Laissé en 1514 par Christophe Colomb sur l’île d’Hispaniola avec trente-huit autres naufragés de la Santa Maria, Domingo Pérez relate, dans une lettre destinée à son frère, ses relations avec les Indiens et surtout avec une Indienne, Nagala, qu’il rencontre lors d’une expédition lancée avec quelques confrères, assoiffés d’or.
Cette lettre, qui se transforme en journal fictif des découvertes et aventures du protagoniste, reflète bien la cupidité des conquistadores de l’époque, convaincus par ailleurs de l’infériorité morale des païens qu’ils découvraient sur ces terres lointaines.
« Pendant les nombreuses semaines qui se sont écoulées depuis lors, j’ai observé chez ces Indiens maintes choses qui provoquent l’étonnement. Par-dessus tout, leur peu de désir de richesses. Au rebours de notre patrie où l’homme doit travailler jusqu’à épuisement pour survivre, le travail dans ces contrées, même s’il est dur, ne sert qu’à produire la nourriture nécessaire pour la cité ; quand il y en a trop, de grandes fêtes sont préparées, auxquelles on invite aussi les habitants des villages voisins, pour épuiser le surcroît de provisions. » (p. 123-124)
Un petit roman d’aventures, plein de suspens, dénonçant les exactions des Espagnols envers les Indiens, dès leur première rencontre.
FAJARDO, José Manuel. – Lettre du bout du monde / trad. de l’espagnol par Claude Bleton. – Métailié, 2012. – 153 p. ; 19 cm. – (Suite hispanique). – EAN13 9782864248750 : 9 €.