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Nous commençons notre descente de James Meek

29.08
2008

cop. Métailié

Titre de l’édition originale : We are now beginning our descent (2007)
Traduit de l’anglais (Ecosse) par David Fauquemberg (2008)

RENTRÉE LITTÉRAIRE 2008
LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE
« (…) le voyageur (…) devient un autre homme, qui appartient un peu aux lieux dans lesquels il se rend. C’est justement cet aspect-là, cette appartenance, que je ne parviens jamais à rendre quand je m’adresse aux gens qui sont restés à la maison. Peut-être parce que je n’arrive pas à l’exprimer clairement. Ou peut-être parce qu’ils ne veulent pas savoir. »
« (…) Un seul d’entre nous est incapable de faire comprendre tout un pays à un autre pays. » (p. 82) 

Fuyant ses échecs dans sa vie amoureuse comme dans le monde littéraire, Adam Kellas accepte de devenir grand reporter britannique en Afghanistan. Il y croise la mort mais aussi l’amour en la personne d’Astrid, journaliste américaine très indépendante. Alors, quand il reçoit un  jour un mail d’elle à Londres, il saute dans le premier avion à destination de New-York signer un contrat avec une grande maison d’édition pour son futur best-seller et retrouver en pleine tempête de neige, sur une île, Astrid…

L’incommunicabilité entre les humains semble être le thème principal de ce roman, à la croisée entre le journalisme documentaire et l’histoire d’amour. D’abord entre les journalistes étrangers et les guides et interprètes afghans qui les côtoient : en constituent des exemples la discussion entre Kellas et Mohammed sur ce qu’est être libre, leur expérience de la mort. Ensuite entre ces mêmes journalistes et tous ceux qui ne connaissent de la situation que ce qu’ils en lisent dans la presse : la scène du dîner  londonien qui tourne à la catastrophe en est l’acmé. Enfin entre un homme et une femme, entre Kellas et Sophie puis Astrid, l’image qu’il s’est créé d’elles ne correspondant pas à une réalité plus ordinaire ou imparfaite.

« Si seulement il avait eu ce genre de téléphone capable de prendre des photos, un an plus tôt en Afghanistan, il aurait eu un portrait d’Astrid. Peut-être était-il préférable pour lui de ne pas en avoir. Astrid n’aurait pas vieilli. Elle avait trente-quatre ans alors. Mais la nature d’un être humain n’apparaissait que dans le mouvement, le changement, ce qui faisait de l’immobilité propre aux photographies une sorte de mensonge. » (p. 35)
Un bon roman parmi cette rentrée littéraire, qui jette un regard ironique et désillusionné sur les relations humaines et internationales.
Du même auteur : Un acte d’amour (2007).
MEEK, James. – Nous commençons notre descente / trad. De l’ang. (Ecosse) par David Fauquemberg. – Métailié, 2008. – 334 p.. – (Bibliothèque écossaise). – ISBN 978-2-86424-657-2 : 21 €.

Un acte d’amour de James Meek (2007)

16.04
2007

Titre original : People’s act of love (2005)

Au bout du monde, dans le froid de la Sibérie, en 1919, Jazyk, petite bourgade, vit sous l’occupation de militaires tchèques et les ordres de Matula, leur capitaine.  Mutz, son lieutenant, qui seul semble garder la tête froide et un fond d’humanité, entretient une liaison avec Anna Petrovna, une jeune veuve qui vit seule avec son fils, à l’écart du reste de la population qui constitue toute entière une secte religieuse, conduite par Balashov. Une nuit, le shaman de la région, que le capitaine tenait prisonnier à l’extérieur, est retrouvé mort. Arrive cette même nuit un intellectuel, Samarin, évadé d’un bagne près du cercle arctique et poursuivi par un dangereux criminel doublé d’un cannibale…

Historique, ce roman nous plonge dans les limbes méconnues d’une partie de la carte géopolitique de la révolution russe. Et pourtant, à l’instar des grands romans russes (bien que l’auteur fût Écossais), ce n’est pas tant l’Histoire qui interpelle le lecteur que ce qui mène toujours les hommes et les femmes : l’Amour. Les uns sont prêts à s’automutiler par Amour de Dieu, d’autres à franchir le tabou du cannibalisme pour sauver leur amour de jeunesse, d’autres enfin à sacrifier des vies humaines et leur propre vie pour leur patrie et rendre meilleure la vie des générations suivantes. Jusqu’à ce que réapparaisse soudain, sous son fanatisme religieux ou politique, l’individu dans un dernier sursaut d’humanité et d’amour véritable…

 

Beaucoup aimé

Il ne s’agit pas d’abandonner, dans sa première phase d’exposition, ce roman sombre et déconcertant, avant de voir peu à peu les pièces de l’échiquier se découvrir et se mettre en place, pour mettre en lumière un jeu consommé par des personnages complexes et torturés.

MEEK, James. – Un acte d’amour / trad. de l’anglais (Ecosse) par David Fauquemberg. – Métailié, 2007. – 436 p.. – (Bibliothèque écossaise). – ISBN : 978-2-86424-607-7 : 22 €.

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