Sur ses 76 années d’existence, Auguste Blanqui (1805-1881) en vécut plus de 43 emprisonné, privé de sa liberté de mouvement, mais pas de sa liberté de penser. Pour dépeindre la biographie de cet homme engagé, Maximilien Le Roy a choisi de faire revivre le parcours de ce grand révolutionnaire républicain socialiste non marxiste par l’intermédiaire du journaliste Aurélien Marcadet qui vient lui rendre visite chaque vendredi dans sa cellule. Enfermé, Blanqui le fut, lui qui ne mâchait pas ses mots en s’adressant à la foule ou à ses lecteurs, par l’intermédiaire de journaux, lui qui prônait la révolution des prolétaires par la violence pour renverser le pouvoir, sous le règne de Charles X, de Louis-Philippe puis de Napoléon III. Il fait d’ailleurs tellement peur au gouvernement que durant la Commune, Thiers, ayant peur de relâcher ce révolutionnaire qui pourrait prendre la tête des Communards, refuse de l’échanger contre 74 otages, dont un archevêque. A la fin de sa vie, enfin libéré, Blanqui fonde le journal au titre désormais célèbre Ni Dieu ni maître.
Pari gagné que cette biographie de Blanqui qui fut pourtant plus de la moitié de sa vie contraint à l’inactivité, en utilisant la mise en abime du protagoniste se prêtant à l’exercice de ses mémoires. Loïc Locatelli Kournwsky aide à la compréhension de ses va-et-vients en alternant pour ses traits simples et directs les tons chauds des flash-back avec les tons froids du présent. Un rappel révoltant d’un grand homme au fort sentiment de Justice et d’Egalité injustement mis au ban de la Société et de sa propre vie.
LOCATELLI KOURNWSKY, Loïc, LE ROY, Maximilien. - Ni Dieu ni maître : Auguste Blanqui, l’enfermé. – Casterman, 2014. – 208 p. : ill. en coul. ; 28 cm. – EAN13 9782203051577 : 23 €.