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Aux heures impaires ** d’Eric Libergé (2008)

17.04
2009

Un homme sourd mange tranquillement son sandwich dans le musée du Louvre, en attendant quelqu’un pour un stage, lorsqu’un gardien le réprimande. Alors que ce dernier s’offense de sa conduite auprès de ses collègues, il est interpellé par un gardien de nuit, sourd lui aussi, et même un peu fou semble-t-il, qui lui propose un rendez-vous le soir-même pour le seconder. A l’heure dite, il découvre le musée du Louvre sous un tout autre jour, ou plutôt sous une toute autre présence, qui s’éveille au son d’instruments de musique…

Eric Libergé, je l’ai rencontré pour la première fois, je m’en souviens très bien, en automne 2000, au Festival de la BD de Blois. C’était alors un parfait inconnu. Personne ou presque n’attendait à son stand, et son petit éditeur (les éditions Pointe Noire) le portait à bout de bras pour faire connaître son talent. J’étais alors repartie avec trois BD de lui, les seules d’ailleurs achetées ce jour-là, les deux premiers tomes de Mardi-Gras Descendres ***, avec sa belle palette de gris, noir et blanc, et son éventail de squelettes tous plus différents les uns que les autres, croqués avec beaucoup d’humour noir, et une autre, Le Dernier Marduk, format comic, en couleurs, plus violentes. Intriguée à l’achat, ravie des magnifiques planches qu’il m’avait dédicacées, je fut totalement conquise à leur lecture, et commençais à suivre « l’ascension » de l’auteur, les deux tomes suivants de Mardi-Gras Descendres, son départ vers les éditions Dupuis peu après avoir reçu le Prix Goscinny, et le voilà avec un tout autre coup de crayon, toujours aussi doué, et sur deux tout autres thèmes, a priori totalement étrangers l’un à l’autre, mais réunis dans une même histoire qui reste dans la veine fantastique : l’insertion des handicapés dans la société, et l’animation aux heures impaires de la nuit des oeuvres d’art du Louvre. Certes, le sujet aurait mérité d’être développé, quelques oeuvres plus approchées, mais le résultat reste infiniment séduisant.

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Les sous-sols du Révolu ** de Marc-Antoine Mathieu (2006)

03.01
2007

Les Sous-sols du Révolu : Extraits du journal d’un expert / Marc-Antoine Mathieu

Marc-Antoine Mathieu : ce seul nom m’a décidée hier à emporter cette nouvelle BD avec moi. Ce nom ne vous dit rien ? C’est pourtant celui dont toute l’oeuvre figure dans mon palmarès 2006, grâce aux aventures aussi absurdes que fantastiques et intelligentes de son anti-héros Julius Corentin Acquefacques (lire l’anagramme de Kafka). Cette fois,l’anagramme ne porte pas seulement sur le nom du protagoniste mais sur le musée lui-même et les oeuvres qu’aperçoit Eudes le Volumeur. Ce dernier, expert de son état, est chargé de recenser les acquis anciens du Musée dans ses innombrables et sinueux sous-sols. Il y découvre les préoccupations les plus saugrenues, les métiers les plus oubliés et les secrets les mieux gardés, comme celui du sourire de la Joconde, qui nous apprend beaucoup sur le regard dans l’art : qui regarde ? Qu’y voit-on ? La mise en abime du tableau Voleur de musée y est d’ailleurs bluffante. Une vie ne suffit pas à tout inventorier et Eudes le Volumeur, comme ses prédécesseurs, poursuivra alors le rite de passage.

Cette petite BD, qui n’a pas malgré tout l’épaisseur des scénari précédents, s’inspire tout à la fois des labyrinthes borgésiens, des parcours kafkaïens et surtout de l’univers des Cités obscures de Schuiten et Peeters. Elle amène tout en finesse et subtilité le lecteur à s’interroger sur les coulisses historiques d’un musée, voire sur l’art.

MATHIEU, Marc-Antoine. - Les Sous-sols du Révolu : Extraits du journal d’un expert. -  Futuropolis - Musée du Louvre éditions, octobre 2006. - 60 p. : ill. n.b.. – ISBN : 2-75480-050-6 : 16 €.