Les miroirs du moi : les héros et les fous : une analyse d’un niveau universitaire de La Douleur.

Les paratextes de l’oeuvre
* DURAS, Margerite. - Moderato Cantabile. – Minuit.

Les articles de périodiques
** BLANCKEMAN, Bruno. – Marguerite Duras : soi-même comme fiction. -Nouvelle Revue Pédagogique, janvier 2003, n°3, dossier, p. 10-49.
Duras retrouvée. – Magazine littéraire, avril 1997, n° 353, p. 84-85.
Duras. – Magazine littéraire, mars 1980, n° 158.
Duras. – Magazine littéraire, juin 1990, n° 278.

3. Les sites Internet

http://duras.ifrance.com/duras/**

http://www.diplomatie.gouv.fr/label_france/FRANCE/LETTRES/DURAS/duras.html *
http://www.comedie-francaise.fr/biographies/duras.htm *
http://www.alalettre.com/duras-intro.htm
http://www.dialogus2.org/DUR/interview1.html